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La prospérité économique est la seule garantie contre la guerre mondiale…
Joe Biden le sait et le dit. Xi Jinping l’accepte. Vladimir Poutine n’y croit pas. Ce sont les chefs d’entreprise qui ont la clef de la paix, parce que la prospérité économique qu’ils promettent et engendrent est la seule garantie contre la guerre mondiale.
La grande majorité des hommes d’affaires dans le monde prennent les menaces de Vladimir Poutine au sérieux quand il menace l’occident d’utiliser la force nucléaire. Les hommes politiques sont beaucoup plus dubitatifs, les analystes et les observateurs de la géopolitique n’y croient pas et se font peur. Les marchés ne croient pas à la guerre. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles ils ne s’effondrent pas.
Si c’est la guerre mondiale, pourquoi spéculer puisque tout le monde sera mort et la planète sera anéantie pour des siècles?
S’il n’y a pas de guerre mondiale, les tendances lourdes de l’évolution du monde l’emportent et drivent les marchés. Les crises comme la guerre en Ukraine ou le Covid ne font que précipiter la nécessité de se réformer.
Il n’y a pas de hasard et finalement, si les marchés détestent les crises, ils apprécient les opportunités que les crises offrent.
Donc actuellement, le monde des affaires ne croit pas aux risques de guerre nucléaire qui, par définition, serait mondiale. Alors les prix de l’énergie et des matières premières ont monté, pas à cause de la guerre, mais à cause de leur raréfaction structurelle et durable. L’inflation va se généraliser et se propager sans doute, mais pas à cause des risques de guerre … c’est le moyen avec lequel le système économique fait payer la protection de la planète ou le rééquilibrage géographique des centres de production. L’énergie renouvelable comme le made at home coûtent plus cher qu’on ne l’imaginait.
L’autre raison pour laquelle les milieux d’affaires ne croient pas la guerre nucléaire, c’est que la grande majorité des pays de la planète ont besoin de prospérité. Que ces pays soient autoritaires ou démocrates, ils ont besoin d’offrir à leurs peuples de la prospérité. Qu'on le veuille ou non, les populations sont toutes demandeuses de mieux-être, et si ce mieux-être passe principalement par l’utilisation de produits et services matériels, il nécessite de réaliser des performances économiques.
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Dans aucune démocratie, il n’y a débat sur la nécessité de produire des richesses, de plus en plus.
Il y a certes des courants qui plaident pour la non croissance ou la décroissance, mais ils restent peu nombreux et très contradictoires. Ils sont pour la décroissance à condition que leur iPhone fonctionne et qu’ils ne tombent pas malades, sinon la réalité impose sa loi. Et s’il y a débat, il porte sur la redistribution des richesses. A qui? pourquoi ? Et ce débat se développe généralement jusqu’au point où il risque d’attenter à la production. Si la violence du débat social en arrive à mettre en cause le système de production, le régime politique trouve une solution de compromis. C’est plus ou moins facile mais le mur de réalités s’impose toujours.
Dans les pays plus autoritaires, y compris les pays dictatoriaux, on a aussi besoin de prospérité économique. Les dictateurs peuvent offrir n’importe quelle idéologie, n’importe quelle utopie, ces dictateurs doivent aussi offrir la prospérité au plus grand nombre.
Il n’existe pas dans l’histoire de dictateur qui ait survécu à une inflation durable, une famine ou un appauvrissement de ses campagnes ou même à une destruction massive d’opposants.
A plus ou moins long terme, les dictateurs sont contraints d’offrir un mieux-être en termes de santé, d’éducation, et de niveau de vie.
L’Inde et surtout la Chine,qui ne sont pas des exemples de libertés politiques, ont besoin de prospérité économique. Ils ont besoin de produire de quoi manger pour plus de 3 milliards d’êtres humains. C’est d’autant plus vrai qu’avec l’internet, tout le monde peut à chaque instant se comparer à d’autres. Ils ont besoin de prospérité absolue ou relative.
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C’est la raison évidente pour laquelle Xi Jinping, chef tout puissant de la Chine, a refusé d’approuver la guerre en Ukraine. Son combat, c’est de développer son commerce mondial qui apporte la prospérité à son peuple et jamais, il n’approuvera Poutine dans son aventure militaire. Même attitude prudente pour l’Inde. Idem pour la Turquie.
Vladimir Poutine, lui, est dans une position différente. Il n’a pas voulu ou pas su apporter de la prospérité à son peuple. Il lui avait promis. Mais seuls son entourage et les élites qui habitent Moscou ou Saint-Pétersbourg ont profité de cette prospérité. La grande majorité des russes sont installés dans la misère. Vladimir Poutine a utilisé les richesses naturelles du pays (le gaz, le pétrole et les matières premières) pour financer le budget militaire et les importations de produits de consommation ou d’équipement fabriqués à l’étranger. Sinon il n’a pas investi, ni dans les infrastructures ou les équipements sociaux ou hospitaliers ni dans le logement, ou l’éducation. La Russie est un immense pays, riche mais avec une population pauvre qui ne connaît de la prospérité économique et du progrès social que les exemples étrangers qu’il peut voir à la télévision ou sur les réseaux sociaux.
Faute d’avoir su offrir une prospérité économique et sociale à son peuple, il lui a vendu un rêve de grandeur, de puissance et de gloire .. sans s’apercevoir que le monde avait changé et que quoi qu’il arrive, il avait besoin d’un développementéconomique. La Russie n’a jamais eu autant besoin des entreprises occidentales pour continuer d’exister qu’aujourd’hui que tous les ponts sont coupés.
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Vladimir Poutine s’est coupé des entreprises européenneset américaines. S’il espère, en envoyant des militaires en Ukraine, renforcer sa légitimité en interne et retrouver des liens commerciaux, il se trompe et va se couper de son peuple et de son entourage et de tous ses partenaires à l’étranger. Jusqu’alors, son entourage le protégeait parce que cet entourage y trouvait ses intérêts. Cette période est terminée. La guerre est insupportable, humainement, moralement, mais surtout socialement et économiquement. Elle accroît les inégalités et casse les mécanismes de progrès.
Si Vladimir Poutine continue de proférer ses menaces nucléaires, beaucoup en Russie essaieront de l’empêcher de passer à l’acte.
Aucun autre dictateur au monde n’oserait se mettre en tel risque. Ils ont tous besoin d’une planète qui continue de tourner autour du soleil, ils ont besoin d’un peuple qui produit et qui consomme, ils ont besoin de partenaires commerciaux donc des entreprises mondiales.
Le monde des affaires, par définition pragmatique, ne croît pas à la guerre nucléaire. Le monde des affaires, par définition très pratique et très opérationnel, croit que finalement une crise finit toujours par rendre intelligents les protagonistes.
Certains hommes d’affaires pensent simplement qu’il y a des cas de crise où la raison est quand même très longue et compliquée à s’imposer.
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