La première attaque autonome de robot d’assaut russe de l’histoire a eu lieu en Ukraine : en avez-vous entendu parler ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La première attaque autonome de robots d'assaut de l'histoire militaire mondiale.
La première attaque autonome de robots d'assaut de l'histoire militaire mondiale.
©Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Une première !

Concernant la guerre en Ukraine comme à Gaza, le pire ennemi des armées occidentales est sûrement l’aveuglement.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Sur abonnement, la revue de défense "VPK" (Courrier militaro-industriel) est accessible à qui parle russe. Dès 2013, le général Valery Gherassimov (Actuel chef de l'état-major des armées de Russie) y écrivait ceci, sur l'usage de plateformes automatisées d'équipements militaires et de recherche ["Robots", équivalent terrestre des drones] : "Dans un avenir proche, il se peut qu'une unité entièrement robotisée puisse mener des opérations militaires indépendantes". Or le 21 mars 2024, des robots de combat russes "Kourier", équipés de lance-grenades AGS-17/30 "Plamya", anéantissent des nids de mitrailleuses ukrainiens sur la ligne de front, à l'ouest d'Ardievka, prélude à la conquête du village de Berdichi.

La première attaque autonome de robots d'assaut de l'histoire militaire mondiale.

Or cette nouvelle majeure est tue, voire niée, par ceux dont la mission est de nous gouverner ou de nous informer. Le savaient-ils ? Ont-ils, ces hauts personnages, choisi de se taire ou joué à "Je ne veux pas le savoir" ? Ni l'un ni l'autre sans doute ; plus sûrement, ont-ils été victimes d'un mal - l'aveuglement - qui gagne, à mesure où s'impose, écrasant tout au passage, la "so­ciété de l'information" chère aux Gafam.

L'avenir nous dira la gravité de cet aveuglement, s'agissant du destin de la guerre Russie-Ukraine. Mais d'ores et déjà, nous savons ce qu'a a engendré de drama­tique un autre aveugle­ment, portant sur les prémices de l'attaque des bandes armées du Hamas, le 7 octobre passé à Gaza. La tragique chronologie ci-après vient des meilleures sources, surtout israéliennes et toutes vérifiées. Nous l'avons divisée en deux : de 2020 à l'été 2023 ; puis, les semaines précé­dant l'attaque.

Ainsi, tout ou presque était clair ; était su ; mais la réaction salutaire n'est pas venue ; en tout cas, pas à temps pour arrêter le massacre. Et pourtant ! Voici plus de trente ans, à Washington, le général israélien Shlomo Gazit enseignait que, depuis l'antiquité, tous les désastres mi­li­taires s'expliquaient par ces seuls deux mots : "Trop tard".

 Deux mots dont l'antidote est "en temps utile". Ce qui l'interdit n'est ni l'absence d'une ar­mée solide, d'al­liés fiables ou d'un renseignement pointu. Ce qui bloque l'en-temps-utile est l'aveu­glement. Lire ce qui suit suffit pour s'en convaincre.

Avant l'attaque du 7 octobre 2023

- Le 29 décembre 2020, Ismael Haniyeh, dirigeant majeur du Hamas, annonce sur des sites amis le premier entrainement commun de la coalition "Pilier puissant" créée en 2018 par une dizaine de groupes armés : Hamas, Djihad islamique de Palestine, Bri­gade des Moudjahidine, Brigade Nasser Salah al-Din, Brigades Ezzedine al-Qassam, etc. Clamé, filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, cet entrainement est illus­tré de vidéos, dès le 29/12/2020 ; ensuite, les 26/12/2021 et 28/12/2022.

- À Gaza même, en vue d'un assaut, cette coalition armée s'entraine depuis fin 2020 ; ce, du­rant quarante mois, parfois à 800m du grillage israélien ; trois semaines avant l'assaut, l'ultime exercice de la mi-septembre 2023, a pour thème : "Capture d'otages... assaut de bâtiments et de barrières de sécurité...". Près de l'immeuble de l'ONU (UNWRA) à Gaza, se prati­quent en outre des descentes en para­pente sur des bâtiments "type kibboutz".

- Successeur de Qassim Soleimani à la tête de la force spéciale al-Qods des Gardiens de la révo­lution, le général iranien Ismaïl Ghaani accompagne dès l'origine cette opération "Al-Aqsa Flood", dont l'état-major se cache à Bey­routh.

- En mars 2023, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, organise une conférence-visio avec les stratèges des milices régionales pro-Iran ; celles qu'on connaît et d'autres, plus petites ou dis­crètes ; Nasrallah y prédit "bientôt, une guerre contre Israël, avec inva­sion terrestre" et le dé­but d'une "nouvelle ère".

- En septembre 2023, Le guide iranien Ali Khamenei autorise une attaque violente contre Israël, en riposte aux attaques du Mossad en Iran (les services israéliens l'apprennent).

- Un an avant l'assaut, les services spéciaux d'Israël avertissent des dirigeants du pays du plan d'attaque, tel qu'exécuté début octobre 2023 ; mais selon des sources israé­liennes, ces diri­geants négligent ce rapport "Jericho Wall" d'une quarantaine de pages.

- En juillet 2023, du renseignement électronique confirme les données de "Je­richo Wall". Selon ces sources israéliennes, des dirigeants civils et militaires qualifient alors ce rapport d'"inven­tion" et jugent que les dirigeants du Hamas "n'oseront jamais".

Lors de l'attaque du 7 octobre et ensuite

- Capturés après le 7 octobre, des moudjahidine du Hamas avouent aux Israéliens qu'une armée de 4 500 hommes avait été mobilisée, 3 000 pour l'assaut et une réserve de 1 500 ; tous en­traî­nés sur place ; mais aussi, en Syrie et au Liban. Quatre jours avant l'opération, tous ces mo­bili­sés sont rassemblés, coupés du monde, leurs portables confisqués ; 5 heures avant l'at­taque, les commandants du Hamas leur révèlent le plan et leurs missions.

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