La perspective des Jeux olympiques déclenche une surenchère de revendications syndicales et pas seulement...<!-- --> | Atlantico.fr
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"Si le gouvernement cède aux contrôleurs de la SNCF, parce qu’il a peur du désordre, il ouvre une brèche à toutes les autres formes de revendications qui vont alors menacer les conditions de l’ouverture des Jeux", estime Jean-Marc Sylvestre.
"Si le gouvernement cède aux contrôleurs de la SNCF, parce qu’il a peur du désordre, il ouvre une brèche à toutes les autres formes de revendications qui vont alors menacer les conditions de l’ouverture des Jeux", estime Jean-Marc Sylvestre.
©Ludovic MARIN / AFP

Atlantico Business

Les revendications syndicales se multiplient à l’approche des JO, dans un climat de mauvaises nouvelles et de risques sur l’organisation même de la manifestation. Ce qui perturbe le business franco-français et accroît les incertitudes de la conjoncture en ce début de l’année 2024.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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« Le droit de grève est un droit, mais travailler est un devoir », Gabriel Attal a beau rappeler une évidence, les milieux d’affaires sont inquiets du climat délétère qui s’installe à l’approche des Jeux Olympiques. Ce climat déjà dominé par une conjoncture internationale qui se détériore par rapport à l’année dernière est fortement perturbé par la multiplication des revendications syndicales et la surenchère qui se joue à l’approche des Jeux, surenchère conjuguée à l’avalanche de nouvelles sur les risques qui préoccuperaient le gouvernement concernant l'organisation de la cérémonie d’ouverture et la sécurité à Paris pendant toute cette période.

L’avalanche quotidienne des risques possibles qui peuvent perturber les Jeux Olympiques est assez logique. D’abord, les attentes sont considérables, le public annoncé, très nombreux ,va venir du monde entier, l’enjeu est énorme, tout cela  impose des conditions de sécurité renforcées. Ensuite, les préparatifs sont très lourds et compte tenu de la cohabitation difficile entre la mairie de Paris et notamment Mme Hidalgo, le comité d’organisation, la région d’Île-de-France et le gouvernement, la visibilité sur l'état de ces préparatifs n’est pas excellente.

Enfin, il faut dire aussi que dans l'attente de l’ouverture des Jeux, les médias et la classe politique n’ont rien à dire sur les Jeux sinon qu'à spéculer sur l’organisation ou son financement. Donc, tous les jours, on a droit à un couplet sur les risques de fonctionnement des transports, sur l'état du marché de la drogue, sur la situation des services d’urgence. Pendant presque 6 mois, les différents chantiers des Jeux Olympiques seront passés au peigne fin. Alors, les risques existent évidemment mais normalement, tout sera prêt, parce que les enjeux sont si considérables que personne n’a intérêt à fauter. Les risques existent mais à la veille de l’ouverture des Jeux, la magie opérera, c’est évidemment le pari que l'on peut faire.

La multiplication des revendications syndicales est beaucoup plus inquiétante. Entre les agriculteurs qui continuent à formuler des demandes diverses et variables, avec des menaces de blocage, les personnels de la SNCF et notamment les contrôleurs qui ont choisi la période des vacances scolaires pour lancer un mouvement de revendications, sur les conditions de travail, et notamment la pénibilité... Entre le personnel enseignant très nerveux face aux réformes prévisibles dans l'éducation nationale ou les personnels soignants toujours prêts à rappeler leurs demandes d’effectifs et de matériels...

La vie économique et sociale est donc à nouveau traversée par des menaces d’orages sur le front social et économique. Tout cela au moment où, dans les entreprises, on prépare les accords de salaires pour 2024, alors que les perspectives économiques ne vont pas rendre les entreprises privées très généreuses.

Bref, la vie sociale et économique va être pendant les six prochains mois tres compliquée… d’autant plus compliquée que le monde syndical a bien compris qu'il avait, dans les quelques mois qui précèdent l’ouverture des Jeux Olympiques, une fenêtre de tir pendant laquelle le gouvernement pouvait être fragilisé. Les cheminots et les personnels des transports publics (RATP), les personnels douaniers, les salariés d’aéroports, les personnels hospitaliers, les services municipaux de la voirie savent qu'ils vont être absolument indispensables pendant les Jeux Olympiques. Donc, ils savent que les rapports de force jouent en leur faveur. C’est risqué, c’est dangereux parce que l'opinion publique ne va pas forcément les suivre, mais tous les syndicats y pensent.

Du côté du gouvernement ou des directions d’entreprises publiques, on pressent parfaitement qu'il y aura un bras de fer. Il est déjà engagé avec les agriculteurs, et les cheminots.

Mais logiquement, le gouvernement ne peut pas céder, d’où la fermeté du Premier ministre sur « le droit de grève et le devoir de travailler » ; Si le gouvernement cède aux contrôleurs de la SNCF, parce qu’il a peur du désordre, il ouvre une brèche à toutes les autres formes de revendications qui vont alors menacer les conditions de l’ouverture des Jeux. La surenchère sociale et syndicale menace l'ordre public. Ce n’est pas facile à supporter en période normale, ça deviendrait insupportable au moment des JO. Paris n’aurait pas l'exclusivité d’une telle mésaventure, toutes les grandes villes qui ont organisé des événements internationaux hors normes ont connu ce type de risques. Et toutes n’ont pas réussi a trouver des solutions

En attendant, le monde des affaires n’avait pas besoin de ce type de risques. Il attend beaucoup des Jeux Olympiques qui sont évidemment un stimulus très fort de l'activité. On se souvient encore de l'impact sur le PIB de la victoire de la France aux championnats du monde de football, c’était en 1998, avec Zinédine Zidane.

Aux Jeux olympiques, la France n’aura besoin de gagner qu'une seule médaille d’or, celle de l'organisation.

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