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La mutation de Monsieur P, ce professeur victime expiatoire des faiblesses d’une institution scolaire aujourd’hui incapable d’affronter la problématique explosive de la pénétration islamiste en son sein
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Bonnes feuilles

Cet ouvrage est le témoignage d’un professeur d’histoire de l’enseignement secondaire, confronté à l’intrusion de l’Islam revendicatif au sein de l’école républicaine. Extrait de "Considérations inconvenantes", de Bruno Riondel, publié aux éditions du Toucan (1/2).

Bruno  Riondel

Bruno Riondel

Bruno Riondel est docteur en Histoire. Il enseigne dans un lycée parisien. Auparavant, il a travaillé dans de nombreux établissements secondaires des banlieues d'Île-de-France.

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Mais, très rapidement, le jeune homme et ses amis reprirent leurs funestes habitudes et s’opposèrent au professeur qui,patient, tenta chaque jour de les ramener à la raison. Lors d’un rare moment d’échange véritable, l’un d’entre eux se livra avec sincérité et dévoila à l’enseignant médusé la cause réelle des comportements négatifs que ses camarades et lui-même multipliaient depuis trop longtemps, déjà.

La nausée ressentie par ces élèves islamisés à l’idée d’être conditionnés par le savoir supposé impur qu’un professeur mécréant (kouffar) leur dispensait justifiait à leurs yeux les attitudes de rejet et de refus obstinés qu’ils manifestaient quotidiennement en salle de cours. L’unique vérité et les connaissances qui la fondent résidaient selon eux dans le Coran, parole incritiquable transmise par le prophète Mahomet et seul enseignement qu’ils acceptaient de recevoir. L’imam qui animait la vie cultuelle de leur quartier de résidence était bien sûr seul habilité à les former.

La fascination exprimée par ces élèves envers un islamisme radical qu’internet leur avait fait connaître les conduisait à valider sans esprit critique les théories de celui qu’ils reconnaissaient comme maître à penser, l’intellectuel musulman intégriste Tarik Ramadan. Ce dernier, connu du grand public pour avoir un jour affirmé fort sérieusement son refus de condamner la lapidation des femmes, possédait à leurs yeux le grand mérite d’exprimer clairement la supériorité culturelle de l’islam.

La stratégie d’opposition systématique que ces jeunes déployaient en milieu scolaire résultait du souci profond de vivre, dans leur réalité quotidienne de lycéen et par le moyen de la pression psychologique, un idéal jihadiste qui les fascinait. Le rêve ultime qui hantait ces adolescents radicalisés était de couronner un jour leur existence croyante par une mort violente qu’ils imaginaient glorieuse, armes à la main, au cours d’un authentique jihad militaire.

Monsieur P. fut bouleversé par le contenu de ces révélations. Leur extrême gravité éclairait l’irrationalité comportementale manifestée par les perturbateurs, si différente d’un classique chahut lycéen. Il rédigea alors un rapport relatant certains des propos de l’apprenti jihadiste et le remit à son chef d’établissement. Il n’y eut ni réponse ni suite.

Les jeunes provocateurs intensifièrent alors la guerre d’usure entreprise contre l’enseignant républicain, incarnation à leurs yeux de la mécréance occidentale honnie. Ce dernier n’espérait plus aucun soutien de l’administration et estima nécessaire d’exercer le droit de retrait individuel qui est permis à l’enseignant confronté à une situation potentiellement dangereuse. Un jour, et de manière prématurée, il mit fin au cours qu’il dispensait, confia sa classe à la garde du Conseiller principal d’éducation, suivant les procédures officielles définies, et se réfugia en salle des professeurs.

Informé de ces faits troublants par le proviseur, le responsable des ressources humaines du rectorat convoqua l’enseignant dès le lendemain, afin qu’il s’explique sur son geste. Préférant nier ses dires, il le suspendit de ses fonctions à titre conservatoire. Monsieur P. dut quitter son établissement d’exercice sur-le-champ et attendre une nouvelle affectation.

Le professeur présenta alors des recours, auprès des instances rectorales et ministérielles, pour contester une décision qui faisait de lui un coupable. Il ne reçut aucune réponse. Il sollicita donc la mise en oeuvre d’une enquête interne, espérant ainsi recueillir les témoignages en sa faveur promis par des collègues et par certains élèves scandalisés, notamment des jeunes musulmans parfaitement intégrés et conscients que monsieur P. constituait un rempart contre l’action de ceux qui tentaient de faire pression sur eux. En vain.

(...)

Les mésaventures survenues à Louis Chagnon et à monsieur P., la première médiatisée, la seconde restée confidentielle, sont toutes deux révélatrices des tabous érigés par la société à l’égard de la question majeure du rapport entre l’islam et la laïcité. Dans les deux cas, la vérité et la justice ont été bafouées, et les professeurs traités en fautifs. Ils furent pourtant les victimes expiatoires des faiblesses d’une institution scolaire aujourd’hui incapable d’affronter la problématique explosive de la pénétration islamiste en son sein.

Dans ces deux affaires, le sens moral et l’objectivité des responsables s’effacèrent devant la nécessité politique. La reconstruction d’un réel compatible avec l’idéologie dominante, la culpabilisation de l’enseignant mis en cause et la prise de sanctions accablantes à son encontre permirent la sauvegarde momentanée de la paix sociale. Officiellement, la question islamiste n’existe pas en milieu scolaire. Les professeurs porteurs d’un avis divergent sont ravalés, par le jugement bien pensant, au rang de réactionnaires.

Peu intégrables par l’esprit de contemporains structurés par le bon sens humaniste que leur confère une culture européenne faite de philosophie profane, d’espérance chrétienne et d’un haut sens de la dignité laïque, les réalités inédites d’une islamisation progressive de la société française sont subtilement niées.

Révisée par l’atténuation systématique de sa portée sociale, déviée de son sens premier par des grilles de lecture idéologiques partisanes et niée par les esprits radicaux, la progression sociétale de l’islamisme suit son cours, profitant du providentiel déni de son influence par des responsables affolés.

Extrait de "Considérations inconvenantes", de Bruno Riondel, publié aux éditions du Toucan

Ainsi, et inexorablement, la puissante marée verte monte, recouvrant de ses apports menaçants les riches espaces culturels d’une Europe passive.

Extrait de "Considérations inconvenantes - Sur l'école, l'Islam et l'Histoire en France à l'heure de la mondialisation", de Bruno Riondel, publié aux éditions du Toucan, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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