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La lutte contre l'inflation, cette mission primordiale mais purement virtuelle de la BCE
©Reuters

Bonnes feuilles

Jean-François Bouchard passe au crible le fonctionnement de la BCE. Compétente ou incompétente ? Trop soucieuse des intérêts privés ? Insensible aux Etats et aux citoyens ? L'auteur invite à repenser la BCE, pour y injecter des contre-pouvoirs et permettre de redresser l'économie européenne. Extrait de "L'empereur illicite de l'Europe" (1/2).

Jean-François Bouchard

Jean-François Bouchard

Jean-François Bouchard, haut fonctionnaire, économiste, spécialiste du contrôle des banques, travaille pour le compte de la Banque de France, de la BCE, de la Commission européenne et du FMI. Il a œuvré à l’intégration dans l’UE des anciens pays du bloc de l’Est.

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Le traité de Maastricht assigne un objectif primordial à la BCE : émettre l’euro comme monnaie commune des États membres de la zone monétaire, et faire en sorte de maintenir la stabilité de cette monnaie et des prix. Autrement dit, le but essentiel de la BCE est de lutter contre l’inflation.

Depuis que la monnaie a été créée, à l’aube de l’histoire de l’humanité, telle est la préoccupation des hommes : faire en sorte qu’elle conserve sa valeur, car la monnaie est au coeur de l’organisation de la société et celle-ci a désespérément soif de stabilité. À raison, car si l’on met en parallèle les bouleversements politiques et les crises monétaires, on voit que l’un et l’autre sont très souvent liés.

L’inflation imputable aux importations d’or et d’argent depuis les colonies d’Amérique du Sud, paradoxalement, a ainsi ruiné l’économie espagnole au XVIIe siècle et conduit le pays à une longue stagnation qui en fait aujourd’hui une nation de second ordre. La crise monétaire de Law, en France, amena quelques années plus tard la Révolution et le renversement de la monarchie. En Allemagne, après la Première Guerre mondiale, la république de Weimar n’a pas survécu à une crise monétaire qui hante toujours les esprits germaniques, car elle porta Adolf Hitler et les nazis au pouvoir et fi t sombrer la planète dans le chaos.

Aujourd’hui, qu’en est-il de ces tendances inflationnistes ?

Elles ont disparu.

Pour longtemps. Très, très longtemps.

Toutes les grandes banques centrales mènent pourtant des politiques monétaires dont la théorie économique enseigne qu’elles sont dangereusement inflationnistes : les taux d’intervention sont au plus bas, la distribution de liquidités est au plus haut, mais rien n’y fait : pas d’inflation, nulle part. Les tensions inflationnistes dans les économies développées sont éteintes.

Il y a plusieurs raisons à cela.

La première est la situation économique d’ensemble : la récession que nous connaissons n’est pas propice à la renaissance de l’infl ation. La seconde raison est liée à la globalisation de l’économie : les conditions de concurrence et la compétitivité croissante des pays émergents, qui s’affi rment comme les principaux producteurs de biens de consommation dans le monde, tirent les prix vers le bas. La troisième raison est liée aux anticipations des ménages et des entreprises : ils épargnent, ils n’investissent pas, ils limitent leur consommation.

Donc, l’inflation est absente, et cette situation est appelée à durer.

Quelle est la mission primordiale de la BCE ?

Lutter contre un fantôme.

Extrait de "L’empereur illicite de l’Europe - Au cœur de la banque centrale européenne",  Jean-François Bouchard, (Max Milo Editions), 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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