La longévité est-elle autre chose qu’un rêve (et un investissement) de milliardaires ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une personne âgée dans un Ehpad.
Une personne âgée dans un Ehpad.
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Allongement de la vie

Les milliardaires de la Silicon Valley ont passé des années à chercher des moyens de vivre plus longtemps. Ils ont notamment financé des travaux scientifiques pour comprendre comment les corps vieillissent. Ces études et ces technologies pourraient finir par profiter à tout le monde.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : A quel point les géants de la Silicon Valley et les millionnaires en général cherchent-ils à prolonger la vie, à commencer par la leur ? Comment l’expliquer ?

Laurent Alexandre : Chez Google, chez Meta, chez Amazon, il y a un intérêt très fort pour la santé. Google a créé plusieurs start up dans le secteur de la santé dont une spécifiquement dédiée à allonger la vie, Calico. Donc il y a un intérêt très fort pour l’allongement de la vie voire la quête de l’immortalité dans la Silicon Valley. Quand on a des centaines de milliards, qu’on contrôle l’information reçue par des milliards de personnes sur Terre, qu’on commence à dépasser la quarantaine, on a envie de vivre plus longtemps. La Silicon Valley a tout, la gloire, le pouvoir et la fortune. Il ne leur manque que la longévité. Au-delà de la quête d’immortalité, Sergey Brin a investi 500 millions de dollars dans la recherche sur Parkinson depuis qu’il a découvert qu’il était porteur d’une mutation génétique (gène LRRK2) qui le rendait très susceptible d’être atteint par la maladie. On n’a jamais vu, dans l’histoire de l’humanité, des individus connaître des décennies à l’avance les maladies dont ils vont souffrir, grâce au séquençage ADN.

Est-ce qu’il y a des résultats concrets ou n’est-ce que du fantasme ?

S’il y avait sur Terre un traitement pour ne pas mourir ou vivre plus longtemps, ça se saurait. Il y a plein de charlatanisme. La seule molécule pour laquelle il pourrait être possible qu’elle allonge un peu la vie est la metformine, un antidiabétique. On a démontré qu’elle augmentait l’expérience de vie chez les diabétiques et on suspecte que ce soit le cas en population générale, mais nous n’en sommes pas sûrs. Et les essais ne sont pas achevés. C’est le domaine de la recherche, mais aussi celui du fantasme, de l’espoir, mais pas celui de la réalisation.

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Certains articles parlent de régénération d’organe, de rajeunissement des cellules, à quel point est-ce un fantasme ?

Ce sont les travaux de l’entreprise dans laquelle Jeff Bezos a investi récemment, Altos Labs. C’est encore à un stade très peu avancé. Il est très excitant d’imaginer faire du rétro vieillissement. Cela a été démontré chez les animaux, notamment les souris, mais pas chez l’homme.

Quels autres investissements notables ont été réalisés récemment ?

Mark Zuckerberg a investi une large partie de sa fortune dans une fondation visant à supprimer toutes les maladies d’ici 2100. Le patron d’Apple pense qu’il est probable que dans le futur on voit l’entreprise comme appartenant au secteur de l’e-santé. Tous les acteurs de la Silicon Valley sont fascinés par la médecine de longévité. Ils y mettent beaucoup d’argent mais il en faudra encore beaucoup plus. La mort de la mort ne s’obtiendra pas avec seulement quelques milliards. Ce sera plus coûteux que d’aller sur la Lune en 1969.

Quelle place pour le transhumanisme dans ces projets ?

Ce sont des projets transhumanistes. Ce qu’Elon Musk fait avec Neuralink sur le cerveau, c’est transhumaniste. Mais envisager d’allonger la vie ou aller dans le cosmos, cela l’est aussi. Tout cela est au cœur des revendications transhumanistes. Tuer la mort et augmenter notre cerveau sont deux des cinq grands projets transhumanistes.

Si trouver l’élixir de longue vie semble une fiction, est ce que les recherches pourraient arriver à des résultats bénéfiques pour la santé de l’humanité en général ?

Je pense, et je l’ai écrit dans La mort de la mort il y a 11 ans, qu’à partir de 2050, la recherche devrait avoir permis d’augmenter notre espérance de vie en bonne santé. C’est mon intuition et bien sûr pas une certitude. Faire reculer et surtout vaincre la mort, c’est très compliqué. Nos technologies sont très puissantes, mais je ne pense pas qu’on atteindra des résultats tout de suite. Mais les recherches visant à vivre plus longtemps ou faire reculer la maladie sont amenées à se diffuser.

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