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La grande illusion : comment les promesses du candidat François Hollande en 2012 ont provoqué la déception des “Quartiers”
©Reuters

Factice

Pendant sa campagne en 2012, François Hollande avait fait de nombreuses promesses pour les banlieues françaises. Cinq ans après, les habitants de ces quartiers sont désespérés par le manque d'action du chef de l'Etat. Délit de faciès, proximité, perte de confiance… voici la chronique de l'échec de la politique du gouvernement.

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Camille Bedin

Camille Bedin est conseillère départementale des Hauts-de-Seine, canton Nanterre-Suresnes, et secrétaire nationale, membre du bureau exécutif des Républicains.

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Atlantico : François Hollande en 2012 avait fait de nombreuses promesses pour la banlieue “Je maintiendrai les services publics dans nos banlieues. J’augmenterai les moyens, notamment scolaires, dans les zones qui en ont le plus besoin et je rétablirai une présence régulière des services de police au contact des habitants”. Dans quelle mesure ces promesses ont elles été, ou non, tenues par le chef de l'Etat ?

Camille Bedin : ​A la veille de chaque élection, François Hollande est allé en "banlieue" pour tenir de grands discours sur les quartiers populaires : il l'a fait en 2012, bien sûr, mais aussi en 2014 (avant les municipales) et en 2015 (avant les départementales). Malheureusement, la réalité de la vie dans nos quartiers ne s'est pas améliorée - elle s'est même encore dégradée. Le sentiment d'abandon est de plus en plus vif, le ras-le-bol est permanent. Les habitants se sentent mis de côté, oubliés - sauf pendant les émeutes ou les campagnes électorales. Ils ne croient plus en personne. 

Le bilan est déplorable : la précarité et le chômage ont augmenté (dans nos quartiers, près d'un jeune sur deux n'a pas d'emploi! c'est encore pire pour les femmes). Et c'est dès l'école que l'aggravation se fait sentir : malgré les promesses, les moyens supplémentaires ne font pas sentir de différence sur le terrain. L'école publique est même de plus en plus contournée (demandes de dérogations en hausse, phénomène nouveau de déscolarisation). Les promesses n'ont non seulement pas été tenues : elles ont été trahies, par des gens qui ont considéré que l' "électorat" des banlieues était acquis à leur cause, que seuls les discours compatissants et victimisants suffisaient. 

C'est un énorme gâchis. Un scandale pour notre pays. 

Plus particulièrement, François Hollande avait promis de lutter contre le “délit de faciès” lors des contrôles d’identité, pourtant la fracture actuelle semble réelle. Quel est l'état des lieux de cette "réconciliation" entre Police et population sur le terrain ?

Rien n'a été réellement fait à ce sujet. Il existe un véritable malaise, grave, entre les jeunes et la police. Ils se sentent visés, ciblés, discriminés. L'autorité est rejetée. L'affaire Théo est désastreuse et il est impératif que la Justice puisse mener son travail jusqu'au bout et s'il le faut, prendre des mesures intransigeants pour montrer à quel point l'Etat est et doit être exemplaire. Ce n'est qu'ainsi que nous retrouverons la confiance. 

Cela dit, et l'affaire Théo mise à part, la police n'est pas le problème dans les quartiers : c'est l'insécurité quotidienne.

Les forces de l'ordre doivent faire leur travail dans des conditions d'insécurité et de manque de moyens parfois insupportables. Elles se sentent acculées et abandonnées par une Justice qui, par conviction ou par absence de moyens, mène une politique beaucoup trop laxiste. Imaginez vous être policier, arrêter des délinquants le soir, les voir relâcher le lendemain, et vous narguer le surlendemain ! Et que doit en penser la population elle-même, critiquant alors l'inefficacité de nos forces de l'ordre? 

Au demeurant, que les choses soient claires : les casseurs n'expriment aucune colère, ce sont des délinquants. Nous sommes en démocratie, s'il y a des frustrations, des colères il existe des moyens respectueux et pacifiés (sans exclure l'opposition ferme) pour se faire entendre.

C'est tout l'appareil d'Etat qui doit retrouver l'autorité, l'exemplarité et l'efficacité d'agir. 

Si les banlieues avaient largement fait le choix de François Hollande en 2012, quelle est la perception générale actuelle de ses habitants ?

​La frustration, la déception et la colère. 

Les habitants sont excédés : excédés de ne pas avoir été entendus, excédés d'avoir été trahis dans leur vote, excédés d'être constamment caricaturés et montrés du doigt, excédés de ne pas, tout simplement, pouvoir vivre une vie normale : avec un travail, la sécurité en bas de chez eux et des écoles propices à l'égalité des chances républicaine. Ils veulent la dignité et un avenir pour leurs enfants. C'est tout ce qu'ils demandent. Il ne faut pas réduire les "banlieues" aux bandes de délinquants qui, s'ils sont médiatiques et pourrissent la vie de quartiers entiers, sont minoritaires. 

A ce stade, ni la droite ni la gauche n'a réussi à répondre à ces défis, mais la gauche porte une responsabilité plus lourde encore (une culpabilité même) : parce que c'est en elle que les habitants avaient placé leurs espoirs ; parce que c'est elle qui a vendu du "rêve" (je vous rappelle que le titre du livre de campagne de François Hollande était "le rêve français"!). Aujourd'hui, ces espoirs ont été trahis. Que voteront-ils en mai prochain dans ce contexte? A ce jour, c'est malheureusement l'abstention qui a le plus de chance d'être le parti majoritaire.

J'espère que la Droite saura déjouer ce piège en portant un discours à la fois de fermeté face à l'insécurité et aux dérives anti-républicaines, et d'égalité des chances pour assurer à tous les enfants de notre pays un avenir meilleur dans notre République. 

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