La génération gay qui bénéficie de la plus grande liberté de l'histoire s'enlise dans la dépression et le désespoir : mais qu’est-ce qui se passe mal ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des membres de la communauté LGBT participent à la Marche des Fiertes à Toulouse, en juillet 2022.
Des membres de la communauté LGBT participent à la Marche des Fiertes à Toulouse, en juillet 2022.
©Matthieu RONDEL / AFP

LGBT

Les données sur le bien-être et la santé mentale des adolescents LGBT montrent une nette dégradation. C’est aussi la question de fond qui plane sur le cas Pierre Palmade.

Jean-Marie Firdion

Jean-Marie Firdion

Jean-Marie Firdion est sociologue et chercheur au Centre Maurice Halbwachs (CNRS). Ses travaux portent sur des « populations vulnérables », présentant des difficultés accrues d’insertion sociale (personnes sans domicile, jeunes placés, les jeunes face à l’homophobie). Il écrit de nombreux articles et a contribué à différents ouvrages (Dictionnaire de l’Habitat, Dictionnaire de l’Homophobie, Encyclopedia of Homelessness…) et des revues scientifiques.

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Sabine Prokhoris

Sabine Prokhoris

Sabine Prokhoris est philosophe et psychanalyste. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Le Sexe prescrit : La différence sexuelle en question (Aubier 2000), L’Insaisissable Histoire de la psychanalyse (Puf, 2014) et Au bon plaisir des « docteurs graves » : À propos de Judith Butler (Puf, 2017); Le Mirage #MeToo (Cherche Midi; 2022)

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Atlantico : Aux États-Unis, les chiffres témoignant de la santé mentale des jeunes homosexuels montrent une forte prévalence du mal-être, des pensées suicidaires, etc., bien plus que dans le reste de la population. Est-ce la même chose en France ?

Jean-Marie Firdion : On observe en effet la même chose en France. Nous avons pu mettre en évidence ce phénomène avec François Beck et al. dans un article publié en 2010 dans le Journal of Affective Disorders. Nous y indiquions que les hommes homo et bi-sexuels avaient 3,37 fois plus de risque d’avoir des idéations suicidaires (c’est-à-dire non seulement des pensées suicidaires mais une préparation de la tentative de suicide) au cours des 12 derniers mois, que les hommes hétérosexuels. Dans les résultats de l’enquête sur l’effet de la stigmatisation des minorités sexuelles d’Annie Velter et Nathalie Lydié publiée dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire du 17 mai 2021, on peut lire concernant les épisodes dépressifs caractérisés le risque d’en avoir connu au cours des 12 derniers mois est 2,42 fois plus fort chez les lesbiennes et 2,17 fois plus fort chez les gays par rapport aux hétérosexuels (toutes choses égales par ailleurs). On y lit aussi : « par rapport aux hétérosexuels, un quart de sur-risque d’avoir des symptômes dépressifs actuels chez les individus LGB s’expliquerait par le fait d’avoir subi des violences au cours des 12 derniers mois ».

Ce que confirme le rapport de l’Observatoire National des Discriminations et de l’Egalité dans l’enseignement publié par Mickaël Jardin (avec l’Université Gustave Eiffel) en juin 2022 : « le fait d’être LGBTQ augmente la probabilité d’être harcelé de 25 % », cette augmentation est la plus forte au collège, un peu moins au lycée et encore moins dans le supérieur. Cette étude portant sur un échantillon de 900 personnes montre aussi que les jeunes LGBTQ subissent un harcèlement plus longtemps que les jeunes hétérosexuels.

Sabine Prokhoris : Je me montre toujours prudente face à un certain flou des méthodes utilisées pour produire les chiffres, souvent prisonnières de biais parfois grossiers. C’est patent par exemple s’agissant des chiffres des dénommées « VSS » (acronyme désormais en usage pour les « violences sexistes et sexuelles »), chiffres plus que sujets à caution.

Et je suis également réticente quant à l’interprétation à travers une grille de statistiques de situations particulières, déterminées par des facteurs nombreux, en partie opaques et propres à chaque histoire singulière. Particulièrement s’agissant de domaines qui impliquent l’intimité subjective. Par exemple concernant Pierre Palmade que vous évoquiez – lequel n’est pas un jeune homme d’ailleurs –, rapporter son drame personnel – les démons de l’addiction –, et ses conséquences en l’occurrence particulièrement tragiques, à une orientation sexuelle que l’on supposerait difficilement vécue, cela me semble une explication facile et très superficielle, qui manque certainement l’essentiel. Car lorsqu’on on apprend que son père, médecin, est décédé (en revenant d’un accouchement !) dans un accident de voiture quand Pierre Palmade avait huit ans, c’est plutôt vertigineux… Ça invite en tout cas à observer une certaine prudence quant à l’usage d’explications trop générales, et ça donne à méditer sur ce qui peut se jouer d’extrêmement complexe chez quelqu’un, dans certaines conduites assez manifestement suicidaires.

Cela dit, il est possible qu’une fragilité subjective particulière, pour différentes raisons dont certaines liées à d’éventuelles discriminations subies ou ressenties, affecte un certain nombre de jeunes gays. Cela n’est pas nouveau d’ailleurs, Mais aujourd’hui, peut-être est-ce à relier au fait que, de plus en plus, les questions liées à la sexualité sont préemptées, et ainsi verrouillées par des thématiques identitaires plutôt que relationnelles. Comme s’il s’agissait avant tout d’« être » gay, au lieu de simplement pouvoir aimer et/ou désirer quelqu’un qui se trouve être du même sexe – ce qui n’est en somme rien de plus qu’un des chemins humains vers l’amour et la sexualité.

Cette obsession identitaire, autour de la fameuse « fierté », risque fort d’enfermer dans une sorte de vide, facilement persécutif, voire auto-persécutif : est-ce que je satisfais suffisamment aux critères, ou à « l’idéal du moi » comme disent les psychanalystes, de la (supposée) identité gay ? Est-ce que je suis en mesure de l’affirmer comme il se doit ? C’est très inconfortable, et cette injonction à « assumer » et à proclamer son homosexualité pour être à ses propres yeux un « vrai gay » est un défi subjectif parfois quasiment sacrificiel. Je pense au jeune garçon de treize ans harcelé par ses camarades, parce que (nous a-t-on expliqué) il s’affirmait homosexuel face à eux. Non qu’il faille cacher ou avoir honte de ses attirances érotiques ; mais est-il vraiment indispensable, pour vivre librement l’entrée dans la sexualité, de se donner à soi-même, et face au monde, l’assurance que l’on « est » un gay ? Est-ce vraiment cela le sujet ? Je ne minimise nullement la brutalité et la cruauté de la stigmatisation dont peut faire l’objet un jeune homosexuel, particulièrement de la part d’autres garçons qui ne redoutent rien tant que d’être vus comme des « tapettes » et autres gracieusetés. Mais plus le stigmate se mue en « identité » à revendiquer comme telle, plus il se renforce. On tombe alors dans ce que Freud appelait « le narcissisme des petites différences » – ériger en valeur absolue et ainsi hypertrophier un trait distinctif singulier –, aux effets potentiellement ravageurs. Le supposé différent (mais qui ne l’est en réalité pas tant que ça) est vu comme menaçant, et haï. Mais y a-t-il vraiment une différence significative entre un amour ou un désir homosexuel et un désir ou un amour hétérosexuel ? L’expérience clinique démontre qu’il n’en est rien.

Comment expliquer cette situation alors que les droits des LGBT n’ont jamais autant progressé que ces dernières années et que l’acceptation semble grandir largement dans la société ?

Jean-Marie Firdion : Il est vrai que l’on observe une plus grande acceptation des minorités sexuelles dans la société, cependant la situation demeure difficile pour les plus jeunes, à un âge où les liens avec les pairs comptent le plus et où les identités sexuelle et sexuée vont s’affirmer. L’étude de Michelle Johns et al. sur la stigmatisation des minorités sexuelles aux USA parue en 2020 (ministère de la Santé américain), comparant les situations en 2013 – 2017 – 2019, montre que l’évolution n’est pas très marquée. Par exemple le risque relatif de bullying parmi les LGBT (versus les hétérosexuels) passe de 42,2 à 40,8 puis 37,8 tandis que le risque relatif pour les idéations suicidaires passe de 48,9 en 2013 à 54,1 en 2017 et 52,4 en 2019. Le phénomène de bouc émissaire durant l’adolescence reste très présent comme l’a montré Eric Verdier (renforcé par la facilité de le mettre en œuvre par l’anonymat sur les réseaux sociaux), et les jeunes des minorités sexuelles demeurent des cibles fréquentes durant cette période fragile de construction de soi où le désir de conformité à la norme est importante. Même si l’acceptation des minorités sexuelles est devenue majoritaire chez les adultes, celle-ci n’est pas toujours bien vécue à l’intérieur des familles. Wouter Kieken et al. L’a étudié aux Pays-Bas dans leur article paru en 2021 (Journal of Interpersonal Violence) : les jeunes des minorités sexuelles (16-24 ans) ont plus de risques (que les jeunes hétérosexuels) d’avoir connu des microagressions intrafamiliales, les auteurs constatent aussi le non respect de leur identité sexuelle/sexuée au sein de leur famille. 

Il reste au sein de la société, des groupes culturels et religieux très opposés à reconnaître l’égalité des droits pour les minorités sexuelles. Le front commun des religions contre l’homosexualité est de ce point de vue préoccupant, même si des courants religieux minoritaires sont inclusifs (protestants libéraux et juifs libéraux). La persistance des soi-disant thérapies de conversion, dont on connaît les effets désastreux sur les individus, montre que les blocages sont puissants face à l’évolution de la société et de ses lois. Les plus jeunes sont mal armés pour contrer ces courants réactionnaires et archaïques, au moment où ils doivent gérer leurs premiers élans amoureux et leurs premières attractions sexuelles. 

Sabine Prokhoris : Comme je l’indiquais plus haut, mon hypothèse est que les difficultés que vous évoquez, dont il faudrait produire une lecture sans doute plus fine que celle permise par des études exclusivement quantitatives, sont liées à une crispation généralisée autour des questions identitaires. Crispation qui est peut-être d’ailleurs le biais qui affecte ces statistiques, ce qui devrait conduire à les prendre avec précaution. D’ailleurs, je ne parlerais pas pour ma part des « droits des LGBT » – pas plus que des « droits des femmes » –, comme s’il s’agissait de droits spécifiques, catégoriels, c’est-à-dire liés au fait d’être homosexuel, mais simplement d’un élargissement de la liberté et de l’égalité républicaines, qui découle de ceci : on ne considèrera justement pas comme pertinent le trait « orientation sexuelle » pour délimiter les droits et les devoirs d’un citoyen.

Quel est l’impact des réseaux sociaux ?

Sabine Prokhoris : Certainement considérable, et fortement préoccupant, tant l’espace des dits « réseaux sociaux » –qu’on pourrait plutôt dénommer asociaux –, est un espace d’anomie. Et tant il est déréalisant : seul derrière son écran, comment prendre la mesure de l’impact de ce que l’on y déverse, comme dans un égout qui n’incommoderait même pas par son odeur – voir le cas de Mila ? Jusqu’à se retrouver soi-même un jour comme cible, cela reste juste un clavier et un écran. Monde de téléréalité.

Dans un contexte de montée de la violence physique comme en ligne, des phénomènes de harcèlement, les jeunes gays et lesbiennes sont-ils particulièrement à risque d’être pris pour cible ?

Jean-Marie Firdion : Les morts tragiques de jeunes adolescentes et adolescents LGBTQ nous pressent de mettre en place des mesures de prévention et de soutien. Le Plan d’action contre la haine anti-LGBT lancé en octobre 2020 est indigent. Déjà en 2013 le Rapport Teychinné énonçait toute une série de mesures pour répondre aux situations difficiles vécues par les jeunes LGBT, et nous avions, avec François Becq et al. en 2014, dans notre ouvrage publié par l’INPES sur les risques suicidaires chez les jeunes des minorités sexuelles, présenté un ensemble de mesures, tout cela n’a pas été suivi par les décideurs politiques. On ne peut mettre uniquement sur le dos des personnels de l’éducation nationale et sur les élèves la charge de prévenir les comportements suicidaires et de faire face à la souffrance des jeunes harcelés. Le volet répression est certes utile et la loi instituant le harcèlement comme délit est utile tout comme les numéros verts mais il faut sortir des effets d’annonce et de la communication politicienne. Il faut dégager des moyens et des ressources. Si l’on veut que les Gay-Straight-Alliances soient efficaces, il convient de les soutenir par la création de postes de psychologues clinicien-ne-s, d’éducateurs spécialisé-e-s, d’infirmières-iers, en milieux scolaires pour les épauler et leur assurer une efficacité. Les GSA doivent devenir obligatoires et être soutenus également par des parents d’élèves volontaires. La formation des personnels de l’éducation prendra du temps, or il faut agir dès maintenant, faciliter l’accès aux soins des jeunes en souffrance alors que le secteur de la pédopsychiatrie est sinistré, qu’il faut attendre souvent 6 à 12 mois pour obtenir un rendez-vous en CMP ou CMPP. La publication récente du Trevor’s Project Survey (2022) montre qu’aux USA 60 % des jeunes LGBTQ (13-24 ans) ne sont pas parvenus au cours des 12 derniers mois à obtenir une aide en santé mentale alors que la prévalence des idéations suicidaires est de 50 % chez ces jeunes de 13-14 ans. Des actions de grande ampleur doivent être mises en place pour y remédier, même au-delà des collèges et lycées car les jeunes ont une vie au dehors, il est notamment nécessaire de généraliser les Equipes Mobiles Infanto-Juvéniles, multiplier les Maisons des Adolescents, sensibiliser les familles qui peuvent être sous la coupe de traditions religieuses ou culturelles mortifères, développer les partenariats avec les associations agrées et créer des postes de professionnels compétents évoqués plus haut (les enseignants ne peuvent pas faire aussi du social et de la promotion de la santé). Enfin, même si ce gouvernement méprise la recherche, il faut lui rappeler que l’on ne peut traiter correctement un problème social et de santé publique aussi grave sans investir dans la recherche et l’évaluation.

Sabine Prokhoris : Je pense que toute personne qui s’expose à tort et à travers sur les réseaux court le risque de devenir une cible. Pour un motif ou un pour autre. Je n’affirmerais pas pour ma part que ce risque guette davantage les jeunes gays et lesbiennes.

La surpolitisation et la médiatisation des enjeux liés à l’homosexualité, même s’il a pu permettre des avancées législatives peut-elle avoir été, dans une certaine mesure, contreproductive en oubliant la dimension intime de la problématique ?

Sabine Prokhoris : La conquête de l’égalité des droits – de même que pour le combat féministe la contraception, ou l’IVG par exemple, qui touchent aussi à l’intime et à la sexualité – a été nécessairement un combat politique, puisqu’il s’agissait d’obtenir la protection de la loi là où au contraire elle réprimait, au nom de préjugés moralistes biaisant le droit. Je pense par exemple à la dépénalisation de l’homosexualité, ou à la légalisation de l’IVG. Mais certaines formes prises par la médiatisation de ces justes combats politiques leur ont probablement nui, pour autant qu’elles en ont fait parfois, pour des raisons qui restent à analyser, une glorification de l’exceptionnalité, alors qu’il s’agissait au contraire de banaliser des réalités dont il faudrait enfin cesser de faire tout un plat – qu’il s’agisse pour certains de déplorer ce que je considère comme de réelles avancées sociétales, ou au contraire de ne cesser de surenchérir toujours davantage pour que soit « reconnue » une « différence » en définitive largement fantasmatique, ce qui est en tout état de cause plutôt un piège pour tous, à commencer par les premiers intéressés.

Par ailleurs, il est sans doute exact que la dimension de l’intime, dans sa spécificité toujours singulière bien que communément partagée, semble aujourd’hui écrasée par un formatage terriblement contraignant issu des réseaux sociaux. Cela vaut bien au-delà de la situation des jeunes gays et lesbiennes. En particulier depuis la déferlante #MeToo, la propagande victimaire, et le bizarre mélange de néo-puritanisme, de niaiserie et d’obscénité qui envahit la question sexuelle, la déconnecte de l’expérience intime, de ses tâtonnements, de ses troubles.

Un psychologue qui a travaillé dans une clinique controversée de transition de genre pour enfants du NHS (Tavistock) craint que cette dernière ne pratique une forme de "thérapie de conversion pour les enfants gays". L’émergence des problématiques liées à la transsexualité peut-il avoir, dans certains cas, mené à mal accompagner sur le plan psychologique des enfants homosexuels ? 

Jean-Marie Firdion : Je n'ai pas lu d'étude sur cette clinique controversée, je ne ferai donc pas de commentaire. Au sujet des jeunes trans, j'ai noté que l'étude de Amy Green et al. publiée dans le Journal of Adolescent Health en 2021 établit que les jeunes transgenres ou non-binaires qui reçoivent une Gender Affirmative Hormonde Therapy connaissent moins d'état dépressif et moins d'idéation suicidaire que ceux qui n'en reçoivent pas. Leur conclusion : "This study’s results suggest that further research and clinical guidance is required to address the unmet needs of this population who discontinue or seek to reverse prior gender-affirming interventions." Il est à noter que tous les professionnels de santé ne sont pas à l'écoute de ces jeunes qui se trouvent alors parfois d'autant plus stigmatisés.

Par ailleurs, certains chercheurs comme Timothy Kahn dans les années 90, Adam McCormick et al. en 2016, et Jessica Fish et al. en 2019 (entre autres) ont attiré l'attention sur la situation difficile des jeunes trans et LGBT pris-es en charge par la protection de l'enfance (foster care system dans les pays anglo-saxons), avec une plus ou moins bonne acceptation par les aides familiales et par les responsables administratifs (redoublant alors le rejet qu'iels ont subi dans leur famille), alors même que ces jeunes LGBTQ sont surreprésenté-e-s dans ces dispositifs.

Sabine Prokhoris : Certainement. Il m’est arrivé dans ma propre clinique de voir des jeunes gens, souvent issus d’environnements familiaux et/ou culturels dans lesquels l’homosexualité ne pouvait en aucun cas être une option acceptable, se dire « trans », sans pouvoir même envisager que peut-être ils étaient en réalité homosexuels. Se croire « trans » était la solution (illusoire) à un conflit insoluble. D’ailleurs en Iran, les homosexuels sont passibles de la peine de mort, mais l’État non seulement autorise, mais paye des opérations de changement de sexe qui permettent de (sembler) se conformer à la rigueur inflexible de norme sociale en matière de sexualité autorisée.

Quant aux véritables parcours de transsexuation – terme que je préfère à celui de transsexualisme ou de transgenrisme –, on gagnerait à faire montre d’un peu plus de prudence et de moins de précipitation à céder à la propagande hors sol des activistes, pour les accompagner au mieux, dans la longue durée, éprouvante mais nécessaire. Mais au temps de l’immédiateté, autre facteur de déréalisation, et sous la dictature du tempo instantané imprimé par les réseaux sociaux, on a le sentiment que la société, tel le personnage de Lucky Luke qui tire plus vite que son ombre, ne sait plus apprendre à prendre le temps subjectivement incompressible pour qu’un trajet singulier, en ses tours, détours et obstacles, se déploie de façon juste.

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