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La France et la Formule 1, une énième histoire de gaspillage d'argent public
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Court-circuit

C'est officiel depuis mercredi, il n y aura pas de Grand Prix de France de Formule 1 en 2013 comme il n'y en a pas eu depuis maintenant cinq ans, le dernier s'étant disputé en 2008.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Les aficionados de F1 seront marris de voir leur sport boudé par les pouvoirs publics français, Valérie Fourneyron, la ministre des Sports, ayant refusé que l'Etat se porte caution au cas où le Grand Prix ne serait pas rentabilisé (ce qui se comprend vu l'état de nos finances publiques et vu les milliards qui transitent dans les paddocks des circuits).

Pourtant on ne peut pas dire que la France y soit allée avec le dos de la cuillère pour s'équiper de circuits capables d'attirer cet évènement de renommée mondiale. Dans les années 70 et 80, le Grand Prix se déroulait en alternance sur les circuits du Castellet (qui se situe entre Marseille et Toulon) et de Dijon-Prenois. Enfin presque en alternance, les trois quarts d'entre eux s’étant disputés sur le circuit Paul Ricard. Celui-ci était en effet bien mieux desservi que son concurrent, ses deux aéroports à proximité permettant aux pilotes et sponsors d'arriver en jet privé et aux spectateurs d’arriver par les airs à proximité du circuit. Si on ajoute les capacités d'accueil des hôtels de cette région très touristique, la desserte par le TGV et le fait que le circuit soit situé au milieu d’un noeud autoroutier, on comprend mieux pourquoi Le Castellet a tenu la corde pendant de nombreuses années.

Pourtant, au milieu des années 80, il fût décidé de créer un troisième circuit. On aurait pu légitimement espérer qu’il fût construit, alors qu’avec déjà deux circuits capables de recevoir l’évènement la construction d’un troisième ne s’imposait absolument pas, dans une zone encore mieux desservie que le circuit Paul Ricard. Point du tout puisqu’il fût décidé de le construire à Magny-Cours, lieu jusqu’alors totalement inconnu pour le commun des mortels situé à une quinzaine de kilomètres de Nevers. Pourquoi Magny-Cours ? Tout simplement parce que le président de la République de l’époque, François Mitterrand, avait longtemps présidé le conseil général de la Nièvre et qu’un de ses plus fidèles amis, Pierre Bérégovoy, était Maire de Nevers.

L’ancien circuit fût racheté en 1986 par le Conseil Général, donc par de l’argent public, et reconstruit sans regarder à la dépense afin de devenir le seul à accueillir le Grand Prix de France, ce qui fût le cas à partir de 1991. Le nouveau circuit ne fît pas l’unanimité dès la première édition du Grand Prix puisque Nevers ne disposait pas d’un aéroport international, les plus proches étant à Lyon et Paris situés à plus de 250 kilomètres, que la ville n’avait pas l’infrastructure routière adéquate pour recevoir une telle foule, causant des bouchons dantesques, tandis que l’infrastructure hôtelière était notoirement insuffisante et obligeait les spectateurs à aller dormir loin du circuit, recréant des bouchons lors de leurs aller-retours ! Inutile de dire que construire un circuit de Formule 1 à Magny-Cours était une idée grotesque mais le fait du Prince n’a aucune limite dans notre monarchie bananière !

Si le côté pratique était une ineptie, le côté sportif ne fût guère mieux. Il fallut en effet modifier le circuit en 1992 et en 2003 pour le rendre plus sûr pour les pilotes à tel point que Nelson Piquet, qui disputa le premier Grand Prix de Magny-Cours lors de sa dernière saison, déclara à l’issue de la course : « Tant d’argent pour ça, c’est de la m…. ». Venant d’un triple Champion du Monde des conducteurs, le compliment méritait d’être rappelé.

La mayonnaise ne prenant définitivement pas (toujours pas d’infrastructure autoroutière ni aéroportuaire ; parc hôtelier toujours insuffisant et impossible à rentabiliser en un weekend dans l’année ; bouchons toujours dantesques), le public s’inscrivit aux abonnée absents et le circuit se retrouva au bord de la faillite en 2005 lorsqu’il fût renfloué par le conseil général,

c'est-à-dire encore une fois par l’argent public. Pour tenter d’améliorer les choses, on prolongea l’autoroute A 77 qui offrit un accès direct au circuit en 2010 alors que le dernier Grand Prix de France s’y était déroulé…en 2008 !

Inutile de dire que le bilan tant sportif qu’économique de Magny-Cours restera éternellement un désastre, preuve qu’il est toujours possible en France de faire tout et n’importe quoi sans que personne n’ait le courage de s’y opposer pour ne pas déplaire au Prince.

On pourrait citer d’autres gabegies voulues par nos ex Présidents comme Vulcania dans le Puy de Dôme ou le Musée Chirac en Corrèze qui coûtent une fortune aux contribuables mais il est vrai que rien n’est assez beau pour les fiefs de nos monarques.

François Fillon avait dit sous les quolibets il y a cinq ans que la France était en faillite. Dont acte, mais la faute à qui ? 

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