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Manuel Valls est le nouveau Premier ministre de François Hollande.
Manuel Valls est le nouveau Premier ministre de François Hollande.
©Reuters

Éditorial

Le remaniement effectué par François Hollande suite aux résultats catastrophiques de la gauche aux dernières élections municipales touche à la forme sans opérer de véritables changements de fond.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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François Hollande a réagi avec une célérité inusitée de la part d’un homme qui prend toujours son temps au cataclysme provoqué par la déroute de la gauche aux élections municipales. Mais le nouveau dispositif mis en place est en forme de trompe-l'œil : il touche à la forme, sans opérer de véritables changements de fond. Le gouvernement dispose désormais d’un porte voix énergique en la personne de Manuel Valls en lieu et place du filet presque inaudible qui tombait des lèvres de Jean-Marc Ayrault. Mais le discours reste le même avec des intonations qui vont jusqu’à copier celles du chef de l’Etat.

Méfiant par nature, François Hollande s’est résolu à choisir celui qui pourrait devenir un jour son adversaire, mais qui apparaissait le seul capable de tenir une équipe, qui, même resserrée, pourrait se montrer turbulente. Le pouvoir de Manuel Valls se limitera là, le président se repliant sur son bunker élyséen, dont il renforce la force de frappe pour tenir étroitement en laisse son Premier ministre. Ce dernier n’a pratiquement aucune marge de manœuvre. Au demeurant, il dispose d’une plus faible adhésion de l’opinion que celle de son prédécesseur au moment de sa désignation, alors que François Hollande, en donnant l’impression qu’il reprenait les choses en mains, gagne trois points dans les sondages, tombés il est vrai au plus profond de l’abîme.

Dans la pire situation où se trouve la France, avec une économie qui continue de décrocher par rapport à ses voisins et où les déficits et le chômage ne connaissent pas de trêve, le chef de l’Etat se trouve paradoxalement dans une situation moins inconfortable que ne le laisse paraître le désaveu dont il fait l’objet. D’abord, parce qu’il est indéboulonnable : personne ne peut le forcer à interrompre son mandat jusqu’à son terme de 2017. En revanche, il peut laisser planer la menace d’une dissolution si le parlement se montrait trop rétif ou si Manuel Valls échouait dans la tâche herculéenne de redressement du pays. Et en cas de retour devant les urnes, François Hollande ne redouterait pas que l’opposition achève la reconquête du pouvoir amorcée par les municipales, car une cohabitation ne serait pas nécessairement la pire des épreuves pour lui. Il repasserait la patate chaude de son échec à la droite qui se trouverait aussitôt en butte aux fonctionnaires et autres lobbies bien décidés à maintenir les privilèges qu’ils ont su protéger depuis des décennies, une droite qui ne serait pas assurée d’avoir surmonté ses contradictions et pourrait laisser espérer à François Hollande la perspective de gagner un second mandat.

Si ce scénario hante parfois le chef de l’Etat, il peut l’ancrer dans l’idée qu’il n’a pas avantage à se lancer dans une véritable politique de réformes à l’italienne. Il est déjà assuré d’obtenir de l’Europe un nouveau crédit à quelques mois des élections communautaires et il s’offre le luxe d’envoyer à Bruxelles les hommes qui ont échoué à Paris, manifestant ainsi sa désinvolture à l’égard des institutions. Sur le plan intérieur, il continuera bon an mal an à grappiller quelques économies, à distribuer des aumônes aux plus défavorisés, mais la situation du plus grand nombre ne sera pas modifiée. Au demeurant, les quelques mesures d’assouplissement annoncées du fardeau fiscal n’entreront pas en vigueur avant le début de l’an prochain. D’ici là, les d’alourdissements d’impôts votés précédemment feront sentir leur morsure et le pays, rempli de stupeur devant le peu de résonance de son message des urnes, continuera d’être à la diète.

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