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"La femme n'existe plus" de Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent est à retrouver au théâtre du Rond-Point.
"La femme n'existe plus" de Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent est à retrouver au théâtre du Rond-Point.
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De drôles de dames déjantées.

Alya Aglan pour Culture-Tops

Alya Aglan pour Culture-Tops

Alya Aglan est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.)

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THÈME

  • À l’heure où les voix des femmes semblent enfin porter, un scénario d’anticipation projette vers le futur un vaste retour en arrière, réactionnaire et sexiste, d’une société désormais tenue et contrôlée par les pires machistes et prédateurs, inversant les repères, brouillant le langage et les comportements pour augurer du pire dans l’éternel recommencement d’une guerre des sexes radicalisée. 
  • Quatre femmes, entrées en résistance, planifient - dans la clandestinité du sous-sol qui leur sert de logis collectif - des actions commandos d’éclat dans un huis-clos loufoque. 
  • Les unes et les autres empruntent les faux-airs, physiques et moraux, de personnalités connues pour leur engagement féministe : Simone de Beauvoir, Françoise Dolto, Delphine Seyrig et une Virginie Despentes hybride.

POINTS FORTS

  • Le scénario est bien troussé, et des trouvailles de mise en scène donnent une heureuse dynamique aux échanges, servis par des comédiens engagés dans leurs rôles féminin-masculin.
  • Un comique du name-and-shame de l’ère #metoo qui fait sourire par le déploiement d’une logique du monde à l’envers où sont honorées des personnalités - prédateurs sexuels et pédophiles réunis - aujourd’hui décriées, voire en instance de jugement pour accusation d’agressions diverses. 
  • Dans cette future société bien sombre et régie par le machisme le plus rigoureux, s’annonce un combat pour la revendication d’une féminité autonome, sans maternité, contre les hommes ou du moins sans relation avec eux, l’exagération faisant partie des ressorts humoristiques.

QUELQUES RÉSERVES

  • Les limites des effets comiques sont vite atteintes même si la variété des postures et des slogans (souvent inspirés de ceux de mai 68) convoque une certaine poésie des slogans de rue.
  • Mais l’intrigue peine à se développer et laisse finalement un sentiment d’inachevé, comme si les procédés étaient épuisés sans que le récit ne progresse vraiment, avant de s’interrompre de manière abrupte.
  • Enfin, l’exhibitionnisme de l’intimité des femmes comme revendication principale d’une féminité épanouie dans le cadre d’une guerre homme-femme généralisée manque sa cible dès que l’invraisemblable prend le pas sur l’humour et s’enfonce dans la lourdeur du propos, notamment en matière de maternité interdite et d’avortement tellement libre qu’il en devient obligatoire.

ENCORE UN MOT...

  • Si le combat pour l’égalité des droits des femmes et la liberté de vivre comme elles l’entendent est digne d’être poursuivi par tous les moyens, à l’heure de l’intelligence artificielle, l’outrance des revendications poussées à l’extrême produit des effets comiques - à interpréter selon divers degrés. 
  • Mais l’humour s’enfuit dès que l’intrigue se perd en gestes désordonnés où s’emballent les bons mots dans une forme d’incohérence chaotique. Se trouvent ainsi renvoyées dos à dos les féministes combattantes, subversives en manque d’action, et les égéries forcenées de la soumission au pouvoir masculin, les unes et les autres étant également caricaturées.

UNE PHRASE

« Non à l’ambition, oui à la procréation ! »
« Souterraines, mais souveraines. »
« Couvre-femelle » pour couvre-feu
« Les sociologues, je les encule ! »
« On ne peut pas faire des enfants et refaire le monde. »
« Je souris si je veux. »

L'AUTEUR

  • Après un master de philosophie, Céline Fuhrer devient comédienne et complète son travail d’interprétation par la pratique de la contorsion. Elle fonde en 2000, avec Jean-Luc Vincent, la Compagnie L’Antichambre, dont le premier spectacle - Qui Vive - a été créé au Nanterre-Amandiers-Centre dramatique national. Avec J.-L. Vincent, elle participe à la création collective de Prenez garde à son petit couteau, satire politique librement inspirée de Lorenzaccio de Musset, et la pièce est créée au Monfort Théâtre à l'automne 2021. Auparavant, en 2018, elle coréalisa avec Emmanuel Matte un moyen métrage, L'union fait la force (Kazak productions ; Festival du Film Politique, Festival International de Montréal, Festival Fifigrot - Groland). 
  • Jean-Luc Vincent, ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm et agrégé de Lettres Classiques, est également comédien, dramaturge et metteur en scène. Il est l’un des acteurs ayant fondé Les Chiens de Navarre, compagnie avec laquelle il travaille de 2006 à 2016, et dont les spectacles ont beaucoup tourné en France (au Théâtre du Rond-Point et aux Bouffes du Nord) comme à l’étranger (Belgique, Suisse, Québec, New-York). Il travaille comme dramaturge avec le metteur en scène Bernard Lévy depuis 2005, notamment sur Fin de Partie, En attendant Godot (Théâtre de l’Athénée), Histoire d’une vie d'Aharon Appelfeld (Scène Nationale de Sénart), Les Chaises de Ionesco (Théâtre de l’Aquarium, avril 2019), et On ne paie pas ! On ne paie pas ! de Dario Fo en 2021 (MC2 Grenoble). 
    Vincent collabore aussi régulièrement comme dramaturge avec la metteuse en scène d’opéra Mariame Clément pour Barkouf d’Offenbach à l’Opéra National du Rhin, et Carmen à L’Opéra de San Diego. En 2015, Vincent fonde sa propre compagnie, Les Roches blanches, tout en interprétant divers rôles au cinéma.

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