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La déplaisante montée du ghosting sur le marché du travail
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Nouvelle dynamique

Bien souvent, plutôt que d'envoyer un courriel de désistement ou de rejet, candidats et employeurs coupent tout simplement le contact pendant le processus de recrutement. Une pratique de plus en plus courante sur le marché du travail

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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Atlantico : Depuis le début de l’année 2020 et le surgissement de la pandémie, le marché du travail a été bousculé par le télétravail et une nouvelle dynamique entre travailleurs et employeurs s’est instaurée : le ghosting. Quelle est la réalité du ghosting lors du processus sur le marché du travail actuellement ? La part est-elle égale entre employeur et employé à ce propos ? 

Xavier Camby : Oui, il est indéniable que la pandémie a considérablement transformé les comportements professionnels. Notamment par le moyen du télétravail, qui pour beaucoup d'employés a été vécu comme une libération de beaucoup de contraintes passablement artificielles. Et pour les employeurs, certains ont pu apprendre que la confiance payait. Concomitamment à cette pandémie, une autre s'est imposée, commençant au USA, avant de venir en Europe, que certains ont appelé la Grande Démission : entre 30% et 40% des salariés de ce grand pays ont démissionné. Non pas faute d'intérêt pour leurs travaux ou pour leur entreprise mais quittant des pratiques managériales devenues insupportables. C'est aussi l'origine de cette nouvelle réalité qui s'impose de plus en plus et que vous appelez le "goshtung". Tous mes amis travaillant dans des cabinets de recrutement comme les DRH pour lesquels je travaille en attestent : les bons candidats sont nombreux, autant que les belles offres d'emplois pullulent. Mais ces candidats se désistent et retirent leur dossier au moindre soupçon de toxique pression... Et les employeurs se désespèrent de ne plus pouvoir recruter celles et ceux dont ils ont besoin

Les racines du problème viennent-elles d’une relation toxique sur le long terme ? 

Oui. Il existe un fait générationnel antérieur à la pandémie, le phénomène Y, où la quête du -bon- sens et d'une contribution utile et non-prédatrice (non seulement financiaro-financière) dictait l'engagement ou le désengagement des meilleurs. L'évolution se fait désormais légitimement sur le refus de l'envahissement caporalo-administratif, à base d'injonctions négatives, de fausses urgences, de brutales pressions et de systèmes contraignants... Du management militaro-industriel, devenu parfaitement obsolète...

La communauté du recrutement connaît-elle des difficultés actuellement à cause du ghosting ? Comment le marché du travail devrait-il évoluer pour que le problème ne s’étende pas ? 

L'argument premier des candidats pour choisir un employeur - et oui, c'est eux qui désormais se donnent le choix - est le respect de leurs valeurs ! Et nous n'en sommes qu'au début... Une nouvelle notion émerge aussi, qu'un dirigeant exceptionnel (Philippe Ginestet) résume en une évidence laconique : "les employeurs ne sont que les locataires du talent de leurs équipes". Celui qui veut devenir l'employeur de mon talent m'en semble-t-il potentiellement un locataire diligent et respectueux ? Ou bien va-t-il négliger de l'entretenir, voire même le violenter, le défigurer ou le détruire ? De surmenage et stress inutiles, de conflits en violences émotionnelles et urgences inventées

L'enjeu est de taille et seuls celles et ceux qui le comprendront sauront recruter celles et ceux dont ils ont besoin. Et je ne me prive pas de me réjouir de cette novation.

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