La défaite surprise du Haut-Karabakh montre que Poutine n’a plus les moyens de soutenir ses alliés<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président russe Vladimir Poutine rencontre le premier ministre arménien Nikol Pashinyan à Sochi, le 9 juin 2023.
Le président russe Vladimir Poutine rencontre le premier ministre arménien Nikol Pashinyan à Sochi, le 9 juin 2023.
©Ramil Sitdikov / SPUTNIK / AFP

Fragilité

Les forces de maintien de la paix russes ont été contraintes d'admettre leur défaite dans l'enclave arménienne du Haut-Karabakh, dont le contrôle est revenu à l'Azerbaïdjan après une offensive militaire de 24 heures qui a coûté la vie à un officier supérieur russe.

Viatcheslav  Avioutskii

Viatcheslav Avioutskii

Viatcheslav Avioutskii est spécialiste des relations internationales et de la stratégie des affaires internationales.

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Atlantico : La Russie, traditionnel poids lourd dans le Caucase et alliée de l'Arménie, est affaiblie par l'invasion russe en Ukraine. Les Russes n’ont plus les moyens d’assurer la paix dans cette région ? 

Viatcheslav Avioutskii : Les unités d’élite russe situées dans ces régions depuis 2010 ont été déplacées sur le front ukrainien. Moscou n’a plus les moyens d’assurer la sécurité, sans compter qu’il y a un virage de la Russie par rapport à l’Arménie. Il y a un conflit car l’Arménie évolue davantage vers un modèle européen, occidental à la suite de la révolution démocratique. L’Arménie commence à évoluer géopolitiquement hors de l’orbite russe. Les Arméniens se sont sentis abandonnés par les Russes après la guerre de 2020. Aujourd’hui, les Arméniens sont en train de perdre leurs positions dans le Haut-Karabakh qui n’était protégé que par la Russie. Une partie de l’opinion publique arménienne considère avoir été lâchée par Moscou et pense que la Russie a voulu les punir de l’élection de Nikol Pachinian qui n’était pas le candidat choisi par le Kremlin.

Dans le Haut-Karabakh, il y a un changement géopolitique et un changement de rapport de force. D’un côté, l’Azerbaïdjan est en train de réaliser le rapport de force favorable par rapport aux Arméniens. De l’autre côté, Vladimir Poutine est dépassé par sa rivalité avec la Turquie qui soutient les Azéris. Poutine cède la place dans le Caucase où il était considéré comme le seul maître. 

Cette incursion azerbaïdjanaise s’est traduite par une guerre éclair de 24h. Bakou se sent pousser des ailes et n’a plus peur du grand frère russe ? 

L’influence russe est en perte de vitesse dans les anciennes républiques de l’URSS. Pas seulement en Arménie, l’Azerbaïdjan aussi. Les Azéris ont pris le parti de l’Ukraine dans la guerre ne l’oublions pas. Le fait que Ilham Aliev ait osé utiliser la force pendant cette guerre éclair signifie aussi que les Azéris se positionnent contre la Russie dont l’Influence est très écornée. Les Azéris sont soutenus par les Turcs qui ont une relation complexe avec la Russie. Ils veulent le corridor de Zangezur, tout au sud du pays, pour relier l’enclave du Nakhitchevan directement à l’Azerbaïdjan. 

Tout ça va à l’encontre du discours officiel de Vladimir Poutine qui explique qu’il a des alliés. Sa contre-organisation à l’OTAN n’est qu’un fantôme ?

La Russie a négocié avec la Turquie l’abandon progressif du Haut-Karabakh. Les Russes jouent sur l’affaiblissement de Nikol Pachinian. Ils veulent trouver un candidat pro-russe qui va accepter une solution grâce à laquelle les Azéris pourraient récupérer le corridor de Zangezur. 

La réalité c’est que la Russie ne peut plus contrôler toute la zone du Caucase. Les ouvertures de Erevan aux Etats-Unis et à l’Union européenne inquiètent beaucoup Moscou. Tous ses anciens amis, comme le Kazakhstan, sont très inquiets des méthodes violentes de Poutine en Ukraine.

Poutine perd son influence. Il cherchait à renforcer son contrôle dans l’espace post-soviétique et c’est tout le contraire. En 2014, quand Poutine annexe la Crimée, il était membre du G8. Maintenant, il fait partie du groupe des trois exclus : La Corée du Nord, l’Iran et lui-même. Il est passé du club de l’influence mondiale à plus grand-chose. Sa zone d’influence est en train de disparaître.

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