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Volodymyr Zelensky a déclaré lors d’un entretien qu’il manquait de munitions et a sollicité une nouvelle fois l'aide occidentale.
Volodymyr Zelensky a déclaré lors d’un entretien qu’il manquait de munitions et a sollicité une nouvelle fois l'aide occidentale.
©MANDEL NGAN, MIKHAIL METZEL / AFP / SPUTNIK / AFP

Livraisons d'armes

Les militaires ukrainiens s’inquiètent notamment d’une pénurie d’armes, de munitions et de retards dans les livraisons promises.

Jérôme Pellistrandi

Jérôme Pellistrandi

Le Général Jérôme Pellistrandi est Rédacteur en chef de la Revue Défense nationale.

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Atlantico : Alors que les forces russes se rapprochent de plus en plus de leur objectif de prendre Bakhmout, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré lors d’une interview qu’il manquait de munitions pour mener à bien à bien les opérations militaires de son armée. Les livraisons occidentales ont-elles vraiment été réduites ces dernières semaines ? 

Jérôme Pellistrandi : Absolument pas, je pense qu’il s’agit plutôt d’une rhétorique du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. D’ailleurs, le secrétaire général de l’OTAN a affirmé que 230 chars et 1500 véhicules blindés ont été livrés par les Occidentaux à l’Ukraine. Cela représente une masse de manœuvre très conséquente, même si tous les équipements promis n’ont pas encore été livrés, comme des chars Léopard. Cela s’explique par le fait que certains pays doivent remettre en état certains de leurs équipements, mais il faut également former les équipages ukrainiens avant de transférer ces chars en Ukraine, ce qui prend beaucoup de temps. Les munitions sont quant à elles un goulot d’étranglement pour les Ukrainiens, les Occidentaux, mais aussi pour les Russes. Je pense que le discours du président Ukrainien est destiné à son opinion publique mais aussi à ses partenaires occidentaux. Le message consiste à dire qu’il faut se dépêcher d’effectuer les livraisons promises, ce qui est caractéristique du principal défi des deux belligérants, à savoir une course contre la montre. On voit d’ailleurs sur le terrain que la consommation de munitions d’artillerie a considérablement diminué à des fins d’économie avant la fameuse contre offensive, qui demande beaucoup de matériel et d’hommes.  

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Cette contre-offensive ukrainienne n’est donc pas remise en question à cause d’un éventuel manque de munitions ?

Pas du tout. Nous sommes pratiquement début mai et si la contre-offensive n’a pas été lancée, c’est parce que nous entrons dans une phase de transition : les Ukrainiens économisent leurs forces et les Russes entrent dans une phase défensive, hormis à Bakhmut. L’initiative sera donc probablement du côté ukrainien, si cette fameuse contre-offensive a bien lieu. Le conflit actuel dure depuis plus de 14 mois et l’Ukraine a réussi à reconstituer une partie importante de ses forces. Pour autant, il n’y aura pas de grande opération tant que Kiev ne peut pas imposer un rapport de force favorable, le but étant de favoriser la masse avec un grand nombre de chars, de soldats et de munitions. On sait que les équipements fournis par les Occidentaux représentent l’équivalent de 9 brigades blindées. Pour l'heure, il faut donc poursuivre l’entraînement des forces ukrainiennes et de nombreuses inconnues demeurent.  

Faut-il craindre un affaiblissement du soutien occidental si cette grande offensive ukrainienne ne porte pas ses fruits au cours de l’année ?

Il faut bien comprendre que cette offensive serait comparable à un fusil à un coup. En cas d’échec, l’Occident n’aurait plus les moyens de préparer une seconde offensive. Cela signifie que tous les moyens occidentaux sont utilisés au profit des ukrainiens, on le voit à travers les livraisons de canons Caesar par exemple. De plus, la fabrication de blindés ou d’obus de 155mm, si chers à Kiev, ne se décrète pas en quelques semaines.

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