L’indépendance de l’Ecosse pourrait-elle avoir le même effet détonateur que la faillite de Lehman Brother en 2008 ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un militant pour l'indépendance de l'Ecosse.
Un militant pour l'indépendance de l'Ecosse.
©Reuters

Ecosse : système financier en suspens

Le 18 septembre 2014, les Écossais seront appelés aux urnes dans le cadre d’un référendum historique, néanmoins de nombreux économistes s'inquiètent de l'impact sur le système financier dans son ensemble, notamment depuis l'annonce de la Royal Bank of Scotland d'une éventuelle délocalisation de son siège social en Angleterre en cas d'indépendance de L'Ecosse.

Jean-Michel Rocchi

Jean-Michel Rocchi

Jean-Michel Rocchi est président de Société, auteur d’ouvrages financiers, Enseignant à Sciences Po Aix et Neoma.

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Grand séisme ce week-end pour les britanniques, un sondage donnant une légère avance aux partisans du "yes" dans le cadre de la campagne du referendum sur l'indépendance écossaise. En quelques semaines, l'indépendance de l’Ecosse n'est plus une idée farfelue mais est devenue une réelle possibilité encouragée par un certain nombre d'arguments pertinents de la part des partisans. Néanmoins cette forte déchirure entre Ecossais et Anglais pourrait engendrer de fortes turbulences notamment concernant la situation des banques... La Royal Bank of Scotland ayant prévenu jeudi 11 septembre dernier qu'elle déplacerait son siège social- actuellement à Edimbourg- en Angleterre si l'Ecosse choisissait l'indépendance lors du référendum historique du 18 septembre.

De plus, Un rapport du Crédit Suisse estime qu'une indépendance de l'Ecosse entraînerait des turbulences considérables sur le système financier britannique, en plus de la délocalisation des banques en Angleterre, le risque d'un crédit bancaire en Ecosse est accru, la création d'une monnaie qui lui est propre, et d'une banque centrale autonome, un accroissement de sa souveraineté monétaire: ces turbulences pourront également engendrer une baisse de l'emploi Ecossais, le capital,les activités économiques se déplaceront principalement vers l'Angleterre , provoquant alors un cercle vicieux pour son système financier comme nous l'indique le graphique ci-dessous.

À l'origine de ces turbulences, l'incertitude quant à la monnaie que se choisirait l'Ecosse. Comme l'explique Jean-Michel Rocchi, professeur affilié de Finance à l’université Paris-Dauphine, "il y a quelques années les Américains avaient promis la fin du monde en cas de vote séparatiste du Québec. De nombreuses personnes âgées de la Belle Province avaient voté contre l'indépendance par crainte de voir leurs retraites ne plus etre payées ! Au-delà de l'Ecosse, l'Union Européenne craint ensuite pour les séparatistes catalans de l'ANC. En France pourtant pays centralisé s'il en est on peut compter des séparatistes très divers à l'influence réelle très variable : Bretons, Basques, Corses, Alsaciens, Savoyards, voire nostalgiques de la République de Marseille du premier consul Charles de Casaulx (Etat envahi par les français en 1596) ... Durant l'entre-deux guerre les membres du Breiz Atao (Bretagne Toujours) commettent des attentats en France bien avant ceux du FLB. Olier Mordel et François Debeauvais sous l'occupation ont aussi cherché avec l'appui des nazis à créer une Bretagne indépendante inféodée au IIIe Reich. Au-delà des risques réels du nationalisme et souvent des fantasmes, il faut raison garder". Il est néanmoins difficile de prédire l'impact économique de ce "non" écossais à l'heure actuelle, il s'agit d'une prédiction d'un risque de récession émis par UBS. "Je suis un peu sceptique sur le catastrophisme financier lié à des scissions. Cela ressemble beaucoup à des manipulations publiques pour éviter les tentations séparatistes", ajoute Jean-Michel Rocchi, et de préciser, qu'"en dépit des cassandres que la dernière scission survenue au sein de l'Union Européenne s'est passée dans le calme et sans violence. En novembre 1992 l'assemblée fédérale tchécoslovaque vote la partition et effectivement le 1er janvier 1993 naissent dans l'indifférence, d'une part la République Tchèque et d'autre part la Slovaquie."

Les dirigeants politiques britanniques ont de leur côté écarté toute union monétaire entre le reste du Royaume-Uni et l'Ecosse si elle optait pour l'indépendance, et le secteur financier se demande qui assurerait la fonction de prêteur de dernier ressort (actuellement la BoE) pour les établissements restés au nord. "Tout d'abord la monnaie de l'écosse étant la livre (pound) elle n'aura d'impact que sur la Bank of England et pas sur la zone euro et la BCE (en tout cas pas directement). La mise en œuvre en cours de l'Union Bancaire qui va transférer la supervision des grandes banques européennes de la zone euro à la BCE ne sera donc pas non plus impactée. En fait le risque porte davantage selon moi sur les échanges internationaux l'Union Européenne en tant qu'union douanière et zone de libre échange est fondée sur le développement des échanges intra-communautaires."

Le FMI s'inquiète d'une victoire du "oui" au référendum, qui, estime-t-il, serait "source d’incertitude" économique et pourrait notamment susciter des "réactions négatives" sur les marchés. "Je ne crois absolument pas à une crise internationale déclenchée par l'indépendance de l'Ecosse. C'est à l'évidence une fable inventée par les partisans du statu quo du Royaume-Uni qui sont également soutenus par les partisans de l'intangibilité des frontières en Europe : Conseil Européen, Commission Européenne, diplomates ... A l'inverse, au regard de l'actuelle crise ukrainienne on ne peut pas non plus leur donner entièrement tort de vouloir préserver les frontières. On ne peut pas néanmoins faire un amalgame entre les guerres civiles et les évolutions pacifiques", affirme Jean-Michel Rocchi.

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