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L’incroyable pétition pour maintenir les cloches aux cous des vaches des alpages
©Reuters

La vache !

Mais pourquoi diable vouloir imposer ses règles lorsque l’on s’installe à la campagne ? Dans la petite commune de Le Biot en Haute-Savoie, se joue en ce moment un conflit symptomatique de l’incompréhension ville-campagne, celui du maintien, ou non, des cloches aux cous des vaches.

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey est journaliste et auteur de « Tu m’as laissée en vie, suicide paysan veuve à 24 ans ».

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WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

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Pétition contre pétition ! D’un côté, 12 propriétaires (dont 11 en résidences secondaires) ont fait parvenir leur pétition au maire de Le Biot (546 habitants au dernier recensement) pour faire cesser le bruit du tintement des cloches de vaches. De l’autre, les éleveurs mécontents ont lancé leur propre pétition en ligne, pour réclamer le maintien des cloches, et obtiennent en ce moment des dizaines de milliers de signatures ! Le prochain conseil municipal de la commune, le 13 octobre, promet d’être chaud...

Cette affaire fait grand bruit, à la fois localement et sur les réseaux sociaux. Localement, tout le monde comprend qu’il y va de la survie du monde rural, et de ses pratiques pastorales. Mais les réactions ne viennent pas forcément de là où les attend ou espère. Politiquement, seul un élu du Front National, Dominique Martin, a réagi : n’y aurait-il que le FN pour s’offusquer des atteintes aux valeurs du monde rural ? C’est sans doute dommage de laisser ce champ-là à cet unique parti, car derrière cela revient aussi à risquer de se désintéresser durablement de la ruralité au prétexte que le FN y est positionné...

Sur les réseaux sociaux, ce sont les éleveurs et agriculteurs qui font suivre le lien vers la pétition réclamant le maintien des cloches. Et cela, partout en France. Ils participent ainsi grandement à l’ampleur que prend cette pétition, qui grandit si vite qu’il est impossible de donner un chiffre de signataires, forcément devenu obsolète au moment où vous lirez ces lignes. Cela se compte en dizaines de milliers, le chiffre des 100 000 devant être franchi ce dimanche matin, et explosera ensuite.

Quel est l’enjeu ?

Ces dernières années, les attaques envers les pratiques agricoles ou rurales se multiplient. Bien souvent, c’est le tribunal direct ; dans le cas de Le Biot, au moins, on passe par une étape intermédiaire, une pétition remise au maire. Ce n’est pas la première fois que le tintement des vaches est ainsi attaqué et, tenez-vous bien, les jurisprudences existent dans les deux sens ! La loi autorise donc tout aussi bien à conserver les cloches qu’à les retirer. Le chant matinal des coqs a également fait l’objet d’un invraisemblable débat, de même que le coassement des grenouilles dans une mare. On peut citer également le bruit du cliquetis d’un arroseur à céréales, posé une jour par an seulement à moins de 100 mètres de l’habitation du plaignant... Et cette liste est loin d’être exhaustive.

De plus en plus, la ville s’étale et rejoint la campagne. Ou alors, des citadins recherchent « la tranquillité » de la campagne, et se montrent prêts à tout pour l’obtenir et la conserver. Cette « tranquillité », pour eux, signifie le silence total. Il ne leur serait jamais venu à l’idée d’attaquer leur propriétaire en justice parce leurs murs d’appartements urbains laissent passer les sons émis par leurs voisins. En revanche, ils attaquent les éleveurs, présents sur les lieux depuis des générations pour la plupart, et dont les pratiques sont aussi garantes de l’entretien paysager qui les attire en ces lieux, et au moindre coût écologique.

La pétition de réaction correspond donc à un ras-le-bol face à cette attitude de colons. Les exemples sont trop nombreux et, pris un par un, laissent l’opportunité aux plaignants anti élevage ou autres pratiques agricoles ou rurales de gagner du terrain. Oh, bien sûr, certains éleveurs aussi doivent faire des efforts, mais davantage par rapport à ces incommodantes bouses de vaches que pour leur avoir laissé des cloches autour du cou. Mais dans cet autre cas (qui n’est pas celui de Le Biot), où donc les vaches doivent traverser le village entre ferme et pâturage et laissent derrière elles leurs déjections, le plus souvent des solutions existent en terme de territoire, à voir avec des élus municipaux compréhensifs. Heureusement, ils existent !

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