L’immigration atteint aussi de nouveaux records aux Etats-Unis et voilà ce que ça révèle de l’impact des politiques migratoires <!-- --> | Atlantico.fr
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Des migrants attendent d'être transportés par les agents de la patrouille frontalière américaine à la frontière américano-mexicaine le 12 mai 2023 à El Paso, au Texas.
Des migrants attendent d'être transportés par les agents de la patrouille frontalière américaine à la frontière américano-mexicaine le 12 mai 2023 à El Paso, au Texas.
©JOHN MOORE Getty Images via AFP

Appel d'air ?

En 2022, les Etats-Unis ont accueilli autant d’immigrés qu’au cours des quatre dernières années.

Jean-Paul Gourévitch

Jean-Paul Gourévitch

Jean-Paul Gourévitch est écrivain, essayiste et universitaire français. Il a enseigné l'image politique à l'Université de Paris XII, a contribué à l'élaboration de l'histoire de la littérature de la jeunesse et de ses illustrateurs par ses ouvrages et ses expositions, et a publié plusieurs ouvrages consacrés à l'Afrique et aux aspects sociaux et économiques de l'immigration en France. Il a notamment publié La France en Afrique 1520-2020 (L'Harmattan), La tentation Zemmour et le Grand Remplacement (Ovadia 2021), Le coût annuel de l'immigration (Contribuables Associés 2022).

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Atlantico : Aux Etats-Unis, l’immigration progresse au point d’atteindre des nouveaux records. Il faut dire que, depuis l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, la politique n’est plus la même : sous l’administration de Donald Trump, les arrivées ont considérablement ralenti avant de reprendre au terme de son mandat. En 2022, explique la NPR sur son site, le pays a accueilli autant d’immigrés qu’au cours des quatre dernières années. Pourtant, les textes de loi en eux-mêmes n’ont pas changé. Comment l’expliquer ? Est-ce le discours d’ouverture de Joe Biden qui engendre un appel d’air ?

Jean-Paul Gourévitch : Globalement les migrants ne s’occupent pas des lois mais de leur urgence. Nous ne sommes plus dans un processus d’immigration choisie par le pays d’accueil mais d’une immigration choisie par les migrants eux-mêmes qui pratiquent ce que j’ai appelé le « shopping migratoire » : se rendre dans le pays où ils trouveront le plus d’avantages et le moins d’inconvénients. C’est humain et c’est d’ailleurs ce que nous faisons nous même dans nos choix de courses ou de voyages.

Le processus est particulièrement visible quand les migrants ont plusieurs pays de destination possible. Mais quand ils sont limités vcomme c’est le cas pour ceux qui viennent du Mexique, des Caraïbes ou d’Amérique Centrale, ils choisissent le moment le plus approprié en fonction de l’attitude du gouvernement du pays d’accueil. De ce point de vue un discours d’ouverture ou laxiste est plus encourageant que la référence à un mur protégeant les frontières.

En France aussi, les postures politiques et les discours créent-ils des appels d’air plus forts que les dispositions légales, en matière d’immigration ? Dans quelle mesure cela peut-il être utilisé par des figures politiques qui souhaitent pouvoir afficher à leur électorat une certaine fermeté… sans pour autant fermer complètement les vannes à l’immigration ?

La France est une destination très appréciée sur le plan de l’éducation, de la santé, de l’accès aux prestations sociales, de la présence de diasporas importantes et d’associations de défense des migrants disposant d’un réseau efficace, de la possibilité d’un long séjour avec un titre de séjour généreux ou une régularisation après coup, d’une faible exigence de connaissance de la langue, d’une absence de taxation des transferts de fonds. Elle l’est beaucoup moins pour la formation, l‘accès à l’emploi, la rémunération, la bonne entente avec les « natifs ». Elle ne l’est pas du tout en matière de logement. Les migrants font donc leur « shopping migratoire ». Evidemment les leaders politiques instrumentalisent les phénomènes migratoires en fonction de leur électorat comme on le voit avec la radicalisation du discours de Jean-Luc Mélenchon,de plus en plus immigrationniste et pro-musulman.Ceux qui voudraient ménagerla chèvre et le chou se trouvent, en période de crise migratoire forte comme c’est le cas aujourd’hui, accusés de ne pas avoir une politique ferme ou même pas de politique du tout.

En France, les mesures répressives à l’encontre de l’immigration rencontrent un fort soutien de la part de la population (7 sondés sur 10 s’y disent favorables d’après un récent sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro). De même, près de 8 Français sur 10 rejettent la politique appliquée par le gouvernement. Celui-ci s’apprête à répondre par une nouvelle loi sur la question. Compte tenu de ce qui a pu être évoqué précédemment, n’est-ce pas passer à côté (partiellement, à tout le moins) du problème ?

Ce que vous dites des sondages est exact mais mon travail est scientifique et non politique. Je m’efforce de faire un état des lieux sourcé et documenté, de chiffrer les coûts des migrations avec une balance recettes-dépenses et une approche de la rentabilité des investissernentsconsentis par l’état,de développerles différents scénarios du futur proche avec leurs conséquences. Il ne m’appartient pas de porter des jugements a priori sur l’existence d’une loi dont tout le monde ignore à peu près le contenu exact.

Quel est le poids de la loi dans cette équation ?

La croyance qu’une loi sera respectée par tous et appliquée est un leurre. La fraude dans toutes ses composantes représente aujourd’hui 300 à 500 milliards d’euros soit entre 12 et 18% du PIB. Dans certains quartiers le nombre de ceux qui montent dans les transports en commun de surface sans billets est supérieur à celui de ceux qui paient. Les contrôleurs ont quasi disparu et les conducteurs ont autre chose à faire que de verbaliser. Les entreprises de transport public comme la RATP s’en lavent les mains et l’Etat n’intervient pas puisqu’en définitive c’est le contribuable qui acquitte la note. Sauf qu’en développant le désir et le plaisir de la transgression, on encourage l’insubordination.

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