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L’explosion durable des prix de l’énergie va imposer le nucléaire comme la source la moins chère et la plus propre de la planète
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Atlantico Business

L’électricité n’est pas épargnée par la hausse des prix de l’énergie, alors que la France dispose du nucléaire qui pourrait nous garantir une énergie peu chère, durable et décarbonée, c’est à dire propre. Encore faut-il croire au nucléaire ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L‘industrie nucléaire est tellement chargée de fantasmes négatifs qu’on en arrive à tourner le dos à une source d’électricité qui est objectivement la moins chère en production et surtout la plus capable de nous garantir une autonomie, une indépendance et une neutralité carbone que les militants du climat réclament à juste titre. La seule énergie qui pourrait permettre à la planète de réconcilier l’impératif de croissance et la contrainte de l’écologie. 

Ce qui est intéressant, c’est que le débat qui s’est ouvert dans la classe politique autour du prix de l’électricité va demander de réexaminer les avantages du nucléaire.

La situation qui nous est imposée actuellement est assez paradoxale, puisque notre électricité est impactée par la hausse des prix du pétrole et du gaz sur les marchés mondiaux, alors que nous devrions bénéficier d’une des électricités les moins chères. Cherchez l’erreur.

Ce débat touche aussi bien le pouvoir d’achat des ménages que les marges des entreprises ; mais devient aussi un débat européen, puisque la France devrait porter la voix de ses intérêts et des enjeux environnementaux au prochain Conseil européen de la mi-octobre.

Après deux augmentations en 2021, le tarif réglementé de l’électricité va encore augmenter en début d’année prochaine, mais la hausse a été plafonnée à 4%. C’est du moins la promesse faite par le Premier ministre la semaine dernière. 

Près de 70% des consommateurs sont soumis au tarif réglementé de l’électricité, tandis que les autres bénéficient soit d’une offre à prix bloqué – et selon le prix, ceux-là peuvent être protégés, soit ils sont soumis, comme les entreprises, au prix de marché, les prix dits de gros qui se négocient sur un marché européen.

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L’industrie a déjà subi des hausses de cout de production, car elle achète elle-même beaucoup plus cher son électricité sur ce marché de gros. Le mégawattheure dépasse les 100 euros alors qu’il était encore à 80 euros début août.

Le coût de production globale de l’électricité est plus faible en France que la moyenne européenne, puisque les deux tiers de ce que nous consommons sont issus du nucléaire, qui est une des énergies les moins chères du marché. 

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En réalité, le cout de production de l’électricité nucléaire est entre 30 et 40 % moins cher que le prix de l’électricité issue des centrales au gaz, au fuel, encore moins cher que l’électricité éolienne ou solaire. En prix de revient. Mais là où le problème se complique, c’est qu’entre le prix de revient et le prix payé par le consommateur, il y a plusieurs obstacles, qui empêchent un prix bas de l’électricité : 

Premier point : la formule de calcul du prix del’électricité, globalement un tiers du prix de production, un tiers du prix de l’acheminement et un tiers de taxes.

Pour tarifer la production d’électricité, la Commission de Régulation sur l’Energie regarde ce qu’il se passe sur le marché français, mais aussi sur le marché européen. 

Il y a le prix de revient du nucléaire – qui fait baisser le total, mais on doit aussi prendre en compte les prix des autres sources de production européenne – charbon, gaz - car nos fournisseurs d’électricité peuvent s’approvisionner dans ces autres pays. Les règles communautaires veulent qu’on regarde le mix européen en plus du mix national, ce qui rend le prix payé par les consommateurs français dépendants de l’évolution des tarifs du gaz et du charbon, alors que la France produit moins de 1% de son électricité via des énergies fossiles.

Par ailleurs, ces tarifs sont fortement taxés, ce qui fait monter la facture finale. La TVA compte pour 17% du prix, auxquels il faut rajouter des taxes supplémentaires, qui pèsent au total pour un tiers du prix de la facture.

Deuxième point, l’utilisation croissante d’énergies renouvelables dans le mix énergétiqueest responsable de la hausse et de l’instabilité des prix. L’éolien ou le solaire sont dépendants des conditions météorologiques. Cette année, des vents très faibles en Mer du Nord ont ralenti la production d’électricité par les éoliennes. Pour compenser, l’Allemagne, notamment, a dû rallumer les centrales à charbon et à gaz, deux matières premières dont le coût a par ailleurs beaucoup augmenté. 

Même si le cout de production de l’éolien et du solaire (60 euros en moyenne le kilowatt) tend à diminuer depuis plusieurs années, grâce à l’effet de taille, l’instabilité de production du renouvelable engendre une instabilité de production.

La prochaine bataille en Europe, lors du sommet du 20 octobre, va donc tourner autour de ces prix de l’énergie et de la façon dont ils sont calculés.  

Le gouvernement français a tout intérêt à prôner la modération des prix, ce qui passera par une plus grande personnalisation des prix de l’énergie en fonction du mix national. 

L’occasion est donc unique pour le gouvernement français de rappeler que le nucléaire lui permet de produire l’énergie la moins chère et « la plus écologique ».

Il lui faudra absolument trouver les arguments pour ceux qui remettront en cause la solidarité européenne et qui paieraient plus cher l’électricité si l’on ne faisait pas de moyenne européenne. 

L’Allemagne aurait dû être le chef de file de ces pays, puisque c’est le pays en Europe où les tarifs sont les plus élevés – mais malheureusement faute de gouvernement en place, sa voix pourrait ne pas être assez forte. La France et son nucléaire ont une vraie carte à jouer.

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