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Un tournesol est photographié près de la centrale nucléaire de Chinon à Avoine, dans le centre de la France, le 8 juillet 2020.
Un tournesol est photographié près de la centrale nucléaire de Chinon à Avoine, dans le centre de la France, le 8 juillet 2020.
©GUILLAUME SOUVANT / AFP

Bonnes feuilles

Fabien Bouglé publie « Nucléaire : les vérités cachées, Face à l'illusion des énergies renouvelables » aux éditions du Rocher. Électricité propre et décarbonée, le nucléaire est une solution stratégique pour lutter contre les modifications climatiques. Alors que cette source d'électricité avait mauvaise réputation depuis la catastrophe de Tchernobyl, et que les impasses des énergies dites renouvelables sont de plus en plus évidentes, les mentalités changent, jusque parmi les écologistes. Un tri salutaire entre idées reçues et réalités s'impose. Extrait 1/2.

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé est un expert sur les questions énergétiques. Il est l'auteur de "Guerre de l’Energie au cœur du nouveau conflit mondial" (2023), "Nucléaire : les vérités cachées" (2021) et "Eoliennes : la face noire de la transition écologique" (2019), publiés aux éditions du Rocher.

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S’il est parfaitement avéré que les centrales nucléaires peuvent réellement poser des questions pour le traitement des déchets nucléaires, il n’est pas possible en revanche de les accuser d’émettre des gaz à effet de serre ou de participer au dérèglement climatique. Aussi la question du bilan carbone d’une centrale nucléaire est-elle fondamentale –  et encore faut-il là l’éclaircir tant il existe une véritable désinformation sur le sujet. Pour ce faire, il convient d’analyser le bilan carbone du nucléaire en comparaison avec celui des autres sources d’électricité: les usines hydroélectriques, les centrales thermiques fonctionnant aux énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon)‚ ou les usines électriques intermittentes comme les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques.

Il ne faut pas oublier que ce sont aujourd’hui les centrales électriques aux énergies fossiles au gaz, pétrole et charbon qui provoquent l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Ainsi‚ selon Scott Foster et David Elzinga de l’ONU:

« Les combustibles fossiles représentent[-ils] actuellement 80 % de la demande énergétique primaire dans le monde et le système énergétique est[-il] la source d’environ deux tiers des émissions mondiales de CO2. »

L’importance des émissions de gaz à effet de serre par l’utilisation des énergies fossiles –  gaz, pétrole et charbon  – est par ailleurs confirmé dans les études publiées dans le Global Carbon Budget 2019. Si bien que – et cela a été reconnu internationalement par de nombreuses personnalités et institutions comme le GIEC  – le développement des centrales nucléaires est aujourd’hui perçu comme une solution parfaitement adaptée à la lutte contre le réchauffement climatique‚ en raison de son action parfaitement décarbonée.

Pour rappel‚ le bilan carbone consiste à évaluer les émissions de gaz à effet de serre qui vont être produites au cours de la construction d’une centrale nucléaire ou de toute autre unité de production électrique et de toute leur exploitation. Le bilan carbone prendra en compte tout le carbone qui sera rejeté dans l’atmosphère par l’usine électrique‚ et également celui qui sera émis à cause de son fonctionnement, de sa fabrication, du transport des matériaux nécessaires à sa fabrication ou des combustibles, jusqu’au démantèlement et au recyclage des matériaux récupérés. À toutes ces étapes, il y a émission de gaz à effet de serre‚ et le bilan carbone sert à calculer les émissions de carbone par kilowattheure produit.

Ce bilan carbone est réalisé à l’aide de ce que l’on appelle l’analyse de cycle de vie. La fondation Nicolas Hulot définit ce concept de la manière suivante:

« L’analyse de cycle de vie (ACV) d’un produit vise à évaluer systématiquement les effets environnementaux de la vie du produit “de son berceau à sa tombe”, c’est-à-dire d’évaluer les flux (de matières ou d’énergie) entrant et sortant à chaque étape de la vie d’un produit, depuis l’extraction des matières premières jusqu’aux déchets ultimes. Les ACV sont normalisées notamment par les normes internationales ISO 14040 et 44. »

Selon l’ingénieur blogueur Kevan Saab, adepte de la vérification des informations et de leur authenticité et auteur d’articles sur le sujet, il s’agit:

« de calculer l’ensemble des impacts environnementaux d’un objet ou d’un processus, de sa conception jusqu’à sa fin de vie, généralement en matière de quantité de matériaux bruts ou d’énergie utilisés ou encore de gaz à effet de serre (GES) émis. »

Afin d’avoir une vision comparative des bilans carbone des différentes sources d’électricité, nous avons constitué un tableau comparatif basé sur différentes sources et méthodes de calcul de bilan carbone. Dans ce tableau‚ le bilan carbone est établi en grammes de CO2 par kilowattheure soit gCO2 eq/kWh, ce qui correspond à la quantité de CO2 émis pour produire 1 kilowattheure d’électricité.

Pour constituer ce tableau nous avons pris comme références:

- L’étude Sovacool34 de l’Université de Singapour qui est une compilation de plusieurs calculs de bilan carbone par sources d’électricité, nous avons pris comme référence le chiffre moyen de cette étude;

- le rapport de l’ADEME de 201335 ;

- le rapport du GIEC de 201436 –  en reprenant la médiane d’émission – ;

- L’étude du chercheur indépendant Kevan Saab37 de 2014 prenant en compte l’intermittence de certaines sources d’électricité.

Voici la synthèse de ces travaux :

(Chiffres donnés en grammes de CO2 par kilowattheure soit gCO2 eq/kWh)

Les données apportées par ce tableau et contenues dans des rapports officiels nationaux et internationaux nous apportent de nombreux éclairages sur les émissions de gaz à effet de serre provoquées par les centrales nucléaires. D’après les chiffres de l’ADEME en France et du GIEC à l’échelle internationale, le nucléaire est le mode de production le moins émetteur de gaz à effet de serre, au coude à coude avec les éoliennes et l’hydroélectricité. En comparaison avec les usines thermiques, les centrales nucléaires ont un impact environnemental minime. En moyenne, les centrales nucléaires ont un bilan carbone de 6 à 12 gCO2 eq/kWh… là où les usines électriques au charbon ou au gaz se situent entre 500 et 1 000 gCO2 eq/kWh.

Cela confirme à quel point l’idée reçue que le nucléaire participerait au réchauffement climatique est fondée‚ non pas sur des informations fiables‚ mais sur une impression, un sentiment construit et diffusé par les fausses informations des activistes antinucléaires. Du reste‚ par la seule lecture des cartographies d’émission de gaz à effet de serre publiées par des sites internet spécialisés comme electricitymap.org ou par des spécialistes de la question, il est possible de constater que la France‚ avec son parc électronucléaire‚ est membre des pays les plus vertueux d’Europe et du monde en matière d’émission de gaz à effet de serre. À comparer avec l’Allemagne qui‚ avec sa production d’électricité au charbon et aux éoliennes‚ est l’un des très mauvais élèves‚ avec une production de gaz à effet de serre près de 10 fois supérieur à la France!

Ce chiffre a d’ailleurs été parfaitement confirmé par Sylvain David, chercheur du CNRS à l’institut de physique nucléaire d’Orsay : « Il y a effectivement un facteur 10 sur le taux d’émission de CO2 par KWh: la France est autour de 50 grammes, l’Allemagne entre 400 et 600 selon les années. »

Dans le plan pluriannuel de l’énergie français, publié en décembre 2019, le gouvernement a réutilisé le chiffre publié par l’étude de 2008 de Sovacool en situant les émissions de gaz à effets de serre pour les centrales nucléaires françaises à 66 gCO2 eq/kWh.  Ce chiffre utilisé par le gouvernement a été vivement contesté par des spécialistes nucléaires‚ car il est erroné. En effet, d’une part ce chiffre ne vient pas d’un calcul d’analyse de cycle de vie respectant les règles ISO 14040 et 44 mais d’un calcul global international ne correspondant pas du tout à la spécificité française: en effet, la France a fait d’importants efforts dans le domaine du traitement énergétique du combustible d’uranium qui a conduit à une baisse notable du bilan carbone des centrales nucléaires françaises – situées aujourd’hui plutôt autour des 6 gCO2 eq/kWh‚ ce qui est particulièrement bas.

D’autre part‚ Kevan Saab souligne dans son étude comparative que les chiffres donnant le bilan carbone des centrales nucléaires et des éoliennes ne prennent pas en compte le caractère intermittent des secondes. En effet‚ le facteur de charge (voir encadré) des centrales nucléaires en activité est de l’ordre de 75 à 85 %: elles produisent donc de 75 à 85 % de leur capacité maximale de production environ. Remarquons que les chiffres sont plutôt à la baisse ces deux dernières années en raison de la politique d’entretien de ces dernières. Ainsi‚ en 2019, le facteur de charge de l’ensemble des centrales nucléaires françaises était-il de 68,62 % – en prenant en compte celles à l’arrêt pour entretien. À titre de comparaison, le facteur de charge moyen annuel de l’ensemble des centrales éoliennes françaises se monte en 2019 à 24,7 % soit seulement un quart de leur capacité maximale de production.

Extrait du livre de Fabien Bouglé, « Nucléaire : les vérités cachées, Face à l'illusion des énergies renouvelables », publié aux éditions du Rocher

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