L’Europe a vraiment besoin de réduire sa consommation d’énergie et voilà les scénarios qui pourraient être les moins pénalisants pour le faire<!-- --> | Atlantico.fr
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Des opérateurs travaillent sur une voiture à l'usine Renault d'Alpine sports cars à Dieppe, le 28 janvier 2022.
Des opérateurs travaillent sur une voiture à l'usine Renault d'Alpine sports cars à Dieppe, le 28 janvier 2022.
©SAMEER AL-DOUMY / AFP

Survie économique

Alors que les prix du gaz, du pétrole et de l'électricité vont grimper en flèche et frapper de plein fouet les économies des pays européens, les industries et les habitants du vieux continent n'ont qu'une option : commencer dès maintenant réduire leur consommation

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Face à la crise actuelle et à l’augmentation des coûts de l’énergie liée à la guerre russo-ukrainienne, nous allons devoir réduire fortement notre consommation d’énergie. Quelles mesures pouvons-nous prendre à court terme ? Y a-t-il des scénarios moins pénalisants que d’autres ? 

Damien Ernst : Voici quelques mesures à court termes qui peuvent être très significatives :

La première action serait une diminution de la consommation de chauffage. Il va falloir diminuer le thermostat de 3 à 4 degrés Celsius. Cela peut aider à contribuer à faire baisser de 10-20 % la consommation de chauffage, soit 10 % de notre consommation de gaz au niveau européen. On pourrait ainsi alléger le réseau de 400 à 500 Térawatt-heure sans subir le froid. Il s’agirait d’une mesure efficace vu la charge du chauffage sur le réseau. 

L’Allemagne doit arrêter de perdre des unités nucléaires. Les 2 ou 3 Gigawatts encore produits par des unités nucléaires dans le pays ne doivent pas être mis à l’arrêt. Il faudrait redémarrer leurs anciennes unités car le problème ne va pas être résolu d’ici quelques mois. 

Il s’agit d’une mesure à très court terme en cas de guerre, mais pour économiser le gaz, il faudrait relancer toutes les centrales à charbon européennes. La suppression de manière provisoire du mécanisme EU ETS (European Union Emission Trading Scheme) permettrait au charbon de redevenir le plus compétitif possible. Afin de garantir l’énergie à tous les Européens, les centrales devraient tourner au charbon à la place du gaz. Il faudrait aussi faire attention à ce qu’il n’y ait pas de problème avec le charbon car on en importe beaucoup de la Russie.

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La production de gaz européen devrait être augmentée. Le champ de Groningen a été progressivement mis à l’arrêt, mais il faudrait essayer d’augmenter sa capacité de production. 

L’export de LNG (Gaz naturel liquéfié) doit être favorisé vers l’Europe. L’État doit reprendre la main sur le marché et directement aller négocier avec d’autres États pour obtenir la livraison. On doit sécuriser un maximum de contrats de LNG. 

Ces décisions doivent-elles se faire au niveau de l’État ? Au niveau des entreprises ? 

Au niveau de l’État, des consignes devraient être prises pour optimiser la consommation de leurs bâtiments publics et des niveaux de températures pour les établissements recevant du public devraient être instaurés afin de ne pas surchauffer. Des campagnes de sensibilisation devraient également être faites à l’égard du grand public. 

Pour les entreprises, il y a un risque de faillite avec un tel prix du gaz. Elles vont être asphyxiées par un prix de l’énergie beaucoup trop élevé. On ne peut pas leur demander des sacrifices car elles doivent tout d’abord survivre à la crise. 

Quel serait le contrecoup de ces mesures ? 

Nous sommes avec ces scénarios dans des cas de mesures de survie économique de l’Europe. On mettrait de côté la gestion de la crise climatique car cette dernière doit être gérée à moyen et long terme. Ici, nous avons une crise à court terme. Il s’agit de sortir la tête de l’eau. Concernant le long terme, il s’agit de plus d’investissement dans le renouvelable, dans le nucléaire et sur efficacité énergétique. 

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