L'étude de l'Insee sur le moral des Français en 2023 contredit le catastrophisme des populistes<!-- --> | Atlantico.fr
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Une manifestation contre le passe sanitaire à Paris, samedi 28 août 2021
Une manifestation contre le passe sanitaire à Paris, samedi 28 août 2021
©SAMEER AL-DOUMY / AFP

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L'étude annuelle de l'Insee, qui analyse le moral ressenti des Français, contredit fortement le pessimisme sur lequel surfent les mouvements populistes et extrémistes, entraînant les sondages, les médias et la classe politique française dans le pessimisme et le catastrophisme

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L'Insee publie chaque année un état du moral des Français. Depuis le rapport réalisé par Joseph Stiglitz en 2009, la satisfaction dans la vie fait partie des indicateurs de richesse. La mesure du bien-être subjectif permet de distinguer l'état du moral ressenti et exprimé de l'état profond et réel du moral des Français. 

Selon l'Insee, l'ensemble des Français serait plutôt satisfait de leur vie quotidienne et professionnelle, mais ils pensent que l'état général n'est pas bon, et surtout que le futur est incertain. En bref, "pour nous ça va, mais pour les autres ça ne va pas aussi bien, et pour les enfants ce sera très compliqué".

Les résultats sont assez surprenants car ils démontrent le décalage entre l'état de satisfaction des Français tel qu'il est ressenti, et qui est plutôt bon, et l'état de satisfaction retenu et mis en avant par les mouvements populistes et extrémistes, qui est très négatif, voire catastrophique. Tout se passe comme si le climat véhiculé par les médias et les sondages reprenait les éléments négatifs, provoquant l'inquiétude, l'angoisse et le catastrophisme, alimentant ainsi la violence.

Les résultats de l'étude Insee 2023, publiée fin novembre, sont donc passés inaperçus, blacklistés par les communicants politiques et, par conséquent, par les médias, puisque ces résultats vont à l'encontre du message qu'ils véhiculent. 

Très peu d'analystes et de commentateurs osent souffler contre le vent. L'un des rares à l'avoir fait, Éric Le Boucher, écrit dans Les Échos : "Les extrêmes ont l'impression de gagner la bataille (politique). Les crises géopolitiques et sociales, climatiques ou sanitaires provoquent une angoisse, un déclinisme, un radicalisme, et sans doute la violence, et comme toujours dans ces moments dramatiques de l'histoire, les modérés sont suspects puisqu'hésitants. Ils sont classés dans le camp des ennemis du peuple. Ils sont obligés de choisir et de fait, ils suivent les populistes dans les sondages."

Pour s’en convaincre ,le mieux est de décortiquer  les résultats de l'Insee 2023, mis en ligne sur le site Insee : portrait social de la France le 23/11/2023. Trois observations principales :

  1. La mesure du bien-être subjectif tient compte de près de vingt dimensions, et ce bien-être est noté entre 1 et 10. Eh bien, les notes vont d'une moyenne de 8 pour la satisfaction quant aux relations avec ses proches, à 4 pour les perspectives de la prochaine génération en France. Le pessimisme à l'égard de l'avenir contraste avec l'appréciation positive de la situation présente et témoigne de craintes d'une dégradation de la situation du pays.

  2. Le bien-être présente une forte hiérarchie sociale dans la plupart de ses dimensions, excepté dans les domaines du travail et du temps libre, où les écarts d'appréciation selon les classes sociales sont, de manière surprenante, faibles. Les écarts de bien-être entre catégories sociales sont notamment liés à leurs revenus et à leurs conditions de vie. Mais une fois les effets des différences sociodémographiques entre les ménages neutralisés, les écarts entre classes sociales se réduisent, mais sans s'annuler.

  3. S'ils pouvaient choisir à quelle époque vivre en France, les ménages à dominante cadre et intermédiaire préféreraient le présent, tandis que les autres préféreraient les années 1980. Toutes les classes sociales ont traversé de manière assez similaire le choc de l'épidémie de Covid-19. Certains événements nationaux, comme le mouvement social des Gilets jaunes ou la flambée des prix depuis la mi-2021, ont des impacts plus contrastés sur le bien-être selon les classes sociales.

Conclusion. Mesurée entre 1 et 10, la satisfaction de la vie atteint 7 sur 10 en moyenne en France. Ce qui est globalement un niveau qu on retrouve dans tous les pays occidentaux développés . L'appréciation est donc globalement positive. Elle baisse un peu concernant l'avenir proche, et cette appréciation tombe à 5 sur 10 pour la génération suivante. 

Les détails de cette étude sont évidemment étudiés avec attention par les sociologues et les politiques modérés (sociaux-démocrates, libéraux, etc.), bref, par tous ceux qui s'inquiètent du succès des mouvements extrémistes qui profitent du sentiment de colère exprimé dans la plupart des grandes démocraties en Europe comme en Amérique. Les peuples s'expriment certes dans les sondages et parfois dans les votes. 

Seulement, les faits et les chiffres contredisent très souvent cet état d'esprit. Les milieux d'affaires le savent. Au-delà des coups de grisou , liés à des événements violents comme les confinements, les guerres, une géopolitique qui se cabre sur les prix du pétrole, les populistes annoncent la catastrophe, mais en réalité, la vie des "modérés" reprend le dessus et l'équilibre. Dès que la tempête s’éloigne . 

L'étude de l'Insee le montre très clairement. Les Français ne sont pas pessimistes, ils profitent d'un modèle social qu'ils reconnaissent comme généreux, ils reconnaissent que les inégalités existent, mais pas aussi criantes que ce que Jean-Luc Mélenchon raconte. Au moment de la crise, leur moral plonge, mais sitôt la tempête terminée, la France profonde retrouve son niveau de "satisfaction sur la vie". 

Si on écoute les partis extrêmes, la France va mal. Le problème, c'est qu'en face des voix populistes qui portent très fort, les voix plus responsables ne savent pas où ne peuvent pas se faire entendre. Le seul point sur lequel les politiques devraient se pencher avec beaucoup de sérieux, c’est le long terme. Les français et la plupart des occidentaux ont une très mauvaise visibilité des conditions de vie pour les générations à venir. Les hommes politiques ne s’en préoccupent pas et pour cause . Ils ont été biberonnés au keynésianisme dont la culture est encore hélas très présente au cœur de l'État. John Meynard Keynes, qui ne considérait pas très utiles pour les gouvernants de s’occuper de l’avenir. « A long terme ? Mais pourquoi voudriez-vous qu’on s’en préoccupe ? Nous serons tous morts !!! »

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