L’autonomie pédagogique, le parent pauvre de l’éducation en France<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Education
Monique Canto-Sperber publie « Une école qui peut mieux faire » aux éditions Albin Michel.
Monique Canto-Sperber publie « Une école qui peut mieux faire » aux éditions Albin Michel.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Bonnes feuilles

Monique Canto-Sperber publie « Une école qui peut mieux faire » aux éditions Albin Michel. L'école publique française, qui se situe, par ses résultats, dans la moyenne basse des pays européens, a le triste privilège d'être l'une des plus inégalitaires de tous les pays de l'OCDE. L'autonomie scolaire peut être une solution pour renouveler l'école française. Les établissements autonomes sont sous certaines conditions plus aptes à mener les élèves vers la réussite. Extrait 2/2.

Monique Canto-Sperber

Monique Canto-Sperber

Monique Canto-Sperber est philosophe. Elle a enseigné à l'université avant d'entrer au CNRS comme directrice de recherche. Elle a dirigé l'École normale supérieure, puis établi et présidé l'université de recherche Paris-Sciences-et- Lettres. Elle a publié de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues, dont L'Inquiétude morale et la vie humaine (PUF, 2001), Le Bien, la guerre et la terreur (Plon, 2005), et dirigé le Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale (PUF, 1996, 3e éd. 2005). Elle est l'auteur de nombreux essais sur le libéralisme, dont Le Socialisme libéral : une anthologie – Europe-États-Unis (avec Nadia Urbinati, Esprit, 2003) et Les Règles de la liberté (Plon, 2003).

Voir la bio »

L’autonomie pédagogique est le parent pauvre de l’éducation en France, même si elle est aujourd’hui mieux reconnue qu’elle ne l’était il y a quelques décennies dans les écoles publiques. Toutefois, en raison des règlements relatifs à la répartition des horaires et à l’organisation des classes, les professeurs ne peuvent en France ni modifier la répartition de leurs heures de cours, ni disposer leur classe comme ils l’entendent (en la divisant en deux ou en la regroupant avec une autre classe pour certaines activités), ni même adapter les programmes et les méthodes d’enseignement. Par contraste, dans un établissement disposant d’une réelle autonomie pédagogique, les enseignants seraient pleinement responsables du choix de leurs manuels, de la composition de leurs classes, du mode de suivi de leurs élèves, des supports graphiques et visuels qu’ils utiliseraient et des éventuelles adaptations du curriculum.

L’autonomie pédagogique est la revendication majeure d’un établissement autonome à contrat. Elle donne la possibilité d’en finir avec des consignes pédagogiques défi nies loin des particularités du terrain. Pour autant, aussi libres que soient les stratégies pédagogiques, elles doivent satisfaire à des normes très générales fondées sur la progressivité des apprentissages et garantir que les enfants ont véritablement assimilé, et sont donc capables d’utiliser avec aisance, ce qu’ils ont appris. Surtout, les principes et les règles enseignés doivent être débarrassés de tout jargon et être immédiatement accessibles pour eux et pour les adultes qui souhaiteraient les aider.

L’autonomie pédagogique a trait d’abord aux rythmes scolaires. Une école autonome doit pouvoir augmenter le temps d’enseignement jusqu’à 32 heures hebdomadaires si elle le juge nécessaire (en prévoyant un aménagement des heures de classe afin de permettre aux enfants de faire leurs devoirs à l’école). Elle doit pouvoir gérer comme elle le souhaite, et en le justifiant, son enveloppe horaire en répartissant le temps scolaire entre apprentissages et tutorat. Elle doit pouvoir aussi varier la répartition des horaires entre enseignements fondamentaux et enseignements d’approfondissement.

À Lire Aussi

Education nationale : les atouts réels de l’autonomie des écoles publiques françaises

Une école autonome module aussi comme elle le juge bon les rythmes d’apprentissage, d’abord dans l’élaboration de la grille de cours. La progression par cycle ou par niveaux doit également bénéficier d’une grande souplesse. Une école autonome peut décider de vérifier les acquis des élèves sur un cycle de deux ans et proposer aux élèves qui n’auraient pas des résultats satisfaisants à la fin du cycle une remise à niveau soit avec des enseignements complémentaires soit avec des modalités de suivi particulières.

Un autre domaine important où s’exerce l’autonomie pédagogique porte sur l’organisation de la classe et la composition des groupes de classe. Dans un établissement autonome, le professeur peut juger bon de réduire la taille de la classe, de la dédoubler, voire d’organiser des petits groupes pour certains apprentissages ou des groupes plus importants pour d’autres. Il peut aussi dispenser certains enseignements fondamentaux avec un ou une collègue, afin que l’un des deux enseignants au moins puisse s’assurer en temps réel qu’aucun élève ne décroche. La possibilité de modifier à la marge le curriculum, que vantait déjà Ferdinand Buisson, doit être également acquise, sans remettre pour autant en cause les buts d’enseignement définis par la puissance publique : ajouter par exemple l’enseignement de disciplines artistiques, un apprentissage linguistique, une expérience pré-professionnelle, etc.

Le contrat doit enfin présenter une description détaillée des méthodes d’évaluation que l’établissement utilisera dans le cadre de l’autonomie pédagogique, en particulier pour ce qui concerne le contrôle de ce que les élèves ont compris ou retenu, autrement dit de leur assimilation des connaissances en temps réel. C’est un enjeu décisif, le moyen pour l’établissement d’identifier très tôt le décrochage des élèves les plus faibles, et donc de se donner la possibilité de mettre en place un suivi personnalisé. À ce titre, les modes d’évaluation des élèves (le type de notation, le recours à des courbes de suivi individuel et la vérification des acquis) sont décisifs, à la fois comme outils de pilotage pédagogique (dont il faut tirer les conséquences sur les méthodes d’enseignement employées) et comme éléments de suivi individuel et d’évaluation globale de l’établissement. Les critères d’évaluation retenus, les moments où les élèves seront évalués et le rythme auquel ils le seront constituent des éléments clés.

A lire aussi : Education nationale : les atouts réels de l’autonomie des écoles publiques françaises

Extrait du livre de Monique Canto-Sperber, « Une école qui peut mieux faire », publié aux éditions Albin Michel

Liens vers la boutique : cliquez ICI et ICI

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !