L’Allemagne face à une vague de conversions à l’islam faites sous pression<!-- --> | Atlantico.fr
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Des études montrent une progression significative des démarches de conversion.
Des études montrent une progression significative des démarches de conversion.
©AFP / Ina FASSBENDER

Sous la contrainte ?

Des études montrent une progression significative des démarches de conversion.

Claude Moniquet

Claude Moniquet

Claude Moniquet, né en 1958, a débuté sa carrière dans le journalisme (L’Express, Le Quotidien de Paris), avant d’être recruté par la Dgse pour devenir "agent de terrain" clandestin. Il exerce ainsi sous cette couverture derrière le Rideau de fer à la fin de l’ère soviétique, dans la Russie des années Eltsine, dans la Yougoslavie en guerre, au Moyen-Orient ou encore en Afrique du Nord. En 2002, il cofonde une société privée de renseignement et de sûreté : l’European Strategic Intelligence and Security Center. De 2001 à 2004, il a été consultant spécial de CNN pour le renseignement et le terrorisme, et est aujourd’hui consultant d’iTélé et RTL. Il est l’auteur, notamment, de Néo-djihadistes : Ils sont parmi nous (Jourdan, 2013) et Djihad : d’Al-Qaïda à l’État islamique (La Boîte à Pandore, 2015), de Daech, la Main du Diable(Archipel, 2016) et, avec Genovefa Etienne, des Services Secrets pour les Nuls (First, 2016). Il est également scénariste de bandes dessinées : Deux Hommes en Guerre (Lombard, 2017 et 2018). Il réside à Bruxelles.

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Atlantico : À quel point le nombre de conversions à l’islam est-il important en Allemagne ? Comment l’expliquer ?

Claude Moniquet : Il est difficile, voire impossible, de quantifier le nombre de conversions à l’islam en Allemagne, comme d’ailleurs dans les autres pays européens. Une étude menée il y a de nombreuses années montrait toutefois une progression significative de ces démarches. Ainsi, en 2005, on avait enregistré environ 4 000 conversions : elles avaient quadruplé depuis l’année précédente. Les motifs des conversions avaient également beaucoup évolué. Jusqu’à la fin du siècle dernier, il s’agissait surtout de femmes ayant épousé un musulman, or, à compter des années 2000 ces conversions semblaient plus « idéologiques ».

Toutefois, un fait nouveau a ému l’Allemagne : alors que, dans de nombreuses villes, la majorité des élèves dans les écoles primaires et secondaires seraient musulmans (leur proportion peut atteindre ou dépasser les 80% dans certains établissements de Berlin, Francfort, Duisburg ou encore Essen), on assite à des demandes de conversions d’élèves issus de familles protestantes, catholiques ou athées. Il y a quelques jours, un fonctionnaire des services de sécurité, cité par le quotidien populaire Bild Zeitung, déclarait : « De plus en plus de parents d'enfants allemands s'adressent à des centres de conseil, car les enfants chrétiens veulent se convertir pour ne plus être des marginaux à l'école. En raison de la forte immigration de ces huit dernières années, la part de jeunes et d'enfants musulmans dans les écoles a nettement augmenté. A cela s'ajoute le fait que de nombreux enfants sont issus de familles très religieuses. Les migrants de Syrie, d'Afghanistan et d'Irak en particulier viennent justement en partie de cultures très archaïques » …

Cela peut-il conduire à voir apparaître des "sociétés parallèles" dans les écoles où les élèves musulmans jouent un rôle dominant ? 

C’est effectivement ce qui est en train de se passer. On assiste par exemple à de fortes pressions, pouvant aller jusqu’à des menaces ou des agressions, contre des jeunes filles de la communauté musulmane qui ne respectent pas les règles vestimentaires ou de comportement dictées par l’islam le plus rigoriste. Le simple fait de ne pas porte le voile, de s’habiller « à l’occidentale » ou encore de fréquenter un garçon – surtout s’il n’appartient pas à la même communauté – peut mettre les jeunes filles en danger.

Des enseignants ou des fonctionnaires de police ou du renseignement rapportent des comportements très violents de la part de jeunes garçons musulmans, tant vis-à-vis de ces jeunes filles que des élèves qui ne partagent par leur foi ou la vision rétrograde qu’ils en ont.   

Et les choses peuvent aller très loin : au printemps 2023, à Düsseldorf, un petit groupe d’élèves avait tenté d’influencer leurs camarades et avaient intimidé leurs professeurs pour imposer des comportements dictés par la sharia, entre autres une séparation physique entre garçons et filles dans les classes et autres activité scolaires. Au passage ils n’avaient pas hésité à critiquer le pays et ses lois. Des parents et des enseignants s’étaient plaints et la direction de l’école avait fait appel à la police pour ramener le calme. Mais le ministère de l’éducation de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, de son côté, avait choisi de minimiser les incidents.

Cette remise en cause des lois civiles n’a d’ailleurs rien d’étonnant. Une étude récente de l’Institut de recherche criminelle de Base Saxe (Hanovre) révélait des chiffres dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont plus qu’inquiétants. Ainsi, 67,8 % des élèves interrogés pensent que le Coran est « plus important » que les lois allemandes, 51,5 %, déclarent que seul l'islam serait en mesure de « résoudre les problèmes de notre époque », 45,8% affirment qu’un Etat théocratique islamique était la meilleure forme de gouvernance, et 36,5 % pensent que la société allemande devrait être structurée davantage selon les règles islamiques. Plus d'un tiers des élèves (35,3 %) déclarent qu'ils peuvent comprendre la violence à l'encontre des personnes qui insultent Allah ou le prophète Mahomet, 21,2 % disent que « la menace que le monde occidental fait peser sur l'islam » justifie que les musulmans se défendent par la violence et enfin, 18,1 % des justifient la violence si elle vise à répandre et à appliquer l'islam.

Ceux qui refusent de voir la réalité en face diront évidemment que l’échantillon interrogé (308 élèves musulmans) n’est pas représentatif mais il reste que les résultats obtenus sont cohérents avec ceux qui ont été trouvés dans d’autres pays européens à l’occasion d’enquêtes similaires : dans une grande partie de la jeunesse musulmane, la remise en cause du « mode de vie occidental » ou de la primauté de la loi civile n’est pas l’exception mais la règle…

L’Allemagne est-il un cas à part par rapport aux autres pays occidentaux ?

Pour ce qui est des conversions, il est impossible d’avoir une vision claire et nette fautes d’études et de sondages, tant le sujet est tabou. D’ailleurs, en France, les statistiques officielles portant sur la religion sont interdites. Il y a une quinzaine d’années, pourtant, des chercheurs estimaient qu’environ 3 500 personnes choisissaient de devenir musulmanes chaque année. Si ce chiffre est réel, le mouvement de conversion serait donc plus élevé d’environ 20 à 25% par rapport à l’Allemagne si l’on tient compte du différentiel entre les populations des deux pays. Mais, en l’absence de chiffres précis et vérifiables, rien ne sert d’épiloguer.

Ce qui est certain en revanche, c’est que l’on constate la même poussée de l’islam radical, les mêmes pressions communautaristes pour imposer un mode de vie « islamique » et les mêmes violences d’origine religieuse dans l’hexagone qu’outre-Rhin ? La situation est similaire en Belgique, qui compte une importante communauté musulmane et où l’Etat est totalement défaillant ou au Royaume-Uni où les élections locales viennent de voir élus une (petite) poignée d’islamistes qui avaient exclusivement fait campagne sur des thèmes communautaristes et/ou sur la situation à Gaza. Et en Suède, on voit à Malmö – la ville où se concentre une grande part de l’immigration musulmane ce que donne l’échec du « vivre ensemble ». Et, bien entendu, dans tous ces pays, les écoles concentrent bon nombre de comportements déviants et délinquants, depuis la remise en cause des contenus de certains enseignements (notamment, mais pas seulement, en histoire et en biologie) jusqu’aux violences physiques en passant par le refus de la mixité.    

Pourquoi les islamistes font tout pour que l’endoctrinement touche avant tout les jeunes Allemands ?

La réponse à cette question est simple. Les islamistes citent parfois un vieux proverbe touareg : « Vous avez l’heure, nous avons le temps… ».

Les mouvements islamistes, qu’ils soient issus de la nébuleuse des Frères musulmans ou du salafisme, deux tenances qui poursuivent le même but - l’imposition de la Sharia et la mise en place de califats – mais divergent sur les moyens d’y parvenir jouent sur le long terme. Ils savent qu’ils ne « gagneront » pas en quelques années, mais ils estiment que le temps joue en leur faveur et que nos sociétés qu’il voient comme faibles, divisées, et décadentes ne pourront plus résister indéfiniment. Dans cette vision, tenter d’endoctriner des jeunes et même des enfants fait sens. Dans huit ans au plus, les élèves qui ont aujourd’hui dix à seize ans pourront voter. Dans dix à quinze ans, ils accéderont à la vie active et dans vingt à trente ans, ils seront au pouvoir. En les intoxiquant au plus jeune âge, les extrémistes préparent l’avenir…

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