L'Algérie gaspille une nouvelle occasion de se réformer sérieusement<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
référendum Algérie vote citoyens
référendum Algérie vote citoyens
©RYAD KRAMDI / AFP

Occasion manquée

Un référendum constitutionnel a eu lieu au début du mois de novembre en Algérie afin de permettre à la population de se prononcer sur une révision de la Constitution. Mais ce vote a été marqué par une abstention très massive.

Farid Alilat

Farid Alilat

Journaliste à Jeune Afrique, Farid Alilat est spécialiste de l'Algérie. En 2002, il a publié chez Editions 1 une enquête sur la révolte en Kabylie, Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts ! L'Algérie embrasée et participé en 2002 à l'ouvrage collectif 100 lettres pour les femmes afghanes, Calmann-Levy.

Voir la bio »

Atlantico : Avec 66,80% de "oui", le référendum constitutionnel algérien est passé sans engouement ni suspense, début novembre, avec un taux de participation de seulement 23,7 %. Cela a-t-il discrédité une fois de plus le président Abdelmadjid Tebboune ?

Farid Alilat : Les résultats du référendum constitutionnel avec un taux d’abstention de 67.3 % étaient attendus dans la mesure où ce projet n’a pas suscité l’engouement des Algériens. C’est d’autant plus frappant qu’il est intervenu en pleine pandémie de Covid-19. Il a donc été accueilli avec indifférence et défiance. C’est donc un revers et un désaveu pour le président Tebboune qui fait de cette réforme le socle de ce qu’il appelle « L’Algérie nouvelle ».

Les Algériens aspirent à un changement démocratique mais ne se sont pourtant pas déplacés vers les urnes lors de cette élection. Quelles réformes seraient nécessaires pour avoir leur plébiscite ? 

L’acte de vote est frappé de discrédit en Algérie depuis l’avènement du pluralisme à la fin des années 1980 dans la mesure où toutes les élections qui se sont déroulées ont été entachées de fraudes et d’irrégularités massives. Les Algériens qui ont fait la révolution de février 2019 qui a chassé le président Bouteflika du pouvoir revendiquent la fin de l’ancien système, l’alternance démocratique au pouvoir, un renouvellement générationnel aux postes de responsabilités, la justice indépendance, le respect des libertés individuelles et collectives. Les réformes existent sur le papier, dans les textes de loi, dans la constitution, c’est leur application qui fait défaut.

Tebboune peut-il se satisfaire d’un référendum remporté avec un tel boycott ? Pourrait-il décider d’un nouveau référendum ?

On ne connait pas la suite que compte donner le président Tebboune à ce référendum étant donné qu’il est encore hospitalisé en Allemagne où il se fait soigner du Covid-19. Le Conseil constitutionnel a validé les résultats, il reste au chef de l’Etat de signer le texte et de la promulguer afin qu’il devienne la nouvelle loi fondamentale. Il me semble que ceci est une formalité. J’écarte l’hypothèse d’un nouveau référendum bien qu’il faille rester prudent. Le président Tebboune a été élu en décembre 2019 à l’issue d’un scrutin largement boycotté par les Algériens. Cela ne l’a pas empêché de gouverner. Ce désaveu populaire constitue pour autant un handicap pour le reste du mandat présidentiel tant il entame encore plus la confiance entre lui et ses compatriotes.

Farid Alilat est journaliste à Jeune Afrique et auteur du livre "Bouteflika,l'histoire secrète", paru en février 2020 aux Editions Rocher

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !