Jean-Christophe Fromantin : "la recherche d'un homme providentiel à droite perturbe le débat de fond"<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Christophe Fromantin est candidat à la présidence de l'UDI
Jean-Christophe Fromantin est candidat à la présidence de l'UDI
©Reuters

Election du président de l'UDI

Candidat déclaré à la présidence de l'UDI qui aura lieu le 15 novembre, Jean-Christophe Fromantin espère bien créer la surprise. Le député et maire de Neuilly Sur Seine livre à Atlantico les grandes lignes de son projet politique.

Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin est Maire de Neuilly-sur-Seine depuis 2008 et député des Hauts-de-Seine depuis 2012. Entrepreneur dans le secteur du commerce international, il a créé plusieurs sociétés et il est l’un des rares chef d'entreprise à siéger à l’Assemblée nationale. Il crée le groupe UDI à l’Assemblée nationale avec Jean-Louis Borloo en 2012 puis participe à la création de l’UDI dont il fut candidat à la présidence et vice-président jusqu'en novembre 2014.

Convaincu que la France a besoin d'un grand projet qui confirme sa vocation dans la mondialisation, fixe ses axes de croissance et stimule son attractivité, Jean-Christophe Fromantin est à l'origine du projet d’Exposition Universelle pour la France en 2025.

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Atlantico : vous avez formulé le souhait d'un parti centriste qui ne soit pas "une force d'appoint". Au regard des résultats du centre-droit et de la sociologie de son électorat - pour beaucoup des cadres éduqués, intégrés -, est-il sérieusement envisageable qu'il devienne une force politique majeure ?

Jean-Christophe Fromantin : Oui si le centre-droit assume une ligne politique et sort de son positionnement instable qui ne correspond pas à une réalité comme l’a fait François Bayrou, l’UDI a toutes ses chances d’être un parti leader qui compte dans la vie politique de demain. L'UDI ne doit pas être entre deux comme l’a souvent été le centre. Le centre-droit tel que je le vois vient d’une tradition démocrate-chrétienne. Il faut qu’il reprenne confiance en lui, qu’il ne soit pas positionné par rapport aux uns et aux autres. C’est pour ça que je récuse toute stratégie d’alliance a priori. Il ne faut pas se positionner un coup par rapport à l’UMP, un coup par rapport au risque FN, un autre par rapport à ce qu’il reste du MoDem. Il faut être très innovant et très ancré dans son héritage.

Vous voyez dans le centre l'avenir de la droite tout en vantant la modération du mouvement. Pourtant l'électorat de droite se radicalise, en témoigne l'audience de la Droite forte auprès des sympathisants de droite. Comment résoudre ce paradoxe ?

Il y a une droite qui se construit en réaction mais avec aucune proposition d’avenir et il y a une autre droite qui doit avoir un regard plus positif, plus ouvert… La droite a toujours été construite autour de deux pôles, l’un plus souverainiste et jacobin et l’autre plus ouverte, plus entrepreunariale, plus européenne, plus attachée aux territoires et cette droite a une fenêtre de tir intéressante et a des propositions et des enjeux qui s’adressent à la France.

La droite peut-elle gagner sans parvenir à réconcilier libéralisme et conservatisme ? Comment y parvenir ? Pourra-t-elle faire l'économie d'une figure forte ?

Si chacun travaille sur le fond… il faut se mettre au travail. Sur un sujet comme celui sur la réforme territoriale on constate que la droite est prise de court. C’est une réforme qui n’a aucun sens. La droite est limitée par la faiblesse du débat de fond dont elle est elle-même responsable. S’il y a un débat de fond on aura des points de convergences beaucoup plus vite. La recherche de l’homme providentiel perturbe et participe à l’absence de ce débat de fond. La question du retour politique de Nicolas Sarkozy fait qu’il y a une attente un peu bizarre alors qu’on devrait tous travailler à droite pour dire non pas qui sera président en 2017 mais qu’est-ce qu’on fera en terme de projet. La figure forte sans projet ça ne marchera pas et inversement… 

Le géographe Christophe Guilluy rappelle que 60 % de Français exclus sont dans les campagnes. Comment développer une offre politique capable de rassembler dans un contexte de fragmentation sociale d'un nouveau genre ? Comment parler à la fois à ceux qui paient la facture de la mondialisation et à ceux qui en profitent ?

Il y a deux choses. Dans le principe de revitalisation des territoires dont on va débattre la semaine prochaine à l'Assemblée on va recréer des déserts si on n’est pas assez vigilants. La réforme territoriale devrait à l’inverse susciter des métropoles au service des territoires ruraux, industriels, touristiques, artistiques et artisanaux sinon on va tuer notre capacité économique à petit feu.

Le deuxième élément est l’engagement politique. Il faut repenser ce qu’est un parti politique pour qu'il ne se contente pas d'être juste un système d’élus. Il faut au contraire faire des partis politiques des lieux de débat avec des gens qui viennent de la société civile et qui mandatent des élus pour les représenter dans les débats qui les préoccupent. La réappropriation de la politique par la société civile est fondamentale. Aujourd’hui on manque de créativité, d’audace et d’innovation et il va falloir qu’on régénère tout ça. On a vu aux Européennes qu’on peut diviser la France en deux : les indignés réactionnaires et les résignés, tous ces Français qui ne vont pas voter ou votent sans espérance. Ceux qui payent la facture ce sont toutes les industries qui disparaissent jour après jour mais elles disparaissent par absence de politique économique et de vision pour tirer parti de la mondialisation, par absence de réforme de structure.

Il y a aussi des grands projets comme l’organisation de l’Exposition universelle en France en 2025 que je défends et qui nous amène à nous questionner sur ce qu’on veut dire au monde. Elle permettrait de désenclaver tous les systèmes en faisant travailler tout le monde : élus, entreprises, écoles… C’est un grand projet d’investissement sur tout le territoire français qui pourrait aider la croissance. Il ne faut pas oublier que l’Exposition universelle organisée en France a eu un gros impact sur le XXe siècle.

Les différentes familles de la droite sont aujourd'hui désunies, y compris au sein de l'UMP. Vous dites que "l'UDI doit être un parti, pas un agrégat". La droite peut-elle revenir au pouvoir en étant un agrégat ?

Non surtout que tous ces agrégats ne correspondent pas à grand-chose si ce n’est aux écuries personnelles. Aujourd’hui on a toute une série de chapelles mais quand on les ramène à l’essentiel et à la genèse de leurs idées on revient sur ces deux grandes orientations. La droite a toujours été très forte quand elle était dans un dialogue et rapprochement entre ces deux idées. C’est en reconstruisant ces deux piliers qu’une ligne politique commune pourra peut-être un jour s’écrire pour gagner des élections.

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