Je suis ton (arrière arrière arrière... grand) père : pourquoi nous sommes tous un peu les descendants des grands despotes de l’Histoire <!-- --> | Atlantico.fr
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Gengis Khan a laissé ses chromosomes dans toute l'Asie
Gengis Khan a laissé ses chromosomes dans toute l'Asie
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Sang honteux

Les études sur la génétique montrent que de grandes populations peuvent partager les chromosomes d'un seul et même ancêtre. Et ce dernier a tout fait pour s'imposer, souvent en utilisant la violence.

Un homme, 32 millions d'enfants. L'affirmation parait saugrenue. Pourtant, 8% de la population asiatique peut se targuer de partager les gènes d'un des plus illustres et des plus cruels empereurs connus : Gengis Khan. Admiré en Mongolie comme un héros national, lui et sa lignée étaient considérés comme des guerriers et des génocidaires par leurs détracteurs. Une vaste étude de l'université d'Oxford, datée de 2003, a mis en évidence que l'héritage génétique de Gengis Khan a largement dépassé son pays d'origine pour se retrouver dans toute l'Asie. En étudiant les chromosomes de plusieurs populations à  travers le continent, les chercheurs ont retrouvé des similitudes dans le chromosome Y (typiquement masculin). Or, la variation de ce chromosome est très faible au fil des années et des siècles. Ainsi, 8% de la population asiatique partage ces similitudes.

"Une telle propagation rapide ne peut pas être due au hasard" explique l'étude. La période de 800 ans est trop courte pour expliquer ce résultat par une simple sélection naturelle. Pour les chercheurs, il s'agit d'avantage d'une sélection sociale. En conquérant de nouveaux territoires, l'empereur mongol a asservi ou massacré les populations locales pour y placer à la tête des membres de sa famille. Ces derniers ont, eux aussi, avantagé leur lignée par rapport aux d'autres peuples. En d'autres termes, c'est le comportement tyrannique de Gengis Khan et de ses descendants qui a façonné une partie de la population. Et l'empire était si vaste que Gengis Khan aurait distillé son ADN jusqu'en Europe. En Russie, un noble du 13ème siècle a ainsi épousé une héritière de Gengis Khan et a pu transmettre ses chromosomes à d'autres familles aristocratiques à travers les mariages de ses héritiers. D'autres théories estiment que les rois roumains sont aussi concernés mais aucune étude ne vient confirmer ces suppositions.


les origines génétiques des Français (carte interactive)

Surtout, l'empereur mongol n'est pas le seul dans ce cas-là. Une étude française publiée en janvier 2015 a montré que dix autres lignées regroupent une large partie de la population asiatique mais aussi du Moyen-Orient. Ainsi, 3,3 % de la population chinoise ont des similarités génétiques car ils ont un même ancêtre, Giocangga, grand-père du fondateur de la dynastie Qing, qui a régné de 1644 à 1912. Cet empire chinois a notamment réduit sa voisine la Corée à la vassalité et mata toutes rebellions sur son territoire par la violence.

Les autres lignées sont plus vieilles, de -2100 à 700, bien qu'il existe de grandes marges d'erreur dans les dates. Là encore, le début de de ces lignées correspond avec l'émergence de société autoritaires, tels que les Babyloniens. Le schéma est connu, les dynasties vont écraser les populations annexes pour mieux s'imposer.

Si ces cas concernent avant tout l'Asie, des exemples similaires existent en Europe. Ainsi en 450 de notre ère, les Saxons envahissent l'Angleterre et installent une population de 200 000 personnes, dans ce pays qui comporte 1 million d'habitants. En 2002, une étude de l'University College London a montré que le chromosome Y des Saxons est largement répandu chez les Anglais. Comment expliquer qu'1/5ème de la population soit aussi dominant ? Les Bretons ont été réduit à l'état de quasi-esclaves où un habitant équivalait à un demi-Saxon. D'ailleurs, les régions qui n'ont pas été envahies par les Saxons, comme l'Ecosse ou l'Irlande, échappent à ce marqueur génétique. Ce qui n'empêche pas la prédominance d'autres lignées dans ces zones. Ainsi en Irlande, c'est la dynastie des "Uí Néill", du nom d'un des premiers rois du pays, qui se retrouve dans 20% des gènes des irlandais du Nord-Ouest. Et c'est cette même population qu'on retrouve massivement à New York.

De nombreuses théories supposent que la majorité de la population mondiale est issue de quelques despotes historiques. Ainsi, en Europe de l'Est, le chromosome commun débute il y a environ 1500 ans, soit la période d'arrivée dans cette région d'Attila et des Huns. En France, la détermination de gènes communs est étrangement difficile à déterminer, probablement en raison des nombreuses invasions qui ont mélangé les gènes. Mais il y a fort à parier que Charlemagne ou Clovis soient des marqueurs présents chez de nombreux Français.
Alors si vous râlez contre ces despotes qui ont parfois mis la France à genoux, et bien il y a de grandes chances pour que vous partagiez une part de leur identité génétique.

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