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Italie : une crise de panique autoréalisatrice
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Mama mia

Après l'Espagne, voilà maintenant que l'Italie, 3ème économie de la zone euro, est l'objet des doutes de la Banque Centrale Européenne (BCE) quant à sa capacité à rembourser sa dette. Si la situation du pays est préoccupante, la perspective de faillite reste toutefois hautement improbable... à moins que les responsables européens continuent d'alimenter la panique avec leurs déclarations.

Cinzia Alcidi

Cinzia Alcidi

Cinzia Alcidi est économiste au Centre for European Policy Studies (CEPS) de Bruxelles.

 

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Atlantico : Les cris d'alarme d'Herman Von Rompuy et de plusieurs dirigeants de la BCE sur la situation économique italienne sont-ils justifiés ?

Cinzia Alcidi : Comme pour la Grèce, je crois qu'on en fait trop. La Grèce est dans une situation extrême, qu'on ne peut comparer à aucune autre économie de la zone euro.

Il est vrai que l'Italie est dans une situation inquiétante : sa dette publique est très élevée (120% du PIB), sa croissance est très faible et les taux d'intérêts de ses emprunts ont bondi au cours de ces derniers jours. Ce qui est le plus préoccupant, c'est la mollesse chronique de la croissance italienne depuis la création de la zone euro. Les réformes structurelles qui pourraient rassurer les investisseurs en améliorant les perspectives de croissance se font encore attendre.

Mais, contrairement à la Grèce, l'Italie ne dépend pas exclusivement des investisseurs étrangers : l'épargne des Italiens est pour l'instant suffisante pour gérer cette dette. La panique est donc une composante très importante de cette crise, pour l'Italie comme pour l'Espagne, car il n'y a pas de fondamentaux économiques qui puissent justifier une telle augmentation des spreads [écarts de crédit, ndlr]. La semaine passée, des rumeurs d'instabilité politique ont par exemple très certainement alimenté l'inquiétude des marchés internationaux.

Les déclarations récentes des responsables européens auraient-elles donc alimenté la panique ?

Malheureusement, ce type de déclaration ne sert pas beaucoup. On a maintenant les expériences de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal : à chaque fois, les institutions essaient de rassurer par les mots, mais ce ne sont que des paroles, et cela n'aide pas beaucoup.

Bien sûr, le risque était là depuis longtemps, mais l'Italie n'était pas jusqu'à récemment sous les projecteurs des marchés internationaux. C'est donc un effet de contagion de la panique depuis l'Espagne, et si cette situation continue, cela peut dégénérer.

Pensez-vous, comme certains responsables de la Banque Centrale Européenne (BCE), que le fonds de sauvetage européen serait actuellement insuffisant pour pallier une aggravation de la situation l'Italie ?

Tout à fait, d'autant que les destins de l'Espagne et de l'Italie sont désormais liés sur ce plan : si l'un tombe, l'autre suivra. Ce sont tous deux des États "systémiques", dont le poids économique est bien plus important que celui du Portugal ou de la Grèce.

La BCE a parlé de faire passer le fonds de stabilité à 150 milliard d'euros, mais cela s'inscrit toujours dans la même approche de renflouement utilisée pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal, qui n'a pour l'instant pas montré son efficacité : il n'est pas donc pas dit que cela suffise à rassurer les marchés. Plutôt qu'une stabilisation de la dette, l'idée de la BCE est davantage de créer un mécanisme de stabilisation des prix : quand les prix chutent à cause de comportements irrationnels de vente des investisseurs, des institutionnels achètent pour compenser. Le risque est donc déplacé vers les investisseurs "officiels", c'est à dire les institutions européennes ou les pays voisins.

La contagion pourrait-elle attendre les grands pays de la zone euro ?

Il y a toujours eu une dichotomie entre les grands pays d'Europe continentale et les pays "périphériques" du Sud, qui se traduit en termes de croissance, puisque les premiers abordent une belle reprise alors que les seconds peinent, avec des croissances nulles, voire négatives.

Mais comme l'Espagne et l'Italie sont des pays systémiques, 3ème et 4ème PIB de la zone euro, leurs difficultés pourraient avoir un impact profond sur l'ensemble de la zone.

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