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Islam d’en haut, islam d’en bas : qui sont aujourd’hui les représentants des musulmans de France (et à quel point les représentent-ils) ?
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La 35e rencontre annuelle des musulmans de France débutera ce 30 mars au Bourget,​ organisée par l'organisation Musulmans de France.

 Hakim El-Karoui

Hakim El-Karoui

Normalien (Fontenay), agrégé de géographie, Hakim El-Karoui a été conseiller technique de Jean-Pierre Raffarin et chargé des « études et prospectives » auprès de Thierry Breton, alors ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. De père tunisien et de mère française, il est passionné par les questions d'intégration et préside le « Cercle du XXIe siècle » dont l'un des objectifs est de permettre une meilleure insertion des Français d'origine. Il est l'auteur de l'essai "Réinventer l'Occident".

 

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La 35e rencontre annuelle des musulmans de France débutera ce 30 mars au Bourget,​ organisée par l'organisation Musulmans de France. Plus globalement est-il aujourd'hui possible de faire le "panorama" des organisations musulmanes de France ? Comment expliquer une telle diversité ?  Quelles organisations, pour représenter quelles communautés (regroupement par communautés locales donc représentation locale, représentation en fonction des pays d'origine des membres) ?

Un panorama des organisations musulmanes de France est possible. Elles peuvent être classées en deux catégories principales en fonction leurs objectifs : les organisations religieuses de prosélytisme et les organisations fonctionnelles.

  • Les premières concernent avant tout les tablighs (comme l’association Foi et Pratique) et les salafistes, proches du terrain et des populations, en particulier dans les banlieues défavorisées ; organisations difficiles à suivre, car de faible ampleur et souvent éphémères
  • Les deuxièmes sont plus structurées, centralisées et reliées entre elles ; leur discours est plus politique, social et identitaire que religieux ; on trouve parmi elles un grand nombre d’organisations liées aux Frères musulmans

La principale organisation française liée aux Frères musulmans est l’UOIF ; fondée dans les années 1980 par des Fm venus du Moyen-Orient et du Maghreb, elle s’est renommée l’année dernière Musulmans de France. MDF fédère un grand nombre d’organisations structurées par régions et secteurs (Etudiants musulmans de France, Ligue française de la femme musulmane…)

Beaucoup d’organisations dépendent d’un islam consulaire, c’est-à-dire tributaires des pays d’origine des principales communautés musulmanes de France : la Grande Mosquée de Paris est traditionnellement liée à l’Algérie, tandis que le Rassemblement des musulmans de France est rattaché au Maroc. Tunisiens, Algériens et Marocains ont essayé d’avoir la main sur le CFCM (et ses antennes régionales, les CRCM), voulu par l’Etat français pour représenter les musulmans de France. Depuis 2017, son contrôle est revenu à la Turquie, qui exerce un contrôle fort sur sa diaspora, grâce à des organisations comme la Diyanet et Milli Görüs.

Comment expliquer cette opacité actuelle de ce système d'associations et d'organisations ? Quelles questions est-ce que cela soulève ?

Quatre raisons principales expliquent cette opacité :

  • Une affiliation idéologique qui est fréquemment occultée. Les Frères musulmans ne se déclarent par exemple jamais frères musulmans, alors que la confrérie est organisée sur une échelle européenne et mondiale
  • Opacité quant aux financements ; impossibilité de dresser un tableau général.
  • Liens avec des puissances étrangères, comme le Qatar pour les Frères musulmans, ou l’Arabie saoudite via la Ligue islamique mondiale.
  • Dans le cas des organisations salafistes, leur caractère éclaté, autonome et éphémère les rend difficiles à suivre


Est-il seulement possible de changer le système actuel qui peut aussi représenter l'aboutissement de l'évolution des populations musulmanes de France ?

Oui je crois et on y arrivera si l’on poursuit plusieurs objectifs clairs :

  • S’assurer de la participation active des musulmans français et les inclure dans un processus de représentativité réelle, pour minimiser le poids idéologique et les affiliations consulaires des organisations précitées qui prétendent représenter tous les musulmans
  • Assurer un meilleur contrôle sur le financement et la gestion de l’islam de France (lieux de culte, marché halal…), pour éviter une dépendance aux puissances étrangères ou aux enjeux idéologiques
  • Affermir le lien entre l’Etat et les musulmans de France à travers une représentation centralisée
  • Contrer idéologiquement l’islam salafiste, minoritaire au sein des communautés musulmanes, mais puissant car activiste et visible

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