Insécurité : ces médias d’information qui informent avec modération<!-- --> | Atlantico.fr
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"Le 9 février passé, La Provence titre "La délinquance poursuit sa baisse" - honteux bobard d'une préfète de police depuis exfiltrée, le désastre consommé", estime Xavier Raufer.
"Le 9 février passé, La Provence titre "La délinquance poursuit sa baisse" - honteux bobard d'une préfète de police depuis exfiltrée, le désastre consommé", estime Xavier Raufer.
©Christophe SIMON / AFP

Désinformation ?

Depuis une décennie au moins, la plu­part des médias informent moins ; mais bien plutôt, moralisent ou édulcorent.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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D'abord, cette banalité : la résistance ultime d'un pays libre tient à la fermeté, au courage de son peuple ; s'il tient bon, le navire flotte ; qu'il vacille ou panique, il coule, sans que l'État n'y puisse grand-chose. Bien sûr, cela tient à ce que ce peuple sait, pense, apprend ; là, le rôle cru­cial est dévolu aux médias. Quel est alors le problème ? Depuis une décennie au moins, la plu­part des médias informent moins ; mais bien plutôt, moralisent ou édulcorent.

ÉDULCORATION : récemment, un journal baptise "rassemblement de consommateurs" - en mode colloque de dames sur le prix des pâtes ou la qualité des casseroles - les zombies défon­cés au crack hantant le nord de Paris ; à demi-nus, déféquant à même les rues et épou­vantant la population. Plus bien sûr, côté "faits-divers", l'épluchage hystérique des mêmes mé­dias, du moindre détail identifiant l'origine ou l'ethnie d'un malfaiteur ; tous désormais dési­gnés comme d'abstraites "personnes".

MORALISME : tout signal d'une aggravation de l'insécurité pouvant faire-le-jeu-de, les mêmes occultent désormais froidement le réel :

- Le 9 février passé, La Provence titre "La délinquance poursuit sa baisse" - honteux bobard d'une préfète de police depuis exfiltrée, le désastre consommé (49 morts et 123 blessés en 2023 lors de guerres de gangs). La "baisse" supposée tenait à 2 mois de quasi-grève de la po­lice judiciaire hostile à une réforme interne - donc, inactive 60 jours ; un directeur de la police régionale et un général de gendarmerie écoutant ces sottises en silence. Idée pour la préfète : qu'elle donne un an de congé à la PJ : la "délinquance" baissera de 100%...

- Voici peu, une télévision "Première sur l'info" claironnait le chiffre de 650 000 cocaïnomanes en France - alors que dès août 2023, l'OFDT, chargé de ces comptes, établissait que, de 2017 à 2022, le nombre des drogués à la cocaïne passait dans notre pays de 1,7 à 2,5% des adultes, de 600 000 à 1 000 000 d'individus (400 000 en 2012, 600 000 en 2017, UN MILLION fin 2022). En proportion, plus qu'aux États-Unis (1,7% de la population des plus de 12 ans). Au passage, ce même rapport de l'OFDT annonçait qu'en France toujours, le prix de la cocaïne "s'effondre" - cinglante preuve de l'échec de la lutte antidrogue du ministère de l'Intérieur.

- Autre silence médiatique sur le nombre inouï des démissions du corps des sous-officiers de la Gendarmerie nationale, écœurés du rôle - bouche-trous et simulacres - auquel les voue un mi­nistère de l'Intérieur aveugle à l'explosion criminelle. En novembre 2023, le Journal officiel (JORF 0269, 21/11/23) publie un arrêté contraignant les sous-officiers démissionnaires à rem­bourser leurs soldes et frais études. Le pouvoir n'a plus que le chantage au fric pour obliger l'encadrement d'une arme d'élite vieille de sept siècles à servir : silence médiatique.

Ainsi, la plupart de ces médias n'informent-ils plus, mais militent pour la cause antifa-mondiali­sation heureuse, occultant au public l'essentiel du réel criminel. Qu'ont d'ailleurs inventé en la matière ces journalistes français ? Rien : tout vient de la scène médiatique des États-Unis. Mais alors, quelle est la situation de ces médias, contraints par leurs maîtres milliardaires à une tou­jours plus tatillonne censure-antifa-bienséante ? Avertissement salutaire à nos journalistes "progressistes" : elle est dramatique - du fait même du massif rejet public du triptyque Morali­sation-occultation-édulcoration. Les faits, les preuves.

D'abord, une désertion des lecteurs, saturés de bobards peints en rose. (Voice of America/AP, 3/07/22) 42% des Américains fuient désormais les informations au quotidien ; 26% d'entre eux se fient à ce que disant les médias, au plus bas depuis qu'existe ce sondage. La propa­gande, en prime : NewsGard, l'organisme du géant Microsoft chargé de la "vérification des faits" est un repaire d'ex-cadres de la CIA et de l'OTAN ; en fait, un outil du Pentagone ; ainsi de suite.

Sans lecteurs, ces médias s'effondrent : deux quotidiens locaux-régionaux meurent chaque se­maine aux États-Unis : il y avait 75 000 journalistes d'information en 2006, il en reste 31 000 fin 2022. En janvier 2024, le prestigieux Los Angeles Times vire 20% de sa rédaction. Bientôt, que des robots-IA - zéro salaires et grèves, pas d'états d'âme. Lassés de leurs jouets médiatiques, les milliardaires les refilent désormais à des fonds-financiers-vautours, qui les cannibalisent, ou les vampirisent.

En France ? de 2017 à 2022, le rejet des médias passe de 27% à 36% ; en Europe, le lectorat français croit le moins à sa presse : 29%. Avis aux néo-journalistes ubé­risés des médias d'infor­mation : la sagesse biblique disait "Mane Thecel Phares" ; mais, les précités manquant parfois de culture classique (surtout, en hébreu), qu'ils cherchent sur internet le sens de cette formule que le prophète Daniel déchiffra à Balthasar, ultime roi de Babylone...

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