L'homme qui connaît notre futur

Il s'appelle Marc Andreessen. Il n'est pas aussi riche que Bill Gates. Pas aussi inspiré que Steve Jobs. Pas aussi connu que Mark Zuckerberg. Mais tout ça ne le rend pas moins important que toutes ces icônes du web. En 20 ans de carrière, Andreessen a probablement fait plus que n'importe quelle autre personne pour changer la manière dont nous communiquons en ligne.

À seulement 22 ans, il invente Mosaic, le premier navigateur web complet disponible pour les systèmes d'exploitation Mac OS, Windows et UNIX, rappelle le site d'information Wired. Sans doute l'innovation qui a le plus permis de populariser l'accès à Internet et de rendre le web accessible à des centaines de millions de foyers. Marc Andreessen a aussi cofondé Netscape - un autre navigateur qui a cessé d'exister en 2008.

Plus récemment, il est devenu l'un des plus influents acteurs du capital-risque aux États-Unis en soutenant un nombre impressionnant de sociétés web 2.0, de Twitter à Skype, en passant par Groupon et Instagram.

Selon le New York Times, Marc Andreessen chercherait actuellement à lever 1,5 milliard de dollars auprès d'investisseurs. Un premier fonds serait doté de 900 millions de dollars, le second de 600 millions. Il gère déjà 1,2 milliard de dollars répartis dans trois fonds d'investissement. En janvier dernier, il affirmait vouloir investir dans des start-up moins célèbres et notamment là où "les valorisations sont encore sous contrôle".

Pour le site Wired, Marc Andreessen fait bel et bien partie "des pionniers qui ont bâti la culture digitale". Le site l'a donc interviewé pour revenir avec lui sur les 5 idées visionnaires qu'il a eu avant tout le monde.

L'idée de génie n°1 : rendre le web accessible à tous

Marc Andreessen est originaire d'une petite ville du Wisconsin. "Je viens donc d'un milieu qui a faim d'informations, qui est affamé de connexion", explique-t-il pour justifier le fait d'avoir crée Mosaic en 1992.

Il fait ensuite l'expérience de l'Internet en haut débit à l'Université : "Nous avions une ligne de T3 à 45 mégabits, ce qui est aujourd'hui encore considéré comme du haut débit (...) Bien sûr, c'était pour l'ensemble du campus et on payait 35 000 dollars par mois pour ce service !Cela m'a convaincu que tout le monde allait vouloir être connecté, et faire l'expérience du web."

L'idée de génie de Marc Andreessen est alors d'aller à contre courant d'une idée alors largement répandue parmi les pionniers du web : le grand public ne voudrait pas de haut débit et n'en aurait pas l'utilité. "Pour moi, il était essentiel que les gens veuillent avoir accès au haut débit et qu'ils soient capables de faire plein de chose grâce à lui."

L'idée de génie n°2 : les navigateurs seront les maîtres du web

Pendant la "guerre des navigateurs" contre Microsoft, quand Netscape et Internet Explorer étaient les deux "gros" en lice pour dominer la navigation sur PC - Marc Andreessen a prophétisé un futur où les ordinateurs se passeraient entièrement de systèmes d'exploitation trop lourds. "Mais nous ne sommes pas encore dans un monde capable de fournir une vitesse de navigation infinie. C'est pourquoi nous avons des applications mobiles, des logiciels pour Mac et pour PC sur nos ordinateurs et nos téléphones." Il estime que c'est justement parce que la vitesse du réseau est limitée que les applications vivront sur le web.

L'idée de génie n°3 : le business sur le web vivra grâce au cloud

En septembre 1999, Marc Andreessen devient le co-fondateur de Loudcloud, un outil permettant à l'ensemble des entreprises de se déplacer dans un nuage qui hébergerait et gérerait leurs services web. Ainsi les entreprises n'auraient pas à se préoccuper du fonctionnement de leurs serveurs. Loudcloud n'a pas duré, malgré son introduction en Bourse en 2001, et a été vendu à Hewlett-Packard en 2007. Mais Andreessen avait vu juste : en témoigne la hausse phénoménale des services web d'Amazon, quiservent d'épine dorsalepour des centainesde milliers d'entreprises qui font du business en ligne.

L'idée de génie n°4 : tout sera "social"

En 2004, Andreessen co-fonde Ning, un service permettant à des groupes de personnes de créer leur propres applications de réseaux sociaux. Plusieurs années après "j'ai investit dans Groupon, parce que je voyais qu'il s'agissait de la même idée - trouver, dans l'instant, un groupe de personnes qui veulent le même produit et qui usent de leur nombre important pour faire baisser le prix. Internet vous permet d'agréger des groupes d'une manière qui n'aurait jamais été possible auparavant."

"L'idée selon laquelle vous souhaitez être connectés avec vos amis, votre cercle social, les personnes avec qui vous travaillez - tout cela nous aurions pu le construire avec Mosaic. Mais à l'époque, la culture d'Internet tournait autour de l'anonymat et du pseudonyme."

L'idée de génie n°5 : les logiciels "mangeront" le monde

En 2009,  Marc Andreessen crée une société à capital risqué appelée Andreessen Horowitz. Il soutient un nombre impressionnant de sociétés web 2.0, de Twitter à Skype, en passant par Groupon et Instagram.

Andreessen estime que "les grosse entreprises de technologie peuvent maintenant être construites grâce à l'utilisation de logiciels hyper intelligents qui révolutionneront l'ensemble des secteurs de l'économie, du commerce de détail à l'immobilier en passant par les soins de santé".