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Hollande, Valls et Macron paradent en France mais découragent de plus en plus nos partenaires européens
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Atlantico Business

Les milieux d’affaires, tout comme les principaux partenaires européens, sont découragés par la France dont le désordre va encore coûter cher à tout le monde.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les pays européens s’inquiètent désormais de l'immobilisme français et surtout de son incapacité à engager des réformes importantes parce que dans ces conditions, ils savent qu’ils ne peuvent plus compter sur la France pour les aider à régler les deux problèmes qui risquent d'asphyxier une fois de plus la zone euro.

1) La situation économique. L'Allemagne est la dernière locomotive de la zone euro à pouvoir tracter l’activité. Encore faut-il qu’elle le veuille. Ce qui n’est pas évident.

2) La situation des migrants. Alors qu’au départ de cette crise, la France avait accepté le principe des quotas d'accueil pour chaque Etat membre, on s'aperçoit aujourd’hui que la France est le pays à avoir reçu le moins de populations émigrées. On aurait dû en recevoir 30 000 environ sur l'année 2015, on en est à moins de 1000. Nos structures d’accueil ne sont pas prêtes et de plus, les populations ne veulent pas venir chez nous parce qu’il n’y a pas de travail. Quand à nos dirigeants politiques, ils ne font guère d'efforts, hormis de multiplier les leçons de morale à l’ensemble de nos voisins, qui l’acceptent de moins en moins.

Les Italiens, les Espagnols et les Portugais qui ont fait d’énormes efforts pour retrouver les bases d'un redressement de leur emploi et qui ont réussi à renverser leurs courbes du chômage par des créations d’emplois massives. Les pays du nord qui sont aujourd’hui au plein emploi par une politique qui conjugue avec intelligence la flexibilité et la sécurité. Ne parlons pas de l’Irlande, qui affiche un taux de croissance record à 7,5% annuel.

Tous ces pays sont complètement découragés par la France qui est complètement marginalisée, alors qu'elle a été la locomotive de la construction européenne.

Même découragement dans les milieux d'affaires européens. La France qui a, pendant des décennies, donné le tempo du dynamisme économique en faisant jeu égal avec l'Allemagne pour constituer un attelage bénéfique à tous, se retrouve désormais à la traîne. Peu de croissance, pas d'emplois, et des dettes qui débordent de partout.

Le plus décourageant, c’est le spectacle que donne la classe politique.

François Hollande apparaît de plus en plus immobile. Ces entretiens avec Angela Merkel et Matteo Renzi ont été d'une banalité affligeante. Alors que toute l'Europe attend que la France prenne des initiatives fortes (comme par le passé), la France apparaît tétanisée par la situation extérieure et par l’impossibilité de réformer les structures internes. Avec des risques sérieux de troubles sociaux.

De l'avis de tous les observateurs, le président de la République finira pas reculer sur la loi Travail. C'est dans son ADN. Dans toutes les capitales européennes, on ne donne pas cher du modèle Hollande, sauf qu’on ne voit pas de solutions alternatives à droite qui soient très solides.

Du côté de Manuel Valls, on a compris qu’il cherchait à sauver sa loi, pour sauver son bilan. Mais ça n’est pas en surtaxant les CDD qu’il va promotionner les CDI. Même à la CGT, qui a mis cette revendication à son catalogue, on n’y croit guère.

Le CDD français est le plus précaire d'Europe, mais c’est aussi le plus protecteur pour le salarié, parce que pendant toute la durée du contrat, le salarié en CDD est intouchable.

Pour les amis de Manuel Valls, ce projet n'a qu’un intérêt, celui de déplacer le débat de son épicentre et de donner un peu d'air aux discussions positives concernant la loi elle-même.

Le Premier ministre espère s’en sortir en faisant quelques concessions aux syndicats, mais en logeant ces concessions dans des lois annexes à la loi El Khomri, ou dans la loi de finance. Ce type de subtilité échappe aux observateurs étrangers qui voient mal le Premier ministre sortir indemne d'un quinquennat qui aura été désastreux.

Les capitales européennes comme les hommes d’affaires suivent donc avec beaucoup d'attention le parcours d’Emmanuel Macron. Les Italiens y voient un personnage à la Matteo Renzi capable d'émerger avec des idées neuves et surtout un charisme capable de convaincre l'opinion. Après tout, ce que Matteo Renzi a réussi, Emmanuel Macron pourrait le faire en France.

Les milieux d'entreprises sont assez séduits par son pragmatisme et pensent qu’il peut être l'artisan de la recomposition politique française.

Après tout, la classe politique française est coupée en deux, c’est vrai. La droite et la gauche. Mais les Français, eux, se partagent entre des partisans d’un conservatisme prudent et des progressiste modernes.

Le problème français est que la ligne de partage passe au milieu des deux principales familles politiques. On doit donc pouvoir constituer deux groupes capables d’être majoritaires. Un groupe conservateur et un groupe plus moderniste.

Pour beaucoup, Emmanuel Macron pourrait très bien incarner le groupe progressiste. Ses soutiens, dont les plus jeunes vont officialiser la constitution d’un think tank ce week-end, pensent qu’il pourrait être le leader d’une France décomplexée par rapport aux contraintes de la modernité, de la mondialisation, ou de l Europe.

Sur le papier, la démarche est cohérente. Sur le terrain, c’est beaucoup moins évident. La politique passe par des partis, des moyens, le respect de certaines traditions ou d’intérêts corporatistes. Emmanuel Macron n’a pas d’expérience, pas de bilan, et pas de moyens.

Le dernier évènement qui aggrave le découragement des Européens, c’est la décision de Mario Draghi, président de la BCE, de tirer le bazooka monétaire. Non seulement il maintient le quantitative easing de 60 milliards d’euros, mais il abaisse les taux d'intérêt en-dessous de zéro. Le but est de décourager l'épargne. Un taux d’intérêt négatif revint à taxer l'épargne pour encourager l'investissement.

Le problème, c’est que le taux d intérêt ne permet pas de rémunérer le risque d'entreprise ou l'investissement. Conséquence : on tourne en rond au bénéfice des seuls marchés financiers. Les Européens du nord sont furieux contre un tel laxisme, les milieux d'affaires allemands sont furieux d'une telle générosité.

Pour tous les gouvernements, ça encourage la France à l'immobilisme. Pourquoi faire des réformes de productivité quand on peut régler les factures avec de l'argent gratuit ?

Les grands pays européens dont l'Allemagne ne vont plus demander à la Commission de réclamer des réformes à la France. Cela reviendrait à perdre son temps.

La seule solution, attendre que le système s'effondre. Dans ce cas, la France n'aura pas le choix, la crise rend intelligent en général. Ou alors attendre les prochaines élections en espérant que cette présidentielle dise la vérité.

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