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L'étude qui met en évidence le hold-up de l'industrie financière sur le PIB des pays occidentaux
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Gloutonnerie

L'apparition des ordinateurs, des téléphones et des logiciels de trading devrait avoir rendu l’industrie financière beaucoup plus performante qu’elle ne l’était au début du siècle dernier. Et pourtant, une étude américaine établit qu'elle n'est pas plus efficace qu'en 1910 alors que ses rémunérations n'ont cessé d'augmenter.

Les quarante dernières années ont vu le monde de la finance profondément bouleversé par l'informatique. Les ordinateurs, les logiciels de trading ont complétement changé la manière dont se font les échanges financiers. Le système actuel est-il plus efficace pour autant et l'industrie financière qui absorbe une part grandissante des revenus nationaux contribue-t-elle réellement à une création de richesse accrue ? C'est la question que se posent de nombreux économistes, emmenés notamment par Paul Krugman, l'un des éditorialistes vedettes du New York Times, prix Nobel d'économie en 2008.

Thomas Philippon, professeur de finance à la Stern School of Business de New York, y apporte une réponse originale, en se basant non pas sur l'exemple des crises récentes ou sur des critères moraux, mais sur la théorie macroéconomique.

"Le modèle néoclassique prévoit que, dans la plupart des cas, les innovations technologiques entraînent la diminution du poids d'un secteur économique dans le PIB d'un pays", explique-t-il. "Cette prévision se vérifie dans le secteur de la finance de détail. Grâce à l’informatique, le coût de l'achat et de la conservation des actifs financiers a diminué, ce qui devrait avoir diminué le coût de l’intermédiation (c'est-à-dire l'ensemble des sommes versées pour rémunérer les intermédiaires dans le secteur de la finance, NLDR)".

Et pourtant, note-t-il, ça n’est absolument pas le cas. Entre 1970 et 2011, les dépenses en équipement informatique et la part du secteur de la finance dans le PIB américain ont augmenté dans les mêmes proportions, alors que dans tous les autres secteurs d'échanges commerciaux, c’est l’inverse qui s’est produit (comme le montrent les graphiques ci-dessous).Philippon prend comme exemple le commerce de gros et le commerce de détail. "Le contraste est frappant", écrit-il." Compte-tenu de ce qui est advenu dans le secteur du commerce de gros et de détail, l’informatique devrait avoir rendu la finance moins importante, pas plus importante".

Ci dessus : L'évolution de la part de l'industrie financière dans le PIB et de la part de dépenses d'équipements informatiques


Ci dessus : L'évolution de la part de la distribution dans le PIB et de la part de dépenses d'équipements informatiques

Ci dessus : L'évolution de la part du commerce de gros dans le PIB et de la part de dépenses d'équiements informatiques


Pour lui, l'explication est simple : "l’innovation technologique dans le domaine de la finance a été utilisée pour développer des marchés secondaires, comme le trading". Si le coût des échanges a baissé, le coût de la gestion de ces échanges a augmenté. Dès lors, affirme Philippon, deux questions se posent. Il évacue rapidement la première : "pourquoi les gens échangent toujours autant ?", mais se penche plus longuement sur la seconde : "l’augmentation du trading a-t-elle conduit à de meilleurs prix ou à une meilleure gestion des risques ?"

"J’aimerais croire que la réponse à cette seconde question est oui, mais j’en attends toujours la preuve. S'il s’avère que la réponse est non, alors nous devrions conclure que la part que représente la finance dans le PIB est de 2 points trop haute, ce qui représente aux Etats-Unis seulement une perte des ressources de 280 milliards de dollars environ". Un calcul qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui mettent en doute l'efficacité du système financier sous la forme actuelle, et la place centrale qu'il a acquis dans nos économies.

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