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Les maltraitances de nos enfants en situation de handicap dans les centres éducatifs sont nombreuses.
Les maltraitances de nos enfants en situation de handicap dans les centres éducatifs sont nombreuses.
©Thomas SAMSON / AFP

Pratiques sauvages

Le documentaire de Zone interdite, réalisé par Esther Goldman, a mis enfin des images sur ce que nous dénonçons depuis des années. Les maltraitances de nos enfants en situation de handicap dans les centres éducatifs sont nombreuses.

Olivia Cattan

Olivia Cattan est écrivaine, journaliste, présidente de Paroles de Femmes et de SOS autisme.
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Le documentaire de Zone interdite, réalisé par Esther Goldman, a mis enfin des images sur ce que nous dénonçons depuis des années. Les maltraitances de nos enfants en situation de handicap dans les centres éducatifs sont nombreuses. Cela fait six ans que nous contactons, régulièrement, les autorités publiques et les ministères pour dénoncer ces agissements et leur transmettre tous ces témoignages de parents qui évoquent des essais sauvages faits sur leurs enfants, le manque de soins, les humiliations, le harcèlement, les violences que certains jeunes subissent dans certains centres ainsi qu’à l’école. Pourtant, rien n’a été fait. Au sein de SOS autisme France, nous avons récolté des centaines de témoignages de familles parlant d’un adulte autiste attaché sur une chaise roulante toute la journée devant la télévision dans le 15e arrondissement, d’une jeune fille ayant subi un viol, d’un adolescent laissé toute la nuit dans ses excréments, faute de personnel. Un adulte autiste était humilié sans cesse aussi dans un Institut de province : son pantalon était baissé lorsqu’il montait l’escalier, ce qui provoquait le rire de certains membres du personnel. De nombreux faits divers relatent aussi des morts d’adultes autistes dans certains Instituts comme cette jeune fille retrouvée noyée dans une baignoire. Je me demande alors pourquoi personne n’en parle davantage, pourquoi personne ne contrôle ces lieux accueillant des personnes vulnérables. Pourquoi les directeurs de ces lieux ne mettent pas des caméras afin de mieux contrôler leur personnel, pourquoi ils n’embauchent pas suffisamment pour s’occuper de ces jeunes. Faut-il que les parents manifestent et bloquent les routes de Paris en jetant du purin, comme les agriculteurs, ou qu’ils montent sur des grues pour se faire entendre ?

Tout au long de mon parcours avec mon fils, j’ai dû affronter le manque de prise en charge, le manque d’accompagnants à l’école, le vide des structures permettant aux mères de souffler un peu. J’ai dû m’endetter pour lui payer une prise en charge, renoncer à mon métier de journaliste pour devenir son accompagnante à l’école puis son aidante au quotidien. 15 ans de ma vie ont défilé ainsi, faits de batailles continuelles et de recherche de solutions, accompagné de désespoir. J’ai dû me former à toutes les méthodes possibles et inimaginables pour faire face aux coups violents qui me menaient à l’hôpital et pour apprendre à mettre enfin un terme à ses crises dues à son anxiété et sa frustration. J’ai dû devenir tour à tour auxiliaire de vie scolaire, professeur, infirmière, psychologue faute de manque de thérapeutes ou de moyens financiers. J’ai dû aussi accepter de m’exiler pendant trois ans dans un autre pays et de m’éloigner des miens pour lui offrir la possibilité d’aller dans un lycée qui l’accepte et qui mette en place tous les aménagements nécessaires. Toutes les familles n’ont pas toutes les ressources de le faire.

Alors va-t-on encore laisser tous ces parents d’enfants en situation de handicap, sans aucune solution ? Va-t-on encore continuer à fermer les yeux sur cette maltraitance qui se passe en France sans réagir, comme si cela était acceptable ? Va-t-on encore parler, sans cesse, d’école inclusive, sans donner les moyens aux professeurs d’accueillir ces élèves dans leurs classes ? Va-t-on encore laisser les familles crier sans les entendre ? Va-t-on encore nier le droit à la dignité de ces 12 millions de personnes ?

Le documentaire de Zone interdite a porté enfin notre message et j’espère seulement qu’il sera réellement entendu par les grands décideurs politiques actuels et futurs. La ministre vient d’annoncer enfin le contrôle de ces lieux mais pourquoi faut-il attendre un documentaire pour le faire alors des associations le réclament ? N’est-ce pas un nouvel effet d’annonce qui n’aura pas de lendemain ? A quelle fréquence seront faits ces contrôles, quel suivi y aura-t-il ? Pourquoi notre procès qui avait dénoncé des essais sauvages sur des enfants autistes n’a-t-il pas avancé malgré les nombreux articles journalistiques ?

Nous espérons qu’à quelques mois des élections européennes, le handicap deviendra enfin un sujet majeur traité par les différents candidats, lesquels pour l’instant n’ont pas jugé utile d’en parler lors de leurs premiers meetings. Il en va du devoir et de l’honneur de la France de protéger ses 12 millions de citoyens les plus fragiles.

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