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En Grèce, le jeu des 7 erreurs qui conduit les dirigeants tout droit à la catastrophe
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Un nouveau conseil des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro devrait statuer sur le plan d’aide à la Grèce, jeudi à Bruxelles. Les dirigeants grecs ont donc trois jours pour sauver un avenir européen. Mais la probabilité d’une sortie de l’euro s’est encore accrue.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour la Grèce, la descente aux enfers continue. Plus la perspective de trouver une solution financière cohérente s’éloigne, plus on mesure la responsabilité terrible des dirigeants grecs nouvellement élus qui ont gâché par incompétence et ignorance la confiance dont ils étaient investis.

La faillite de la Grèce n’apparait pas comme une nouvelle trahison de la démocratie mais comme une leçon de fonctionnement plus honnête de celle-ci. Ce qui se passe à Athènes devrait servir de leçon à toutes les démocraties de la zone euro. C’est un peu le jeu des 7 erreurs à ne pas commettre.  

1e erreur, c’est vrai les Grecs ont voté pour une majorité de la gauche radicale. Du coup, le gouvernement conduit par un jeune Premier ministre, et son ministre de l’Economie, se sont alliés  au parti d’extrême droite qui défendait beaucoup de projets identiques, pour renforcer leur marge de manœuvre parlementaire. C’est une première erreur parce que le gouvernement s’est retrouvé otage de ses électeurs et de l’extrême droite.

2e erreur, le programme présenté (et qui leur permet d’accéder au pouvoir) est completement irréalisable sans une aide extérieure. Résultat, le gouvenement se retrouve avec des intentions légitimes mais sans un euro dans les caisses. Ils annoncent d'emblée au peuple Grec que leur pays a été floué par la zone euro. Gonflé.

3e erreur,  les deux personnalités les plus importantes du gouvernement font le tour des capitales européennes, avec pour ambition folle de faire changer le mode de fonctionnement de la zone euro. Alors qu’ils bénéficient d’un capital de sympathie en Europe, aucun pays n’a accepté de rentrer dans la logique des Grecs. Pas d’annulation de dettes et poursuite des aides financières à condition de rentrer dans le rang au niveau de la gestion. Ce qu'ont fait tous les membres de la zone euro, (sauf la France) et qui commence à porter des fruits. L’erreur a été, de promettre au peuple grec, qu' ils étaient capables de faire plier les européens. Quelle arrogance !

4e erreur, une fois évincé de partout, les dirigeants grecs ont commencé à faire quelques concessions en acceptant de repousser certaines promesses. Mais toujours pas d’engagements sur la poursuite des réformes de structure, les seules capables de redresser le pays.

5e erreur, les dirigeants grecs, coincés entre leurs promesses politiques et le refus de l’Europe de les prendre en charge, sont tombés dans la surenchère et les menaces. Ce comportement a braqué les dirigeants européens, les Allemands, les Espagnols, les Italiens, les Portugais et ces derniers jours, les Français.

Dos au mur, les dirigeants grecs se sont livrés à des menaces. Menace d’organiser un référendum en Grèce sur l’euro, menace ridicule de déporter les émigrés sur les terres de Berlin. Non seulement ridicule mais insultante pour tous les émigrés et les populations étrangères en Grèce. Le crédit du gouvernement s’est effondré.

6e erreur, un comportement des dirigeants qui s’est retrouvé en contradiction avec les engagements. Les photos de Yanis Varoufakis publiées dans Paris Match avec son accord, et qui le montre dans un cadre hyper cossu, confortable et riche alors qu'il n’a pas cessé de pleurer sur la misère du peuple grec. Elles ont été assassines pour son image au point de l’éliminer des négociations internationales. La décision a été prise ce week-end à Athènes

7e erreur : Penser que l’Europe ne pouvait pas supporter un chantage au départ de la Grèce de la zone euro. Or, les dirigeants grecs savent désormais que la sortie de route de la Grèce ne sera pas une catastrophe pour l’euro. Tout le monde s’est organisé.

Plutôt que de finaliser un plan de réforme qui pourrait convaincre les Européens de verser les 7 milliards dont les Grecs ont besoin, les dirigeants s’entêtent à ne pas appliquer le règlement de copropriété de la zone euro.

Cette affaire inspire deux leçons. La première, c’est que la démocratie ne permet pas à un peuple de s’affranchir de ses propres contraintes ou de ses propres lâchetés. L’Europe peut discuter, alléger ou amortir un programme. L’Europe ne pourra pas aller plus loin sinon elle sauterait sous l’effet de la pression de ses propres forces démocratiques. Les opinions publiques européennes sont éloignées, très éloignées, des projets de la Grèce.

La deuxième leçon, c’est qu'un parti politique ne peut pas s’affranchir des obligations de cohérence et des contraintes de la réalité. Il ne peut pas s’installer dans le lit de la démagogie sinon il sautera un jour ou l’autre.

En Italie, Sylvio Berlusconi a tenu longtemps mais les cordons de la bourse ont cassé et il a dû partir. En Grèce, les dirigeants jouent avec le feu parce que le peuple grec va se réveiller avec la certitude de s’être fait avoir. Ce qui piège la démocratie grecque peut demain piéger n’importe quelle démocratie. La démocratie a besoin de vérité et de transparence.      

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