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Contrefaçon des grands vins 
français : jusqu'où iront les Chinois ?
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Oenologie

Le marché des grands vins a bénéficié de la croissance économique en Chine. Mais l'Empire du Milieu n'a rien d'un Eldorado pour les Français : 80% du vin qui y est consommé est chinois, et 60% du vin "français" qui y est vendu n'est que de la contrefaçon.

Olivier Thiénot

Olivier Thiénot

Olivier Thiénot est diplômé du Wine and Spirit Education Trust de Londres (WSET).

Il dirige l'Ecole du Vin de France. Animateur de dégustations de vins, de conférences et de séminaires en France et à l'étranger, il cumule 15 années d'expérience dans le domaine du vin.

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La Chine ! L’eldorado, le nouveau paradis pour nos grands vins. Regardez la dernière édition de Vinexpo à Hong Kong, tout le monde avait l’air si heureux, de nombreuses manifestations y étaient organisées : des dégustations, une conférence sur un œnologue français  censé être connu en Chine, des formations sur nos appellations…

Alors pourquoi cette question, existe-t-il un doute ? Nos vins sont-ils menacés comme d’autres de nos produits par des imitations, des contrefaçons ?

Tout d’abord un rappel de la situation actuelle. La Chine s’éveille peu à peu au vin, la consommation augmente et les vins français bénéficient de ce mouvement. Il est bon, malgré tout, de se souvenir que 80% des vins consommés en Chine sont chinois. D’ailleurs le verbe "consommer" n’est pas le bon car une grande majorité des vins est utilisée comme cadeaux, peu sont bus.

Si une quarantaine de domaines, majoritairement bordelais, ont vu leur prix s’envoler sur le marché chinois, le marché reste en grande majorité bas de gamme. Il est très courant que l’on vous réclame des vins de Bordeaux à moins d’un euro.

Le marché des grands vins a bénéficié de la croissance économique en Chine continentale, du volontarisme de Hong Kong qui a supprimé toutes taxes sur l’importation de vins, enfin de l’envie de modernité des nouveaux fortunés chinois : costume italien, voiture allemande, grands crus français, voilà la panoplie gagnante.

Mais le ciel s’assombrit, la croissance économique se ralentit et des pratiques de plus en plus voyantes deviennent gênantes pour nos exportations.

Menace 1 : l’imitation légale. La Chine produit 80% des vins consommés sur son territoire, imiter les grands vins français est un moyen d’occuper le terrain du haut de gamme. Quelques domaines dans le Nord de la Chine montent en qualité mais on ne peut pas considérer pour l’instant qu’il soit une menace. La culture de la qualité prend du temps.

Menace 2 : la fusion. Le savoir-faire français en Chine. Par exemple les domaines Barons de Rothschild, propriétaire du fameux cru classé Lafite, développent un vignoble en Chine dans la province de Shandong. L’idée est de faire le premier grand cru chinois avec une caution prestigieuse. Un travail formidable a été entrepris mais le frein est local avec une administration tatillonne et des fonctionnaires… gourmands. A suivre.

Menace 3 : la contrefaçon grossière. On évalue à 60% des vins présentés comme français des contrefaçons. Beaucoup de ces contrefaçons ne sont pas l’apanage de spécialistes de vins. Le gouvernement chinois a longtemps fermé les yeux sur ce fléau et les Français ont réagi mollement tant le marché paraissait énorme et qu’il touchait des milliers de producteurs pas très au fait du fléau.

Menace 4 : la contrefaçon haut de gamme. Elle est assez récente et sûrement la plus dangereuse. Fabriquer des étiquettes, des bouchons, des capsules, être informé et bien éduqué sur la technique sont des pratiques qui tendent à se développer.

Il est à noter que de nombreux scandales éclatent ailleurs qu’en Chine, un collectionneur indonésien, Rudy Kurniawan, mondialement célèbre résidant aux États-Unis s’est avéré un faussaire de grande envergure. La Chine démarre dans ce trafic "haut de gamme" extrêmement dangereux pour l’ensemble de la filière. Il est intéressant de noter que c’est maintenant que le problème est pris au sérieux  alors qu’il touche principalement les vins spéculatifs.

Si la France veut maintenir son leadership il est urgent de changer de stratégie en avançant en Chine de façon coordonnée. De nombreux budgets sont dépensés en promotion parfois inutiles. En effet, il est affligeant de voir des régions subventionner des pseudo ambassadeurs du vin qui tirent de ce nouveau statut un bénéfice personnel sans relation avec la promotion de nos vins.

Régions ( Bordeaux, Bourgogne, Champagne….) unissez-vous et créez un bureau de vérification anti-fraude à Hong Kong et Shanghai seul outil efficace. Réside un frein à cette initiative de bon sens : les vins de France n’existent pas juridiquement et ce n’est pas le problème de l’État, cela doit être la volonté de l’ensemble de la filière viticole.

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