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Grand prix des bonnes nouvelles des territoires : ce que coûte à l’économie l’obsession française du gigantisme
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Petit mais (plus) efficace

Mercredi 3 décembre seront décernés les Grand prix des bonnes nouvelles des territoires, remis par l'association "le Cercle des entrepreneurs du futur". Une manière de mettre en lumière les initiatives économiques locales à la pertinence et à l'efficacité bien plus percutantes que des orientations nationales inexistantes.

Michel Godet

Michel Godet

Michel Godet est économiste, professeur et membre de l'Académie des technologies.

Il est l'auteur de Le Courage du bon sens (Odile Jacob, 2009), Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur (Odile Jacob, mars 2011), de La France des bonnes nouvelles (Odile Jacob, septembre 2012) et de Libérez l'emploi pour sauver les retraites (Odile Jacob, janvier 2014) Il anime également le site laprospective.fr.

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Atlantico : Vous décernez, pour la septième, votre "Grand prix des bonnes nouvelles des Territoires"? Quelle est la tendance de l'année ? Qu'est-ce qui ressort plus particulièrement des projets que vous avez reçu ?

Michel Godet : Pour ce nouveau prix, comme pour ceux des années précédentes, la tendance qui ressort c'est l'absence de l'Ile-de-France. Tout vient de la Province, y compris d'endroits inattendus comme les quartiers nords de Marseille. Et il ne faut pas confondre les "territoires" avec les "collectivités locales". Ce n'est pas étonannt puisque les taux de chômage sont endogènes, ils varient en France du simple au triple suivant les bassins de vie. Cela montre bien que tout vient des forces internes qui sont mobilisées par des acteurs qui ont des projets et qui savent mobiliser l'adhésion. C'est un constat d'expérience.

Pourquoi vous paraît-il incontournable que les solutions pour relancer la croissance française viendront forcément du local, alors que le local se heurte nécessairement au manque de moyens, dans un pays où les PME peinent à atteindre une taille critique ?

La taille critique est un mythe véhiculé par le parisianisme. Que je sache, la France qui est un grand pays s'est fait battre en finale de la Coupe Davis par la Suisse qui est un petit pays, un exemple parmi d'autres que le plus important c'est dêtre les meilleurs, peu importe la taille. Il vaut même mieux décroître et générer plus de profitabilité. En France on est dans l'illusion du gigantisme. On s'extasiait encore hier matin dans les médias sur le fait qu'une usine française allait construire les plus grandes éoliennes au monde. Si elles ne marchent pas, et que l'on "jette" le surplus d'électricité non consommée qui sera produite, quelle importance ?

Pourquoi la collaboration des projets locaux avec les autorités nationales vous semble-t-elle impossible, alors que les intérêts sont pourtant, en principe, convergents (bonne situation économique, forte croissance et chômage bas) ?

Pourquoi à un moment donné, sous Louis XVI, la royauté s'est-elle coupée du peuple ? Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, mais cela s'est fait. On voit bien que la politique est d'abord un jeu d'acteurs et de positionnements, et qu'il n'y a pas la volonté de se battre pour l'intérêt général sur le long terme. A part peut-être l'exception des réseaux Alzheimer, il n'y a jamais de cas de collaboration efficace tout simplement parce que les parties n'ont plus les mêmes intérêts et, surtout, ne parlent plus le même langage.

Si les initiatives locales peuvent constituer autant de multiples succès sur leur terrain, comment peuvent-elles se fédérer pour donner un élan national au tout, alors que vous soutenez des projets ancrés par nature sur un espace restreint ?

Mon projet personnel, c'est de mettre en lumière les initiatives qui marchent – et il y en a de partout y compris dans les zones rurales les plus reculées – pour que cela génère un phénomène de "contagion des initiatives". Il faut organiser cette contagion pour pousser à la reproduction de ce qui marche. Tous les acteurs qui concourent pour le Grand prix des bonnes nouvelles des Territoires ont envie de faire savoir ce qui réussit, et ce type de concours peut permettre justement de les fédérer et de mieux les faire connaître. Et ils nous rappellent surtout que le niveau national ne peut pas comprendre tout cela car il n'est plus capable de s'inscrire dans le long terme.

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