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Gilets Jaunes et extrémistes baptisés "casseurs" par les médias : même combat
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Convergence

A leur réveil dimanche matin les Français peuvent lire sur l’Arc de Triomphe ces slogans taggés à la hâte lors de la prise symbolique d’un monument non moins symbolique : « Les Gilets Jaunes triompheront », « Fin de régime », « On veut un président des pauvres ». Face à l’expression d’un tel mouvement de révolte on peut se demander si, comme l’écrivait François Furet : « la Révolution française est terminée » ?

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Nul ne sait quand pourra prendre fin la contestation des Gilets Jaunes ulcérés par un pouvoir politique réformiste qui les assomme de taxes sur les carburants après que son prédécesseur socialiste les ait étranglés d’impôts en tous genres.

Il semble bien que l’on ait mésestimé cette « large audience des idées radicales » que Philippe Raynaud avait analysée dans L’extrême gauche plurielle (2006) et à laquelle s’ajoutent désormais dans un même élan les radicalisés de droite, pour dire leur aversion de ce consensus libéral incarné par le réformiste « ni-droite, ni-gauche » du Président Macron. Elle conduit aujourd’hui à une crise de légitimité du pouvoir politique, sans précédent depuis 1968.

Nous sommes face à une crise de légitimité de l’exécutif autant que du législatif. Ceux qui se désignent comme « le peuple » et s’habillent de gilets jaunes forment, avec le soutien d’environ 80% des Français, une opposition au Président de la République, à son gouvernement et à sa majorité.

Cette opposition est de nature incontrôlable par définition, puisqu’elle est directe et, pour l’instant, non représentée officiellement.

Retransmis par les médias, on entend l’indignation unanime des représentants du pouvoir, ministres, députés, sociologues et autres communicants devant les violences et les exactions.

Au légitime leitmotiv du « c’est inadmissible » et à leurs exhortations : « les Gilets Jaunes doivent se désolidariser de ces casseurs », répond la logique de cette dame en gilet jaune, interrogée par BFM, non loin de l’Arc de Triomphe : Cautionnez-vous les violences? « La révolution ne peut pas se faire sans violence, hélas! »

Dans le dénuement extrême où les conduisent à la fois la crise économique liée à la mondialisation, le chômage, la baisse du pouvoir d’achat et le recul des pouvoirs publiques, les Gilets Jaunes paraissent loin de se désolidariser de ceux que Castaner a appelé « les séditieux », « les factieux ».

En fin de journée, retransmission en direct depuis Buenos Aires, de la déclaration du Président de la République, mise en scène par BFM, montrant d’un côté de l’écran les violences et les destruction dans Paris, et de l’autre, Emmanuel Macron décrivant les débats du G7, qui conclut en opposant « la violence » de « ceux qui veulent le chaos » à « l’expression pacifique d’une colère légitime ».

Il sera aussitôt démenti par un gilet jaune venu de Bar-le-Duc, dans la Meuse, avec un groupe de copains qui s’emploient à construire sous nos yeux une barricade sur l’une des avenues menant à l’Etoile : « Attaquer les pauvres c’est de la violence aussi ».

A peine esquissée samedi dernier, la porosité entre des gilets jaunes se radicalisant et les « casseurs » est évidente ce 1er décembre.

Nous assistons à une convergence des luttes d’un genre que nul n’aurait imaginée, de mémoire de toute l’histoire des mouvements sociaux.

Une convergence des luttes entre cette radicalité venue d’une partie du mouvement des Gilets Jaunes, formés de classes moyennes et les « casseurs » non identifiés, qui pour certains signent d’un grand A entouré d’un cercle.

Une alliance de fait, soutenue par celui qui s’en rêverait l’initiateur, ce chef nouvellement intronisé d’une gauche populiste et révolutionnaire, Jean Luc Mélenchon, qui tweete fièrement dès 19H29 : « Jour historique. En France l’insurrection citoyenne fait trembler la macronie et le monde du fric ».

Gilets Jaunes radicalisés et casseurs extrêmistes semblent bien avoir convergé sous l’Arc de Triomphe, hier. Ils voulaient répondre à la double trahison d’un pouvoir politique qui refuse d’accéder à leurs demandes et d'un Etat qui les écrase d’impôts depuis trop longtemps. Ils chantaient la Marseillaise et répétaient à l’envi : « On n’en peut plus et on ira jusqu’au bout », réveillant en même temps que la culture radicale française l’idée révolutionnaire elle-même. 

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