Géo-ingénierie : la Chine fait pleuvoir dans une ville soumise à des températures intenses <!-- --> | Atlantico.fr
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La Chine tente de mettre au point des systèmes de pluie artificielle comme dans la ville de Puyang.
La Chine tente de mettre au point des systèmes de pluie artificielle comme dans la ville de Puyang.
©BERTHA WANG / AFP

Régulation

Bonne ou mauvaise idée face au dérèglement climatique ?

Slimane Bekki

Slimane Bekki

Slimane Bekki est Membre du département strato au sein du laboratoire LATMOS, le Laboratoire Atmosphères, Observations Spatiales, une unité mixte de recherche spécialisée dans l'étude des processus physico-chimiques fondamentaux régissant les atmosphères terrestre et planétaires et leurs interfaces avec la surface, l’océan, et le milieu interplanétaire.

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Atlantico : Depuis plusieurs années, la Chine essaye de mettre au point des systèmes de pluie artificielle grâce à des techniques de modification du temps appelées « ensemencement des nuages ». Le 21 juin, un tel dispositif a été mis en place dans la ville de Puyang, pour lutter contre la chaleur. Quels sont les objectifs de ce système ?

Slimane Bekki : Depuis très longtemps, et notamment depuis les années 1960, des programmes ont tenté de modifier les conditions météorologiques localement ou même régionalement. Le contrôle du temps relève d’un vieux rêve de l’humanité mais reste encore aujourd’hui très hasardeux. 

Les objectifs sont multiples. Le premier but est souvent de simplement faire pleuvoir pour les cultures, notamment en cas de sécheresse. L’ensemencement des nuages est également utilisé pour éviter les épisodes de grêle, qui peuvent endommager les récoltes. En revanche, si, sur le papier, cela pourrait éventuellement être utile dans des régions très localisées comme des champs, la pluie ne sera jamais disponible à la demande car le processus d’ensemencement des nuages est complexe et son efficacité n’a pas encore été démontrée. 

Une augmentation des précipitations peut également « nettoyer » l’atmosphère, ce qui fait chuter les concentrations des particules fines et de polluants gazeux. Dans les grandes métropoles chinoises, souvent très polluées, cela pourrait servir à améliorer la qualité de l’air et donc la santé des habitants. 

Certaines études parlent également de la possibilité d’augmenter la production électrique dans les centrales hydroélectriques. À ce jour, comme il n’a jamais été démontré scientifiquement que les programmes de modification du temps augmentent les pluies, les effets de tels programmes sur la production de telles centrales restent inconnus. 

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Est-ce une technique viable pour lutter contre les effets néfastes du réchauffement climatique ? Quels sont ses inconvénients ?

A ce stade, on ne voit pas comment l’ensemencement des nuages pourrait régler les effets du réchauffement climatique. En 60 ans de recherches poussées, les nombreux programmes de modification du temps n’ont pas encore fourni d’avancées claires et convaincantes. Je ne crois pas que cela va changer aujourd’hui. 

Il faut souligner que la modification du temps n’est pas possible n’importe où et n’importe quand. Certaines conditions spécifiques doivent être réunies. Il n’y a pas de miracle, il n’est pas possible de faire pleuvoir si l’air est sec. Et si on fait pleuvoir beaucoup à un endroit, cela implique moins de pluie à un autre endroit.

S’il était vraiment possible de contrôler la pluie, de multiples problèmes se poseraient, notamment en termes de gouvernance internationale. Si nous étions capables de faire tomber de grosses quantités de pluie dans une région donnée et donc d’assécher les masses d’air passant sur cette région, d’autres régions risqueraient de subir un stress hydrique. Plusieurs pays sont déjà en conflit sur la ressource en eau et cela ne contribuerait qu’à renforcer le problème. Le cycle de l’eau est très complexe avec les masses d’air humides transportées sur les continents sur de très longues distances, un peu comme l’eau dans nos fleuves et rivières.  

Quelles sont les conditions nécessaires pour créer des pluies artificielles ? Peut-on s’attendre à des avancées notables et à une généralisation de ce système dans les années à venir ?

Sans nuages, il n’est déjà pas possible de générer de la pluie. L’ensemencement des nuages reste une technique très hasardeuse qui n’a à ce jour jamais démontré son efficacité, sauf à de rares exceptions. Je ne pense pas que cela puisse changer dans les années à venir et les seules applications possibles sont très localisées. Elles ne régleront à court terme aucun des problèmes liés aux changements climatiques. Néanmoins la recherche dans ce domaine va continuer car la ressource en eau est un enjeu crucial pour de nombreux pays.

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