Génération perdue ? Ce que le chômage record des jeunes aura comme conséquences à long terme<!-- --> | Atlantico.fr
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Les moins de 25 ans ont vu leur taux de chômage augmenter d'environ 10% au mois de mars 2013 par rapport à l'année précédente.
Les moins de 25 ans ont vu leur taux de chômage augmenter d'environ 10% au mois de mars 2013 par rapport à l'année précédente.
©Reuters

Tanguy

Les chiffres du chômage dévoilés la semaine dernière révèlent qu'au mois de mars, le nombre de demandeurs d'emploi a atteint les 3 224 600. Les moins de 25 ans ont vu leur taux de chômage augmenter d'environ 10% sur un an.

Olivier Galland

Olivier Galland

Olivier Galland est sociologue et directeur de recherche au CNRS. Il est spécialiste des questions sur la jeunesse.

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Atlantico : Selon les chiffres de pôle emploi, les moins de 25 ans ont vu leur taux de chômage augmenter d'environ 10% au mois de mars 2013 par rapport à l'année précédente. Quelles peuvent être les conséquences à long terme d’un chômage des jeunes persistant ?

Olivier Galland : Cela fait à peu près trente ans que le taux de chômage des jeunes en France est le même. Néanmoins, il faut souligner que le chômage touche les jeunes de manière inégale. Les jeunes diplômes sont beaucoup plus épargnés que les jeunes sans diplôme. Les diplômés connaissent un taux de chômage qui oscille autour des 10%, alors que le taux de chômage des non-diplômés varie entre 25 et 30%, voire plus.

Les diplômés connaissent effectivement, à la fin de leurs études, une phase précaire, mais il s’agit davantage d’un tremplin vers un emploi stable qu’une trappe vers la pauvreté ou l’exclusion sociale. Ce à quoi on assiste actuellement et qui va peut-être perdurer, c’est ce clivage entre deux jeunesses.

Commencer sa carrière par une période de chômage a-t-il des conséquences sur la suite de sa carrière ?

Je n’en suis pas sûr car ces débuts de carrière instables, les jeunes les ont désormais totalement intégrés dans leurs représentations des débuts de la vie professionnelle. Ils savent bien que c’est exceptionnel de commencer sa carrière par un CDI. Ils ont conscience que le début de la vie professionnelle est marquée par une phase d’expérimentation, aussi bien pour eux que pour les entreprises. Pour eux, ce n’est pas évident de trouver l’emploi qui correspond à leurs aspirations. Et pour les entreprises, avec la multiplication des diplômes, ces derniers ne sont plus des indicateurs fiables pour juger de la qualité d’une personne que l’on veut embaucher.

Pour les jeunes diplômés, commencer sa carrière par une période de chômage n’a pas beaucoup d’incidence sur la suite. Ce que montrent les études, c’est que par la suite, les carrières de ces diplômés prennent une pente ascendante relativement normale. Bien sûr, dans les filières de lettres et de sciences humaines, les jeunes connaissent des difficultés plus grandes d’entrée dans la vie professionnelle et de stabilisation dans l’emploi.

Les jeunes ayant commencé leur carrière par une longue période de chômage vont-ils se retrouver à travailler plus longtemps que les autres ? Quelles conséquences sur les structures du marché du travail ?

L’allongement de la durée de cotisation est maintenant une tendance de fond car les carrières hachées, entrecoupées de périodes de chômage plus ou moins longues, sont monnaie courante. Nous n’avons aucune certitude pour le moment mais cette évolution paraît logique.

Par ailleurs, le marché du travail français est assez particulier par rapport au marché européen. En France, on commence à travailler plus tard et on finit également plus tôt. Le taux d’activité des jeunes en France est faible car la tendance est aux études longues et le taux chômage est élevé. Les personnes de 50/60 ans finissent aussi assez tôt leur carrière.

Quelles peuvent être les conséquences du chômage des jeunes sur la cohésion de la société ?

L’idée d’une lutte des âges n’a pas beaucoup de support objectif. D'après les enquêtes qui portent sur ces questions, notamment celles du Credoc, les Français ne considèrent pas qu’il existe un clivage entre les générations. Une des explications est qu’il existe une redistribution informelle qui se fait à l’intérieur des familles. Même si les jeunes connaissent des difficultés, les parents font beaucoup d’efforts pour les aider aussi bien sur le plan financier que sur le plan affectif ou social. Il existe une très forte solidarité entre les générations qui passe par les familles et qui atténue le clivage générationnel.

Aussi, il y a beaucoup moins de clivages sur les valeurs entre les générations qu’il y en avait il y a 40 ans. Les relations intergénérationnelles se sont adaptées au fait que l’on entre plus tard dans l’âge adulte. Les parents aident volontiers les enfants, d’autant plus qu’ils savent que lorsqu’ils seront plus âgés, ils pourront compter à leur tour sur l’aide de leurs enfants.

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