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Aucune décision concrète ne figure au bilan du G20 de Cannes.
Aucune décision concrète ne figure au bilan du G20 de Cannes.
©Reuters

G vain ?

En l'absence de décisions concrètes prises au cours du G20 de Cannes, comment évaluer son bilan ? Profitant de ce flou, les politiques ont toute latitude pour porter un jugement partisan. Le public, lui, reste perplexe.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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En l’absence de décisions fermes, on retient des images, des impressions d’un évènement qui a occupé les écrans trois jours durant. Alors, au lendemain du G20 on s’interroge : quelle image forte gardera-t-on de ce G20 de Cannes dont la date tombait à pic pour qu’il marque  une sorte d’apothéose du quinquennat de Nicolas Sarkozy ? Retiendra-t-on seulement les visages tendus et les mines crispées d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy à l’issue du mini sommet improvisé mercredi soir avec Georges Papandréou, convoqué toutes affaires cessantes parce que sa tentation du référendum mettait en péril toute la zone euro ? Ou restera-t-il le mano a mano final Sarkozy-Obama, se congratulant mutuellement au cours de leur interview croisée sur TF1 et France 2 ? Ce sera selon… l’évolution de la situation économique.

Aucune décision concrète, aucune avancée spectaculaire, telle que l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, ne figure au bilan de ce G20. Des intentions, certes longuement énoncées dans le communiqué final en 33 point, mais pas d’engagements chiffrés, et aucun échéancier. Il parait que cela ne se fait pas, mais il y aurait pu y avoir des exceptions et elles étaient fortement espérées. On se contente de mettre en place des groupes de travail, tel celui qui s'intéressera « prioritairement à l'emploi des jeunes », on réaffirme la volonté de lutter contre les paradis fiscaux. Plus généralement on affirme vouloir mener des politiques « visant à redynamiser la croissance économique, à créer des emplois, à assurer la stabilité financière, à favoriser l'intégration sociale et à mettre la mondialisation au service des besoins des populations ».

Flou politique

Soit, mais à cause de la crise bien réelle de l’euro, ce sommet aura pris des airs de réunion de famille qui a tourné à l’empoignade entre les membres de la puissance invitante, en l’occurrence l’Europe, sous les yeux des cousins USA et Pays Emergents conviés à la fête. Priés d’arbitrer, voire d’aider à la résolution de la crise, « les cousins » ont préféré garder leurs distances et attendre que « ça se calme » avant d’intervenir. Oui, pour ceux qui n’y entendent  pas grand-chose en matière de finance internationale, c'est-à-dire la très grande majorité des gens, cette rencontre ne pouvait susciter qu’une grande perplexité. Et le flou de son bilan laisse toute la marge aux politiques pour porter leur jugement forcément partisan.

Ainsi Martine Aubry  peut-elle parler de « bilan à la fois inquiétant et attristant », et souligner que « les maigres travaux du G20  paraissent bien marginaux, puisque « les dossiers décisifs pour l’avenir de la planète, régulation financière, relance mondiale, développement, transition écologique, font du surplace ».  A l’opposé, Jean-François Copé, affirme que « le G20, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, a donné un tour mondial aux décisions  stratégiques prises au niveau européen », tel que le rôle amplifié du FMI. Prudent, le secrétaire général de l’UMP souligne que ce sommet est un « grand succès pour la France… et l’Allemagne ».

L’intérêt d’Obama

Car avant le quart d’heure télévisé de Nicolas Sarkozy et Barak Obama, on avait  bien l’impression que ce G20 était celui de la France et de l’Allemagne réunies. C’est bien le directoire franco-allemand qui a tenté d’éteindre le dernier incendie de l’euro mercredi. C’est encore ce duo qui a convaincu ou plutôt  tordu le bras à Silvio Berlusconi afin qu’il « invite le FMI à procéder à une vérification publique de la mise en œuvre de ses politiques sur une base  trimestrielle », ce qu’il faut traduire par le fait qu’il accepte une mise sous tutelle de son pays par le FMI (petit rappel historique : l’Italie fait partie des pays fondateurs du G7, en 1976…). Et quand on sait que pour tenir son rang, la France s’apprête à inscrire une nouvelle ordonnance de six ou milliards d’euros d’économies à sa cure d’austérité, on mesure la grande fragilité de l’édifice.

Est-ce dans ce contexte de crise financière à surmonter et de confiance à rétablir que Barak Obama est venu apporter un véritable  coup de pouce à Nicolas Sarkozy en sa qualité de président du G20 ? Ou s’agit-il d’un geste plus politique de la part du président américain (également en campagne) pour la réélection de Nicolas Sarkozy ? On n’aura la réponse que lorsque le président des Etats-Unis recevra ou ne recevra pas François Hollande dans les prochains mois.

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