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Et s'il fallait fusionner les programmes de François Hollande et de Nicolas Sarkozy pour vraiment rénover le système éducatif...
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Union nationale

Sur l’école, Sarkozy et Hollande défendent deux modèles opposés. En réalité, une fusion des propositions des deux principaux candidats donnerait le meilleur programme, à condition d’abandonner aussi chez chacun d’entre eux plusieurs erreurs d’analyse.

Roger Célestin

Roger Célestin

Roger Célestin est journaliste.

Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

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Plusieurs grands journaux ont déroulé la même analyse la semaine dernière (ce qui est d’ailleurs en soi une curiosité) : sur l’école, Sarkozy et Hollande défendent deux modèles opposés.

Pour Sarkozy : autonomie des établissements, moins de profs mieux payés, recrutés et évalués par le chef d’établissement, assumant plus de cours et plus de « charges », fin du statut et donc des « services » différents pour chaque enseignant,  fin du collège unique avec orientation dès la 4ème vers l’apprentissage et les formations professionnelles.
Pour Hollande : priorité à l’école primaire, plus d’enseignants pas mieux payés (et donc toujours moins bien payés que dans la moyenne des pays de l’OCDE), évolution du métier d’enseignant (négocié avec les syndicats).
En réalité, une fusion des propositions des deux principaux candidats donnerait le meilleur programme, à condition d’abandonner aussi chez chacun d’entre eux plusieurs erreurs d’analyse.

La campagne électorale ne leur permet pas de mettre en lumière l’ampleur du désarroi des enseignants et l’impérieuse nécessité de les fédérer derrière un projet républicain transcendant l’opposition droite-gauche, pour relancer la performance économique et sociale de notre pays.
La lecture du dernier éditorial de Philippe Tournier, le Secrétaire général du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale) dans la revue Direction (n° 196 – mars 2012) est à cet égard passionnante.
Le moins qu’on puisse dire est que Philippe Tournier connaît de fond en comble le système scolaire : actuellement proviseur à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), il a été prof d’histoire-géo pendant près de 10 ans, avant de devenir chef d’établissement, puis patron de leur principal syndicat depuis le 15 mai 2009. Extrêmement représentatif, le SNPDEN compte près de 10 000 adhérents, soit 53% des principaux et proviseurs, et, aux dernières élections professionnelles de décembre 2008, il a obtenu 68% des voix (avec un taux de participation de 85,4%...).
Philippe Tournier estime que l’État "abandonne au ‘terrain’ la résorption des problèmes qu’on laisse dériver. C’est un peu comme si le système s’était affaissé sur ses établissements : que la tentation puisse exister de finalement tout leur transférer procède d’une logique qui ne relève pas d’une idéologie prenant le prié pour modèle. Il est même fort probable que ce mouvement perdure quelle que soit la conjoncture politique (sans doute seule une pure et simple régionalisation du système éducatif l’entraverait)."
Il dénonce le poids de la « culture verticale » qui marque l’imaginaire des acteurs (en clair, les profs) « (...) Des exécutants supposés interchangeables effectuent des tâches parcellisées : ‘j’enseigne les mathématiques’, ‘je surveille la cour’. L’idéal est que chacun fasse ainsi exactement ce qu’il doit faire, et cela et uniquement cela, sans prendre d’initiative ni ‘déborder’, surtout, sur le métier du voisin ».
Concernant les relations entre les profs et les parents d’élèves, Philippe Tournier écrit : « Cette zone de contact (...) a toujours été considérée comme de trop : longtemps elle fut abandonnée à la ténébreuse ‘liberté pédagogique’ (en français courant : le mot de la fin au plus fort dans la classe) ».
On voit bien que la vision de Philippe Tournier, ancrée dans la réalité quotidienne des collèges et lycées, n’approuve pas plusieurs positions et de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Elle montre ainsi l’inanité des incantations de la droite sur la restauration de l’autorité, tout autant que l’archaïsme d’une gauche qui croit encore dans le pouvoir magique de la verticalité.
Sans langue de bois, Philippe Tournier dénonce une « organisation hors du temps (les statuts y vivent des décennies) » qui « appréhende toute transformation (...) comme une agression (...) » et « la culture professionnelle dominante des enseignants » qui n’utilise « qu’une seule grille de lecture multi-usages : le complot des marchés contre le ‘savoir’... ».
Enfin, il n’y a rien à retirer, de mon point de vue, à sa conclusion : « Que l’école républicaine soit la plus socialement inégalitaire du monde développé, que l’approche académique des savoirs soit un discriminant social d’une redoutable efficacité, que le système de notation des élèves alimente l’échec, que la solitude et le stress au travail des personnels soient la règle et non l’exception ne semblent pas altérer des certitudes qui tournent en rond et que tout dément autour d’elles. Pourtant, aucune transformation intelligente, pérenne et efficace de l’école ne se fera sans les enseignants mais cela nécessitera pour certains de passer d’un coup de 1982 à 2012... »

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