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Stéphane Hessel : soutien encombrant de François Hollande
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Indignation

Ancien résistant, Stéphane Hessel a apporté son soutien à François Hollande. Et si les causes contradictoires soutenues par le "vieux sage" desservaient le candidat socialiste ?

Jean Szlamowicz

Jean Szlamowicz

Jean Szlamowicz est Professeur des universités. Normalien et agrégé d’anglais, il est linguiste, traducteur littéraire et est également producteur de jazz (www.spiritofjazz.fr). Il a notamment écrit Le sexe et la langue (2018, Intervalles) et Jazz Talk (2021, PUM) ainsi que Les moutons de la pensée. Nouveaux conformismes idéologiques. (2022, Le Cerf).
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Faute de véritable projet autre que la prise du pouvoir, les hommes politiques utilisent souvent dans leurs campagnes une stratégie de communication fondée sur le recours aux emblèmes, étendards et autres raccourcis qui semblent dire beaucoup même s’ils valent essentiellement par leur affichage. Les références aux grands auteurs ou l’embrigadement des personnalités historiques (de Jeanne d’Arc à Guy Môquet en passant par Shakespeare) ont pu connaître un certain succès. Les promesses dont ces emblèmes sont l’effigie sont souvent incarnées par des figures indiscutables : sportifs, artistes ou vieux sages planant au-dessus des affaires du monde sont de précieuses icônes pour les candidats en quête de popularité.

Trouvera-t-on surprenant que Stéphane Hessel s’affiche désormais aux côtés de François Hollande ? Après tout, Hessel lui-même pratique la technique de l’étalage de célébrités dans son célèbre opuscule et ne se lasse pas de citer à son secours Paul Klee, Merleau-Ponty, Sartre ou Walter Benjamin comme cautions intellectuelles dont la seule évocation sert de légitimation.

Outre le prestige, un des avantages recherchés est le consensus. Il faut des personnalités dont la très laïque sainteté s’applique dans une sorte de vide politique : dans le cas de Stéphane Hessel, être pour la paix et contre les inégalités sociales semble un minimum syndical suffisant une fois enrobé de grandiloquentes paillettes pseudo-philosophiques.

Une telle tentative pour convaincre le public passe non par le discours mais par les apparences. Plutôt l’image de soi que la profondeur du raisonnement. L’éthos plutôt que le logos. C’est ainsi que Stéphane Hessel laisse exhiber sa biographie, souvent retouchée par ses thuriféraires, pour tenir des propos à la vacuité menaçante. N’excuse-t-il pas le terrorisme islamique au nom du pacifisme ? C’est ce qu’exprime son désormais célèbre adage, premier prix d’hypocrisie diplomatique : "Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable, mais il faut reconnaître que lorsque l’on est occupé avec des moyens militaires infiniment supérieurs aux vôtres, la réaction populaire ne peut pas être QUE non-violente". A la ferme condamnation morale (le terrorisme est inacceptable !) succède l’excuse tortueuse de la double négation.

On rappellera au vertueux diplomate pacifiste (qui ne néglige pas d’aller serrer la main au chef du Hamas) comment s’exprime politiquement cette « réaction populaire » qui n’est « pas que non violente » : début janvier, lors de la célébration du 47e anniversaire de la création du Fatah retransmis sur PA TV (où l’on a exalté « la guerre contre les descendants de singes et des porcs »), le mufti de l’Autorité Palestinienne, Muhammad Hussein, a cité le célèbre hadith de Mahomet appelant à tuer les Juifs, inscrivant ainsi explicitement l’extermination des Juifs dans son programme politique et dans le destin eschatologique de l’islam.[1] Ce hadith figure comme article 7 de la Charte du Hamas : c’est un mantra que le monde musulman psalmodie depuis l’enfance. Comment un ange diplomatique comme Stéphane Hessel peut-il épouser de telles causes ? Et pourquoi donc, face à la violence jihadiste, préfère-t-il boycotter la démocratie israélienne plutôt que le Hamas ?

On sera inquiet qu’un tel personnage puisse être la mascotte d’un des deux principaux candidat à la présidentielle car un tel acoquinement est tout sauf rassurant. S’agit-il d’une nouvelle doctrine diplomatique ? Du prélude à une connivence entre François Hollande et les factions terroristes islamiques ? Ou bien d’un simple affichage avec une personnalité à la mode ? Si cela doit signifier une quelconque proximité idéologique en matière de politique étrangère, François Hollande aurait sans doute pu trouver un sauf-conduit moins encombrant en matière de virginité et de fraîcheur morale.



[1]http://www.palwatch.org/main.aspx?fi=427. C’est le hadith n° 5203 dans le Sahîh de Muslim : "L'Heure Suprême ne se dressera pas avant que les musulmans ne combattent les juifs. Les musulmans tueront les juifs jusqu'à ce que les rescapés de ces derniers se réfugient derrière les pierres et les arbres qui appelleront alors le musulman en disant: "O musulman! O serviteur d'Allah! Voilà un juif derrière moi, viens le tuer!", exception faite de l’arbre dit Al-Gharqad qui est l’un des arbres des juifs."

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