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François Hollande, l’homme qui rit ? Cette personnalité hermétique qui dérange
©REUTERS/Philippe Wojazer

Extrait

Le journaliste Serge Raffy dresse un portrait littéraire de François Hollande. Extrait de "Moi, l’homme qui rit", publié aux éditions Flammarion (1/2).

Serge Raffy

Serge Raffy

Journaliste au Nouvel Observateur, écrivain, Serge Raffy a publié en 2011 chez Fayard François Hollande, itinéraire secret, qui s'est vendu à 15 500 exemplaires, et Moi, l'homme qui rit (Flammarion, octobre 2014). Il est également l'auteur de Nicolas et les vampires (Robert Lafont, 2016).

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Je suis l’homme qui rit. Il a bien fallu que je m’intéresse à ce roman de Victor Hugo. Il paraît que c’est un chef-d’oeuvre. C’est ce que raconte partout mon biographe, ce type qui passe son temps à tenter, péniblement, de traduire ma pensée sur toutes les ondes hertziennes. C’est son fonds de commerce. J’ai une certaine indulgence pour lui, car il n’est dupe de rien. Intuitivement, il sait. Chaque fois qu’on lui pose la question en direct : « Vous qui connaissez bien le président », je décèle dans son regard un sourire narquois. Et puis, avec lui aussi, j’ai une forme de dette. Il a débarqué dans mon bureau à l’époque maudite, quand personne ne misait un kopeck sur moi. Je n’apparaissais même pas dans les sondages de popularité. J’avais disparu des écrans radars. J’étais un clochard de la politique. Son intérêt pour moi était incongru, pour ne pas dire suicidaire. Il avait un côté kamikaze qui me plaisait. Il m’avoua qu’il aimait les hommes au moment de leur chute. Il était servi. J’étais dans la phase « fond du trou », après le congrès de Reims, fin 2008. Pour m’imposer à son éditeur, il a fallu lui coller un flingue sur la tempe. Aujourd’hui, parfois, il m’agace à jouer les interprètes de ma pensée. Sa dernière lubie, donc, est de me comparer au héros du roman le plus fou de l’auteur des Misérables, un certain Gwynplaine. Enfant perdu, son visage est barré d’une balafre qui le fait rire en permanence. De cette infirmité il tire sa force et devient un animal de foire adulé par les foules. Pourquoi pas Polichinelle tant qu’on y est ? Dans l’hebdomadaire économique Challenges, mon biographe, une énième fois sondé sur mon Moi profond, s’est livré au jeu des comparaisons. Je ne serais selon lui qu’un clone de Gwynplaine, un faux débonnaire. Comme un petit détective jamais rassasié, il cherche à savoir qui se cache derrière le masque. Il trépigne, s’impatiente, court désespérément derrière l’origine de ma propre balafre. Entre nous, je lui souhaite bonne chance, à ce Sherlock Holmes tendance freudienne. Au fond, il m’amuse. Il est entré dans mon labyrinthe. Comme la dame. Celle du baiser volé. Comme elle, il est fasciné par le Monstre.

Je ne suis pourtant ni Quasimodo ni le yéti, pas plus Gwynplaine. Je suis un mutant. Une forme nouvelle d’animal politique. C’est ce qui les dérange tous. Ils n’ont pas les clés du logiciel. Alors ils ont décidé de me détester.

Extrait de "Moi, l’homme qui rit", de Serge Raffy, publié aux éditions Flammarion, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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