François Hollande et Manuel Valls sont complétement paralysés par les Frondeurs, les écolos et la gauche de la gauche<!-- --> | Atlantico.fr
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François hollande et Manuel Valls.
François hollande et Manuel Valls.
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Le premier Conseil des ministres de la rentrée a été le théâtre d'une explication sévère sur les raisons pour lesquelles la machine économique française ne redémarre pas, contrairement aux autres pays de la zone euro qui sortent tous de la crise.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Triste rentrée pour François hollande qui a hier lors du premier Conseil des ministres après les vacances dressé un état de la situation et surtout listé les dossiers qu' il faut traiter très rapidement, sans quoi l’équipe gouvernementale n'a aucune chance d’espérer redresser le bateau France qui, pour l’instant, ressemble plus à une galère qu'à un Yacht.

D’ailleurs, on ne s’amuse guère sur le bateau France. Et très symptomatique, tous les dossiers qui empoisonnent la situation ont la même origine. L’origine, c’est la fragilité politique de François Hollande. L’ambiguïté de son élection continue de peser. Il serait décemment dans l’obligation de faire ce qu’il faut pour redresser la barre mais sa majorité ne le lui permet pas, à juste titre d'ailleurs, puisque comme Alexis Tsipras en Grèce, il doit gouverner sur un autre cap que celui sur lequel il a été élu. Pris à la gorge, le Premier ministre grec a du accepter de faire l’inverse de ce qu’il avait promis, sinon c’était la faillite générale.

François Hollande, lui, a des moyens. La France est encore riche et elle peut emprunter et tergiverser en faisant croire qu’on remplit le mandat sans pour autant insulter l’avenir. François Hollande n’insulte pas l’avenir, il hypothèque l’avenir en pensant que l’opinion ne va pas s’en apercevoir.

Le premier dossier impossible à gérer pour lui, c’est le départ de François Rebsamen. A cette occasion, le ministre partant pour la mairie de Dijon a dit et redit à ses collègues qu’ils faisaient fausse route, en réclamant encore et toujours des emplois aidés et publics. Ce sont les entreprises privées qui renverseront la courbe du chômage. Il faut donc mettre le paquet pour permettre aux entreprises d’attraper tous les ressorts de la reprise.

Simplification maximum, stabilité, allègements des charges et dérégulation. François Rebsamen reconnait que son bilan n’est pas bon, mais il n’est pas mécontent d’avoir dans sa loi (assez pauvre par ailleurs) réussi a détricoter le compte de pénibilité. Cela dit, celui qui tient les clefs de l’emploi ce n’est pas le ministre du Travail, c’est le ministre de l’Economie quand il chausse les bonnes lunettes et pour beaucoup, Macron fait le job contre les vents et marées des socialistes et surtout des écologistes et de l’extrême gauche.

L’affaire Rebsamen a révélé que la France une fois de plus, ne supportait plus l’action de l’Etat. Les entreprises privées ont besoin de liberté.

La crise du monde agricole a mis en évidence l’incompétence des pouvoirs politique a vouloir lier que le monde agricole était désormais en concurrence mondiale et que ça ne servait à rien de fixer des prix de façon arbitraire. Mieux vaut se fier au marché et s’interroger pourquoi les acteurs français sont incapables d’assumer les contraintes du marché. La raison en est très simple et la colère des agriculteurs a eu, au moins, le mérite de faire la pédagogie des conditions de production. Le monde agricole français est étouffé par les charges financièreset sociales, les règlementations juridiques et les normes environnementales. Ça n’existe pas à l’étranger. D’où les prix de revient 20 à 30% moins chers. L’agriculture française a été prise en otage par des fonctionnaires dont la majorité voudraient qu'on mange bio sans savoir que le prix de revient du bio est 75% plus élevé que les produits classiques avec lesquels il y a quand même eu assez peu d’empoisonnement .

Cette situation est ubuesque. Le ministre de l’Agriculture a été pris en otage par les contradictions des différents lobbies agricoles et écologistes. Le gouvernement qui ne veut surtout pas déplaire à l’extrême gauche et aux écolos a laisser faire et le feu a pris un peu partout dans la campagne française.

Le dossier budgétaire et fiscal est de loin, le plus difficile à traiter. François hollande et Manuel valls sont l’objet de pressions très fortes de la part de leur majorité qui demande un desserrement de ce qu’ils appellent la politique d’austérité. En bref, moins d’austérité pour le commun des mortels,  c’est moins d’impôts et plus de prestations sociales. En aucun cas, ce sera une baisse des dépenses publiques. On marche sur la tête.

Mais où est la politique d’austérité dans un pays ou plus de 50% du PIB passe par des dépenses de l’Etat et des dépenses sociales ? Où est la politique d’austérité quand 55 % des électeurs français vivent de revenus de redistributions, lesquels ont été produits par les autres ? Où est l’austérité quand le déficit avoisine encore les 5% que la balance commerciale est en perte structurelle sous le poids des importations et que l’endettement publique n’a jamais été aussi lourd ?

Alors ce matin, autour de la table du conseil, on n’a pas cessé de demander (implorer) à ce qu' il y ai plus de croissance (elle est nulle), bonne question mais pas de réponses. La réponse qu’il faudrait apporter condamne la majorité socialiste. Le gouvernement ne va donc pas prendre de gros risques avec des textes de loi libératrice de l’entrepreneur.

Sur chaque dossier, budget et impôts, social et chômage, croissance etinnovation, le gouvernement s’autocensure pour éviter que sa majorité se casse. Sur chaque dossier de réforme, une frange de la majorité menace de faire capoter l’ensemble. C’est invivable, incohérent et insupportable.

Elle va finir par se casser… le week end prochain par exemple, Arnaud Montebourg, qui a juré qu’il allait abandonner la politique, va faire sonner le grand air de la rébellion interne à la gauche. L‘opéra libéral est un peu usé mais il marche encore. Quelques jours plus tard, on entendra les bruits de désunion du parti socialiste à l’université de la Rochelle.

On va entendre cette nouvelle musique de gauche d'autant plus fort que la droite va essayer de se reconstruire dans un schéma d'opposition frontale à François Hollande... C’est ce que Nicolas Sarkozy a commencé de faire. Dénoncer les mensonges et le manque de programme.

C’est évidemment la mission de l’opposition que de s’opposer. Enfin. Mais au bout de quelques mois, il faudra que cette opposition de droite reconstruise un programme d’action, moderne, européen et pro-business ; parce que si l’opposition ne voit pas que ce qui bloque le pays, c’est le manque de compétitivité, les Français eux le savent. Il faudra sur ce point-là leur apporter de réponses précises et crédibles. On ne pourra pas faire campagne contre les mensonges de François Hollande, en ne disant pas soi-même la vérité sur la situation. 

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