François Hollande et Enrico Letta plaident pour une nouvelle donne européenne mais ont-ils vraiment compris la nature de la crise ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a trouvé un allié solide en la personne d’Enrico Letta, nouveau président du conseil italien.
François Hollande a trouvé un allié solide en la personne d’Enrico Letta, nouveau président du conseil italien.
©Reuters

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Le président de la République a reçu, hier mercredi 1er mai, le nouveau président du Conseil italien Enrico Letta. L'occasion pour les deux hommes de montrer leurs convergences de vues sur la politique économique à adopter en Europe.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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François Hollande a pu trouver un allié solide en la personne d’Enrico Letta, nouveau président du conseil italien. De plus, la mesure dans les propos envers Angela Merkel du nouvel arrivant Letta laisse entrevoir la possibilité d’une réelle discussion entre les partisans de l’austérité et leurs contradicteurs. Cette conférence de presse semble bien avoir été le point de départ d’une nouvelle donne européenne, qui sera jugée au regard des nombreux rendez-vous de ces deux prochains mois. 4 axes de sortie de crise sont ici envisagés : le pacte de croissance, l’union bancaire, la coordination des politiques économiques et l’assainissement des déficits. 

Malheureusement, la problématique de fond reste inchangée. Les partisans de la fin de l’austérité souhaitent voir apparaitre un soutien budgétaire, par la voie de relances keynésiennes afin de lutter contre la récession. La première question que soulève une telle doctrine est d’ordre quantitative. A titre de comparaison,  le Japon met en place un plan monétaire à hauteur de 15% de son PIB, soit en équivalence plus de 20 fois  le « pacte de croissance européen» qui ne représente lui que 120 milliards d’euros à ce jour. La prise de conscience de la gravité de la crise fait encore défaut (alors même que le Japon affiche un taux de chômage de l’ordre de 4%).

La seconde question à soulever repose sur le diagnostic même de la crise,à savoir de la volonté idéologique de la gauche européenne de se servir de la relance keynésienne. Cette démarche a échouée en Europe en avril 2011, lorsque la BCE sonnait la fin de la récréation en rehaussant ses taux d’intérêts. Depuis cette date, le chômage a progressé chaque mois sans interruption.

Une relance keynésienne a pour effet de stimuler la croissance par la voie de la dette. Cette relance impactera tout aussi bien les chiffres de la croissance que ceux de l’inflation car toute demande supplémentaire provoque une hausse de l’une et de l’autre mesure. Et la hausse de l’inflation n’est pas permise par la BCE. C’est alors que l’autorité monétaire, de la même façon qu’en 2011, viendra anéantir les efforts déployés par les différents états en venant abaisser le niveau de la demande pour satisfaire à son objectif de maîtrise des prix.

Reste une dette qui n’aura servi à rien d’autre que d’alourdir son propre poids total dans l’économie. Voilà pourquoi le Japon, les Etats Unis, le Royaume Uni ont cessé d’agir de la sorte ; ces politiques sont contreproductives.

Afin de contourner cette difficulté, les Etats cités ont choisi la modification du mandat de leur banque centrale, et ainsi de permettre que celles-ci soutiennent la croissance. L’Europe est aujourd’hui face à cette urgente nécessité de remettre en cause le mandat de la BCE, un mandat de stabilité des prix dont la vocation n’est plus aujourd’hui que de protéger les épargnants de toute hausse des prix au détriment des personnes les plus précaires.

La réalité macroéconomique est claire, une banque centrale ne fait rien d’autre que d’arbitrer le niveau d’activité dans sa zone de compétence, soit un choix entre chômage et inflation. Pourtant, la BCE ne dispose que d’un mandat unique de protection contre la hausse des prix. Mario Draghi rappelait en janvier dernier que son mandat n’était pas le plein emploi, déclaration cynique mais parfaitement juste. Les statuts de la BCE, issus du traité de Maastricht, ont été élaborés dans le sens exclusif de la protection de l’épargnant.

Cet état de fait devient intolérable au regard du taux de chômage de 12,1% qui frappe aujourd’hui la zone Euro. Les gouvernements européens, aujourd’hui conscients de la faillite de l’austérité, doivent parvenir au diagnostic partagé par les Etats Unis, le Japon, le Royaume Uni, mais aussi par le FMI. Cette crise est de nature monétaire et ne pourra être résolue que par la voie monétaire. Une relance keynésienne aura pour effet de redonner un souffle à court terme, mais provoquera la réponse de la BCE à moyen terme. Tout projet sérieux de sortie de crise ne pourra voir le jour sans une modification du mandat de la BCE.

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