Flambée des prix de l’énergie : les Français sont-ils injustement piégés par l’Europe ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le pouvoir d'achat des Français est fortement impacté par la hausse du coût de l'énergie. L'Europe est-elle responsable ?
Le pouvoir d'achat des Français est fortement impacté par la hausse du coût de l'énergie. L'Europe est-elle responsable ?
©MYCHELE DANIAU / AFP

Hausse des tarifs

Alors que la France peut compter sur le nucléaire pour son énergie, la hausse des prix de l'électricité se poursuit. Payons-nous actuellement les mauvais choix de nos voisins européens ?

Philippe Charlez

Philippe Charlez

Philippe Charlez est ingénieur des Mines de l'École Polytechnique de Mons (Belgique) et Docteur en Physique de l'Institut de Physique du Globe de Paris.

Expert internationalement reconnu en énergie, Charlez est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la transition énergétique dont « Croissance, énergie, climat. Dépasser la quadrature du cercle » paru en Octobre 2017 aux Editions De Boek supérieur et « L’utopie de la croissance verte. Les lois de la thermodynamique sociale » paru en octobre 2021 aux Editions JM Laffont.

Philippe Charlez enseigne à Science Po, Dauphine, l’INSEAD, Mines Paris Tech, l’ISSEP et le Centre International de Formation Européenne. Il est éditorialiste régulier pour Valeurs Actuelles, Contrepoints, Atlantico, Causeur et Opinion Internationale.

Il est l’expert en Questions Energétiques de l’Institut Sapiens.

Pour plus d'informations sur l’auteur consultez www.philippecharlez.com et https://www.youtube.com/energychallenge  

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Atlantico : Pourquoi faisons-nous face à une hausse des prix de l’électricité alors que notre mix énergétique est fortement basé sur le nucléaire ?

Philippe Charlez : Les marchés européens de l’électricité sont gérés par la courbe dite du mérite. Elle stipule que parmi les différentes sources d’électricité (hydro, nucléaire, renouvelables, charbon, gaz) on va mettre en œuvre d’abord les plus économiquespuis  progressivement celles qui sont de plus en plus chères. Mais, comme le réseau européen est interconnecté et que nous ne sommes pas complètement indépendants en électricité, de temps à autre même en France et malgré notre génération nucléaire on est obligé de faire appel à la source la plus chère et c’est elle qui va déterminer le prix du kWh. Refuser cette source signifierait d’accepter des arrêts électriques. On estime que sans le réseau Européen nous manquerions d’électricité 40 jours par an environ notamment lors des pics de consommation en hiver. La courbe du mérite a donc l’avantage de nous garantir 100% d’électricité mais la « franchise » de cette assurance tous risques est de payer le kWh au prix fort. Aujourd’hui la source la plus chère c’est le gaz et c’est donc sur le prix du gaz que le prix du KWh est alignée. Au contraire en cas de faible consommation comme durant la COVID 19, les prix de l’électricité s’effondrent mais le consommateur ne le voit guère car les prix planchers sont imposés par l’Etat.

Comment L’Europe peut-elle nous imposer des prix ? 

Tous les pays européens garantissent à leurs voisins de leur fournir 100% de leur demande en électricité. La dernière source est la plus chère. Aujourd’hui, c’est le gaz. Si on refuse de l’acheter au prix fort, on risque le black-out. C’est tout simplement le principe de l’offre et de la demande. Si le gaz est la dernière option disponible pour obtenir de l’électricité, on doit l’acheter, peu importe le prix. 

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Nous avons largement investi dans le nucléaire et assumé les coûts que cela représentait, devoir assumer les prix de l'énergie élevé est-il une forme de double peine ? 

On ne peut pas parler de double peine. Si effectivement le nucléaire ne nous protège pas de la flambée des prix de l’électricité, il nous offre malgré tout une certaine indépendance électrique. En hiver, si l’approvisionnement en gaz est limité, la France est quand même dans une excellente situation comparée à nos voisins allemands, espagnols, italiens ou britanniques beaucoup plus dépendants du gaz. 

Payons-nous actuellement les mauvais choix de nos voisins européens ?

C’est très clair. On paye notamment les mauvais choix de l’Allemagne ou de l’Espagne par exemple. Ils sont rentrés tête baissée dans les énergies renouvelables pour des raisons politiques tout en sortant du nucléaire. Pour compenser ils font appel soit au charbon très polluant mais aussi au gaz. L’augmentation de la demande de gaz en Europe est particulièrement liée à la stratégie allemande. Cette augmentation de la demande crée mathématiquement une flambée des prix puis de l’électricité par application de la courbe du mérite. Je pense que la croissance des prix est loin d’être terminée au cours des prochains mois, en hiver notamment. D’autant que parallèlement à une explosion de la demande (en Allemagne mais surtout en Chine) il y a une baisse de l’offre due aux sous investissements depuis plusieurs années dans de nouveaux champs gaziers. Il n’y a pas de secret, à terme ce seront malheureusement les ménages français qui paieront. Le climat n’a peut-être pas de prix mais il a malheureusement un coût.

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