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Fitness addicts : pourquoi les quadragénaires qui se jettent dans le sport à corps perdu font autant de mal que de bien à leur santé
©Flickr

Seconde jeunesse

Finis les rêves de retraite tranquille et les voitures de sports achetées sur le tard, les quadragénaires se consacrent désormais avec acharnement à la pratique sportive et à l'entretien de leur corps. Au croisement entre l'évolution des mœurs, le contexte de crise et la révolution technologique et sanitaire, cette tendance est bien plus profonde qu'il n'y parait.

Jean-Cyrille  Lecoq

Jean-Cyrille Lecoq

Jean-Cyrille Lecoq est psychologue du sport, coach et préparateur mental. 

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Atlantico : Que se soit par l’observation de la vie quotidienne des salles de sport ou par celle des études de consommation de biens sportifs, il semble que les quadragénaires soient de plus en plus sportifs. Qu’est-ce qui se cache derrière cette tendance ? Quelles en sont les origines sociales et historiques ?

Jean-Cyrille Lecoq : Cet engouement des quadras et des quinquas pour la pratique sportive a plusieurs origines, plus ou moins directement liées les unes aux autres. Tout d’abord, celle-ci s’explique par une plus grande sensibilité des gens aux discours d’intérêt sanitaire d’une pratique régulière du sport. Ces derniers, de plus en plus présents, aussi bien dans les médias que dans les communications officielles, prennent de plus en plus d’importance dans les esprits et ne se limitent pas aux enfants ou aux adolescents, loin de là.

Sur un plan plus psychologique, la crise économique et l’ambiance que celle-ci fait peser sur les pays occidentaux a tendance, je crois, à faire disparaitre l’état d’esprit de ces dernières décennies qui consistait à écraser les autres pour réussir. Les gens se recentrent sur l’essentiel, c’est-à-dire eux et leur bien-être. Du coup, le niveau et la fréquence des pratiques sportives s’en ressentent. Le tout prenant d’autant plus d’ampleur qu’il y a une tendance lourde de société qui pousse les hommes à prendre de plus en plus soin d’eux, de leur apparence et donc de leur corps.

Enfin, trop souvent ignoré, existe également un facteur technologique important. Le développement des technologies permettant de contrôler son état de santé, ainsi que de calibrer sa pratique sportive, permet ainsi à tout un chacun de prendre soin de lui sans avoir besoin de consulter un médecin ou un professionnel de la santé. De plus, en encourageant le développement des salles de sport, ces tendances incitent davantage à la pratique, le phénomène s’auto-entretenant ainsi.

De la santé à l’apparence, qu’est-ce que cette tendance révèle de notre rapport au vieillissement ?

Il y a là la conjonction, une fois encore, de plusieurs phénomènes. D’abord, l’ouverture progressive des hommes à la question de leur apparence physique a entrainé un fort développement de leurs pratiques du sport. Toutefois, cela prend place dans un contexte plus large d’allongement de la durée de vie générale dans les pays développés grâce aux progrès médicaux, aux conditions sociales etc...Dans une telle société, l’accès facilité à la longévité encourage encore à prolonger celle-ci tant sur le plan sanitaire qu’esthétique. En gros : tant qu’à vivre longtemps, autant le faire le mieux possible, dans les meilleures conditions et surtout si possible en continuant à être beaux.

Existe-t-il une différence entre les approches masculines et féminines au sujet de l'apparence, ou les hommes sont-ils simplement en train de se mettre à faire ce que les femmes font depuis longtemps c’est-à-dire " rester belles (beaux) pour plaire " ?

La différence de perception de la pratique sportive et de l’apparence est clairement très différente entre les hommes et les femmes. Ces dernières ont grandi avec la dictature du physique et ce depuis leur plus jeune âge. Pour les hommes, les choses sont encore assez différentes malgré le développement de la tendance. Il s’agit encore d’un choix, d’une hésitation voire d’une tentation à succomber au narcissisme encouragé par le marketing, de plus en plus présent, à destination des hommes pour leur vendre ce nouvel idéal masculin. On constate notamment la force de cette tendance dans le marketing par la récupération de certains sports considérés comme virils tels le rugby dans les publicités de produits d’entretien du corps masculin (gel douche, produits de rasage etc...). Ce qui faisait encore il y a quelques années office d’attributs masculins pour la séduction, à savoir la réussite matérielle, c’est-à-dire une belle voiture, une belle maison, une réussite professionnelle importante – quoi que l’on pense de cela - est progressivement remplacé par l’apparence et la bonne forme physique.

Des études avancent que la pratique du marathon au-delà d’un certain âge multiplie le risque d’accidents cardio-vasculaires. Existe-t-il une manière particulière de faire du sport quand on atteint la quarantaine ?

Il n’existe pas à proprement parler de pratiques particulières ou de sport à éviter en tant que tels. Tout est dans la connaissance de son corps et de ses capacités. La recherche du dépassement absolu n’est pas forcément une façon pertinente de voir le sport lorsqu’on n'est plus tout jeune. Là encore les technologies modernes peuvent apporter une aide précieuse à la gestion de son propre effort en fonction de son profil. Maitriser son corps et en connaitre les limites, particulièrement lorsqu’on se lance tardivement dans le sport, est un exercice long qu’il ne faut pas négliger et qui vaut mieux que de se lancer à corps perdu dans des défis insensés.

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