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Fiscalité : l'État serait-il sadique ?
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Taxer le malheur

Les Français sont malheureux, divorcent ou connaissent des deuils. Dans le même temps, les caisses de l'État restent désespérément vides. Qu'à cela ne tienne, taxons le malheur !

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Les Français sont depuis des années un des peuples les plus pessimistes d’Europe et du monde. Il faut dire qu’il y a de quoi lorsqu’ils regardent la réalité de la France d’aujourd’hui : une dette exponentielle, un chômage de masse qui dure depuis près de 40 ans, un pays où les zones de non droit sont le triste cadre de vie de millions de nos compatriotes, une perte d’influence dans le monde. Rappelons simplement, en cette semaine de célébration du centenaire de la naissance de Georges Pompidou dont les cinq années de pouvoir représentent le crépuscule des « 30 glorieuses », qu’il fût le dernier Président de la République à faire voter par le parlement un budget en équilibre. Je vous parle donc d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître…

Partant de ce principe nos parlementaires, tous issus d’un monde politique qui depuis 37 ans, n’a jamais été capable de faire un budget en équilibre ni de maîtriser les dépenses publiques, se sont certainement dit que, face à ce pessimisme, il serait de bon ton de taxer le malheur. Comment ? En votant en catimini cette semaine pour compenser partiellement le manque à gagner de la réforme de l’ISF un passage du « droit de partage » de 1.1% à 2.5% (plus du double excusez du peu). Qu’est ce que le « droit de partage » ? Le droit de partage est la taxe que doivent acquitter tant les couples qui divorcent lors du partage des biens communs même s’ils sont mariés sous le régime de la séparation de biens (ça ne s’invente pas) que par les héritiers lors du partage d’une succession. Ainsi, pour remonter le moral des Français, quoi de mieux que de taxer les moments les plus heureux de leurs vies que sont la mort (qui nous frappe tous inéluctablement) et le divorce (qui frappe près de 300000 personnes par an) ?

Nos parlementaires doivent être quelque part un peu sadiques de taxer le malheur des Français pour des recettes prévues d’environ 300 millions d’euros puisqu’il aurait en effet suffi d’imposer Total à hauteur de 3% sur ses bénéfices pour atteindre le même somme (rappelons simplement que l’ensemble des PME françaises payent 33% d’impôt sur les sociétés alors que la compagnie pétrolière, malgré 10 milliards d’euros de bénéfice l’an dernier, paye au trésor public la somme mirifique de …zéro euro !).

Et le bonheur des sénateurs ?

Dans le même temps, les sénateurs n’ont pas oublié le vieil adage disant « qu’on est jamais si bien servi que par soi-même » en se votant une prime de 3531€ on ne sait à quel titre, prime défendue bec et ongles en milieu de semaine dernière par Gérard Larcher avant que celui-ci décide de faire volte face en demandant son annulation pure et simple face au tollé crée par cette prime inique.

Taxation du malheur pour tous afin de compenser un impôt payé uniquement par les plus riches et primes pour les Sénateurs qui ne sont pas le « lumpenproletariat » de la France de 2011 (je vous conseille d’ailleurs de lire l’excellent livre de Yvan Stefanovitch et Robert Colonna d’Istria Le Sénat, enquête sur les superprivilégiés de la République) montrent une fois de plus la déconnexion totale du monde politique et de « la France d’en bas », cet état de fait pouvant se révéler suicidaire en 2012.

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