Fillon, c’est pas encore gagné… Les 7 combats idéologiques que le vainqueur de la primaire devra remporter pour se faire élire ET gouverner <!-- --> | Atlantico.fr
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François Fillon propose d'alléger les charges sociales pour tout le monde en contrepartie du fait qu'il augmente de deux points la TVA.
François Fillon propose d'alléger les charges sociales pour tout le monde en contrepartie du fait qu'il augmente de deux points la TVA.
©Pixabay

Du pain sur la planche

La bataille de la droite remportée, François Fillon s'apprête à connaître de longs mois de campagne pendant lesquels il devra se défaire de certaines étiquettes qu'on lui a déjà assignées : anti-européen, destructeur du code du travail, de la sécurité sociale, du progrès sociétal...

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Jean-Charles Simon

Jean-Charles Simon

Jean-Charles Simon est économiste et entrepreneur. Chef économiste et directeur des affaires publiques et de la communication de Scor de 2010 à 2013, il a auparavent été successivement trader de produits dérivés, directeur des études du RPR, directeur de l'Afep et directeur général délégué du Medef. Actuellement, il est candidat à la présidence du Medef. 

Il a fondé et dirige depuis 2013 la société de statistiques et d'études économiques Stacian, dont le site de données en ligne stacian.com.

Il tient un blog : simonjeancharles.com et est présent sur Twitter : @smnjc

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Préjugé 1 : Le programme de Fillon va détruire la protection sociale, car il ne saura pas empêcher la France de tomber dans un modèle médical à deux vitesses comme au Royaume-Uni

Jean-Charles Simon : C’est à la fois une caricature de son programme et une méconnaissance de la situation actuelle. Il y a déjà une protection sociale à plusieurs vitesses dans différents domaines. En matière de retraite, les couvertures complémentaires ne sont pas les mêmes selon les statuts et même selon les entreprises pour la partie dite "surcomplémentaire". En santé, l’assurance complémentaire, lorsqu’elle existe, n’a rien à voir entre la CMU-C et les meilleures protections d’assurances privées. Des écarts qui vont se ressentir à la fois en termes de choix et d’accès aux soins et aux professionnels de santé, mais aussi de taux de remboursement. Fillon veut simplement spécialiser le régime de base sur les affections les plus graves, ce qui paraît du bon sens. Et il évoque une aide spécifique aux moins favorisés pour la partie complémentaire, ce qui reste conforme à l’architecture en vigueur. Rien n’est dit en revanche sur le maintien voire l’extension de la logique d’assurances complémentaires collectives obligatoires, en entreprise ou sur d’autres périmètres pour les non-salariés.

Philippe Crevel : Si l'on s'attache aux termes, François Fillon ne veut en aucun cas détruire la sécurité : elle est déjà ébréchée depuis de nombreuses années, et sa proposition sur l'assurance maladie ne vise en aucun cas à rembourser certains remboursements tels que certains le mentionnent. Simplement, il tire la conséquence d'un déficit structurel important de l'assurance-maladie qui oblige à faire évoluer le système en distinguant gros risques et petits risques ; c'est la suite logique de réformes prises ces dernières années. En aucun cas il n'y a volonté de destruction de la protection sociale. Il fait le nécessaire pour qu'elle puisse survivre au défi démographique.

Préjugé 2 : Fillon va s'attaquer à un acquis social protecteur, celui du code du Travail et du statut du CDI

Jean-Charles Simon : Il veut au contraire revitaliser le dialogue social dans l’entreprise. Et sur une base on ne peut plus équilibrée : des accords majoritaires ou des référendums pour adopter les règles propres à l’entreprise. Il est d’ailleurs regrettable qu’il prévoie des dispositions fixées au niveau de la branche pour les TPE, alors qu’il faudrait aussi leur permettre de définir leur cadre social. L’évolution globale est en tout cas très saine, car un carcan commun à toutes les entreprises, même au niveau d’une branche, est totalement inadapté à la diversité de leurs réalités économiques. Sans oublier que le code du Travail resterait un cadre minimal commun. Sur les conditions de licenciement pouvant être prévues dès le départ dans les CDI, c’est justement une façon de faciliter le recrutement sous cette forme. Alors qu’on observe aujourd’hui un marché dual : des CDI protecteurs pour une grande partie des salariés ; et une population, en augmentation, qui enchaîne des contrats de plus en plus courts, car les entreprises craignent de les faire basculer sur des CDI trop rigides.

Philippe Crevel : Aujourd'hui, 90% des embauches sont en CDD ou en intérim et il y a plus de 5 millions d'emplois. On peut considérer de ce fait que l'objectif qu'a la nation de fournir à tout un chacun un travail lui permettant de vivre dignement de ses compétences n'est plus assuré. De ce fait, il n'est pas inutile de réfléchir à l'organisation du code du Travail pour voir s'il répond à l'objectif qui lui est assigné envers la nation. Il faut faire évoluer ce code qui exclut aujourd'hui une partie de la population de l'emploi et qui ne permet pas aux entreprises d'être compétitives. Il faut inventer un droit du XXIe siècle, ne pas être figé sur des législations datant de 1944-1945. Il convient de prendre en compte les évolutions du monde du travail : on n'est plus aux temps de la machine à vapeur et du travail à la chaîne. On est aujourd'hui à l'époque des travaux intellectuels demandant une certaine mobilité, une certaine flexibilité. Il faut pouvoir associer protection sociale et travail. C'est l'objectif de François Fillon, et c'est plutôt une bonne nouvelle pour les actifs et les inactifs.

Préjugé 3 : La vision économique de Fillon, c'est tout le monde travaille plus, quand travailler plus aujourd'hui est aliénant

Jean-Charles Simon : De fait, les 35 heures ont rigidifié non seulement le temps mais aussi le coût horaire du travail. Avec le salaire minimum, les minima de branche et la majoration du temps supplémentaire, il y a une vraie pression sur la compétitivité de beaucoup d’entreprises. Les souplesses en matière de temps de travail ne suffisent pas. Il faut donc permettre aux entreprises qui peuvent en avoir un besoin vital de négocier sur une augmentation du temps de travail qui ne soit pas forcément compensée en matière de rémunération. Plus généralement, il s’agit là aussi de redonner de la souplesse au niveau de l’entreprise, le seul échelon pertinent pour la plupart des sujets. Dans la fonction publique, son programme me paraît aussi faire sens : revenir aux 39 heures pour pallier des baisses d’effectifs souvent inévitables, et restituer une partie des marges ainsi dégagées pour mieux rémunérer les personnels. Quant à ceux qui trouvent qu’on travaille trop, il faut leur rappeler que nous sommes en queue de peloton européen pour le temps de travail salarié à temps plein !

Philippe Crevel : Premièrement, travailler moins n'a pas permis de résorber le chômage – les 35 heures. Deuxièmement, je crois qu'il y a beaucoup plus de personnes qui aimeraient travailler plus que de personnes qui aimeraient travailler moins. On a aujourd'hui le double objectif de répondre à une volonté de la population de pouvoir accéder à du travail. Troisièmement, il y a la question de la compétitivité : il faut l'améliorer, créer des richesses, et cela se fait dans le travail. Quatrièmement, je crois que le travail est un lieu de socialisation important. Ce n'est pas en cassant le travail que l'on forme une communauté, une société. Il y a plein de raisons qui nous poussent aujourd'hui à considérer que l'on doit travailler davantage. Évidemment, il ne s'agit pas de travailler 50 heures ou plus toutes les semaines. Il faut travailler juste un peu plus afin de renouer avec la croissance qui échappe à la France depuis désormais de nombreuses années.

Préjugé 4 : Il va être mis sous la pression des partenaires sociaux et devra lutter sans fin avec ses adversaires

Jean-Charles Simon : C’est en effet un enjeu majeur. Et ce sera probablement l’étape de vérité du début d’un éventuel quinquennat Fillon. J’ai longuement détaillé, dans une note récente pour l’Institut de l’entreprise, le verrou que représente le système paritaire de négociation et de gestion dans notre pays. Saura-t-il l’aborder de front, par exemple remettre en cause la loi Larcher de 2007, alors que Gérard Larcher est l’un de ses principaux soutiens ? Il faut en effet redessiner une organisation sociale et redistribuer les rôles entre Etat, partenaires sociaux et mécanismes décentralisés. L’assurance-chômage, les retraites complémentaires Agirc-Arrco, la formation professionnelle, le 1% logement, la santé au travail ou les institutions de prévoyance devraient être partagés entre la part de solidarité qui doit être du ressort de l’Etat et le reste qui devrait revenir au marché et aux choix de l’entreprise et des salariés. Les responsabilités paritaires nationales et professionnelles seraient ramenées à un rôle de conseil et de conventions pouvant être choisis à défaut d’accord d’entreprise. Cette réorganisation, qui devrait s’accompagner de la fin des financements paritaires et publics des partenaires sociaux, est indispensable pour assainir notre système social. Elle serait également cohérente avec la consécration de l’entreprise comme le lieu fondamental du dialogue et de la négociation sociale. Ce serait aussi un formidable souffle de liberté et de concurrence pour tout notre tissu économique, notamment pour les plus petites entreprises.

Philippe Crevel : Il faut créer du consensus et trouver à un moment ou un autre des accords avec des partenaires sociaux. Il ne faut cependant pas quelqu'un qui soit dans la démission permanente comme cela fut le cas sous François Hollande où au moindre haussement de menton, on abandonne ses positions. Il ne faut pas confondre démocratie et dictature sociale. Il y a la démocratie politique, qui ne peut être soumise à une soi-disant démocratie sociale. Il faut que la volonté politique puisse s'affirmer. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas tenir compte des partenaires sociaux, et en la matière, je crois que François Fillon est plutôt favorable à la création d'un espace de dialogue social. Il souhaite que les partenaires sociaux puissent négocier au sein de leurs entreprises, qu'il y ait des accords d'entreprise pour organiser la vie sociale dans les champs qui leur reviennent. C'est une volonté d'autonomisation des champs sociaux à laquelle il peut contribuer.

Ensuite, il faut gagner en maturité : le nouveau gouvernement doit pouvoir dire : "je mets sur la table des réformes. Si vous vous y opposez, je propose un référendum ou je passe en force".

Préjugé 5 : Gérer la fiscalité des riches (TVA sociale) est une injustice sociale

Jean-Charles Simon : Il est compréhensible que la hausse de la TVA soit perçue comme une mesure injuste pour les ménages les plus modestes. Mais, outre que le taux réduit de TVA serait épargné (donc les produits de première nécessité), cette hausse de la TVA doit servir notamment à financer une baisse des prélèvements sur le travail, y compris des cotisations salariales. C’est donc du pouvoir d’achat et de l’emploi qui doivent bénéficier d’une hausse de TVA. Ce qui rend la lecture du dispositif très différente : il a d’abord vocation à bénéficier à ceux qui sont privés d’emploi ou dégagent des revenus d’activité faibles et/ou irréguliers. On peut d’ailleurs observer que le modèle d’une TVA élevée et de cotisations sociales réduites est par exemple celui du Danemark, où il est poussé à son paroxysme avec une certaine réussite en matière sociale. Il ne faut en revanche pas se leurrer sur une hausse de TVA qui favoriserait la production nationale au détriment des produits importés : la possibilité de substitution entre les deux catégories est très limitée dans notre mondialisation de plus en plus spécialisée.

Reste la suppression de l’ISF, une mesure politiquement difficile. Si elle me paraît indispensable et incontestable sur les valeurs mobilières, le reste pourrait à mon sens rester taxé sous une forme ou une autre. Dans les pays anglo-saxons, il existe ainsi des niveaux de taxe foncière souvent très élevés, proches du montant de l’ISF sur les biens immobiliers en France. Sans contre-indication économique.

Philippe Crevel : Ce que François Fillon propose, c'est d'alléger les charges sociales pour tout le monde en contrepartie du fait qu'il augmente de deux points la TVA. Donc d'un côté, une augmentation du salaire direct, de l'autre une augmentation de la TVA qui frappe tous les produits importés et nationaux. Il n'y a pas de perte totale pour les actifs français. On peut espérer qu'il y ait même un gain de pouvoir d'achat entraîné par cette TVA. Il y a d'un côté une augmentation des salaires. Une autre volonté de cette réforme, c'est d'augmenter la compétitivité des entreprises. Qui dit compétitivité, dit croissance, dit plus d'emploi, dit salaire. La TVA pourrait créer un petit choc économique permettant de l'emploi, ce que souhaitent les Français.

Préjugé 6 : En Europe, le projet de François Fillon menace l'équilibre économique et politique déjà fragile de l'Union européenne, et ne remet en rien en cause des structures normatives

Jean-Charles Simon : François Fillon paraît en effet prendre des libertés avec la trajectoire de la France en matière de déficit et de dette publique, en l’imputant en partie sur ce qui relèverait de déficits cachés du quinquennat Hollande et, pour le reste, du fait de la mise en œuvre de ses propres mesures en début de mandat. Si l’Union ne paraît pas vraiment en mesure d’imposer une discipline très rigoureuse, c’est un pari plus incertain vis-à-vis des marchés, et notamment des taux d’intérêt que nous aurons alors à supporter. Plus encore, je suis très dubitatif sur les perspectives de croissance qui sont retenues. Comme si revenir à une croissance de plus de 2% était à peu près acquis, une forme de retour à la normale. D’une manière générale, dans la primaire comme dans l’ensemble du débat public français, la thématique d’une croissance très faible sur le long terme, la fameuse "stagnation séculaire", est trop peu évoquée. Ce devrait être pourtant au cœur de la réflexion des responsables politiques.

Philippe Crevel : Nous sommes un acteur important de l'Union européenne, et avons tout à gagner que cet espace se renforce. C'est notre espace économique privilégié, le lieu où l'on exporte nos services et nos produits. On partage et on est coresponsables d'une monnaie. François Fillon est amené à être un cogestionnaire de l'Euro, il ne compte pas remettre en cause toutes ces choses. En revanche, il n'est pas un Européen béat, on l'a vu avec son positionnement sur Maastricht. Tout le monde sait que l'Union européenne a besoin de se refonder, qu'il y a besoin de créer un gouvernement économique, qu'il y a besoin de faire une Europe plus interventionniste économiquement : cela, François Fillon, l'a toujours défendu, il était avec celui Philippe Séguin celui qui allait le plus loin dans l'idée d'un gouvernement économique. Il est donc le candidat le plus à même, du fait de cet état d'esprit, à faire évoluer l'Europe. Il sait qu'il lui faut avancer s'il ne veut pas voir l'euro péricliter. Il n'est ni soumis au diktat européen, ni anti-européen, il porte une voix moyenne utile pour la France.

Roland HureauxQue voilà de bien grands mots ! D'abord, ce n'est pas lui qui fera seul l'Europe de demain. Il aura  des partenaires. De quel poids il pèsera en Europe me parait une question plus importante. Plus, espère-t-on que Hollande qui s'est transformé sur la scène européenne en zombie pitoyable.

Une Europe libérale et inégalitaire ? Mais que croyez vous qu'elle soit  d'autre aujourd'hui. Une monnaie surévaluée (puisque l'euro a été géré dans les seuls intérêts de l'Allemagne) et des frontières ouvertes, c'est la désindustrialisation, la crise agricole et un volant important de chômage, avec ou sans libéralisme. Et qui dit chômage dit salaire tirés vers le bas et  donc inégalités.

Beaucoup, notamment du côté du patronat préconisent un peu plus d'inégalité encore en tirant vers le bas salaires et revenus sociaux pour redevenir compétitifs. Je crains que les conseillers actuels de François Fillon aient orienté son programme dans ce sens. Mais c'est un problème plus français qu'européen.

Il n'est pas sûr que cette politique, dite "politique de l'offre" débouche sur quelque chose. Mais François Fillon, qui est un homme intelligent, a le temps de s'en apercevoir d'abord pendant la campagne électorale car les Français le lui diront et ensuite car il devra s 'adapter à la réalité d'une population qui  souffre terriblement et qui ne se contentera pas de promesses à effet différé.

S'agissant du positionnent Est-Ouest, nous sortons d'un cauchemar idéologue : une politique lancée par Sarkozy et Juppé, poursuivie par Hollande et Sarkozy, alignés  sans le moindre recul sur les plus fous des Américains, les idéologues néoconservateurs qu'incarne  Hillary Clinton et qui nous a conduits à armer et entraîner les djihadistes de Syrie, les  mêmes qui posent des bombes en France.  Cela pour renverser le gouvernement du président Assad tenu à partir d'une vision véritablement fantasmatique  pour le pire régime de la terre, alors que lui  et les Russes combattent les djihadistes ! Lors du débat, Juppé, droit dans ses bottes, n'avait pas bronché d'un iota  sur cette position absurde  alors que Poutine, Erdogan et Trump sont déjà d'accord pour reprendre l'attache d'Assad.

Sur ce sujet et sur d'autres, il convient défendre le dialogue avec la Russie, comme Trump va l'entreprendre et s'associer à cette volonté de dialogue avec un pays qui a  toujours  été un partenaire majeur de la France. Cela, ce n'est pas s'inféoder, c'est ce que le général de Gaulle appelait l'indépendance nationale. Elle commence dans la tête. 

Préjugé 7 : François Fillon se trompe au niveau sociétal, parce que s'il y a pratique social, il faut nécessairement légiférer

Roland HureauxLes positions de François Fillon ne devraient pas  effrayer  les partisans de changements sociétaux. Il ne compte remettre en cause rien d'essentiel : ni les lois sur l'avortement, ni la loi Taubira sur le mariage pour tous. Il compte seulement réécrire cette dernière. Cela seul suffit à susciter une inquiétude. Si cette réécriture consiste seulement à interdire la gestation pour autrui ou la procréation assistée pourcouple homosexuel, il a tout à fait  raison : ce n'est pas dans la loi mais c'est dans la logique de la loi. Il n'était d'ailleurs pas le seul parmi les candidats à la primaire à refuser cela.

Il est vrai que François Fillon a reçu le suffrage d'un public bien-pensant représenté par Sens commun. Mais davantage sur son style que sur ses engagements sociétaux.

Faut-il légiférer pour encadrer toute pratique sociale ? Cela dépend si elle a des conséquences sociales ou pas. Si des joueurs de cartes se retrouvent tous les jours au bistrot depuis trente ans, faut-il une loi pour encadrer ce genre de pratique ? Evidemment non.

Dès lors que le mariage ne donne pas lieu à parentalité, on peut en effet se demander ce qu'il reste à encadrer, sinon une certaine forme de solidarité dès lors  qu'elle peut parfois se substituer à celle de la société.

On n'a pas assez souligné que les positions proches de celles de la  gauche en matière de mariage homosexuel n'ont pas porté bonheur aux candidats  de la primaire : Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno  Le Maire qui avaient cru faire les  malins en s'abstenant sur la loi Taubira se sont retrouvés à 2,5 % chacun. Non qu'on le leur ait reproché explicitement, mais cela a brouillé leur image. NKM aurait même fait beaucoup moins encore si elle n'avait recueilli des voix de gauche. C'est une leçon que François Fillon devrait retenir. Même si ses ambitions en matière sociétale sont limitées, il ne doit pas caler dessus  car le soupçon d'être  un catho conservateur, il en pâtit déjà. Rien ne servirait de donner des gages : ils ne seront pas pris en compte et il perdrait par contre ses soutiens. 

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