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Le féminisme, sacrifié sur l’autel des promesses électoralistes
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A quelques mois de la présidentielle, le vote des femmes devient crucial pour les candidats. Mais certaines associations féministes ne dévoient-elles pas la cause à coup d'opérations contre-productives ?

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

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Nous sommes à trois mois des élections présidentielles et législatives. Nous sommes dans une période à haute intensité politique et médiatique. Pour la cause des femmes : le combat pour la parité et l’égalité professionnelle, c’est un moment phare pour sensibiliser l’opinion publique et la classe politique. Plus que jamais, il est indispensable de bâtir des argumentaires solides et des propositions concrètes,afin de donner à l’engagement féministe l’envergure et la résonance qu’il mérite.

La crise sociale que traverse notre pays est une crise identitaire forte qui peut être le terreau fertile d’une société plus juste et plus équitable. Il nous faut bâtir un nouveau pacte social. Ce pacte social, les associations, citoyennes et citoyens engagés, nous pouvons le bâtir.

Depuis quelques semaines, je suis indignée devant les enchères auxquelles se livrent certaines associations féministes. Rappelons que les femmes et le féminisme n'appartiennent à aucune famille politique. Il est intolérable de voir partir en mission "séduction" des associations ultra-médiatisées pour faire du rabattage électoral afin de récupérer le vote des femmes dans l'espoir d'obtenir de l'avancement au sein du parti. Cette tribune est l'occasion d'une mise au point et d'une prise de distance avec un féminisme partisan et intéressé.

Je considère que le temps des happenings et des actions « coups de poids » contribuent, à chaque fois plus, àcaricaturer la cause que nous défendons… Comment expliquer qu’une association - Osez le féminisme - lance une campagne sur le clitoris ou la suppression du « Mademoiselle » à quelques mois d’une élection présidentielle ?  Comment expliquer que la Laboratoire de l’égalité, qui dénonce les stéréotypes sexistes, lance une campagne pleine de stéréotypes sexistes ?  Ce type de message constitue la meilleure façon de décrédibiliser et caricaturer la cause féministe que nous défendons et de relayer notre action au rang de gadget.

Les discours puritains de ces mouvements contribuent à creuser le clivage entre les hommes et les femmes et à crisper ces relations. A défauts de réduire les comportements machistes, elles contribuent à augmenter les stéréotypes liés au genre féminin (fragilité, incapacité à s’imposer, vulnérabilité …) et les phénomènes de discriminations dont sont victimes les femmes dans le milieu professionnel.

Le féminisme du XXIème siècle doit s’affirmer autour de l’idée que la parité n’est pas un combat contre les hommes, mais un combat avec ces derniers. Il nous faut rassembler autour de cet engagement en l’ouvrant à l’ensemble de la société, en premier lieu aux hommes, et à l’ensemble des femmes jeunes etmoinsjeunes qui ont déserté cette cause. 

En 2007, Nicolas Sarkozy a rallié la majorité du vote des femmes. Cette évolution du vote des femmes et de l'électorat populaire a signé un amer constat politique : la gauche a perdu une partie de son électorat féminin, même au sein des couches populaires. Dès lors le vote féminin est devenu stratégique pour la gauche. Mais à quel prix ? Celui des convictions ?



De nombreux dirigeants politiques se sont livrés à des opérations séductions - au nom de l’égalité - auprès des réseaux féministes. Ces opérations ont été facilitées par certains « soldats féministes » plus motivées par l'appât du gain que par les convictions. En effet, la promesse d'obtenir des strapontins dans les conseils municipaux, une investiture ou un poste de chargée de mission dans certaines agences a suffit pour les convaincre. Je dénonce le manque de convictions de ces leaders féministes qui n’ont qu’un objectif, servir leurs intérêts personnels et non celui pour lequel elles sont mandatées : servir les femmes. Ces leaders associatives, encartées et apparatchiks, n’hésitent pas à utiliser le féminisme comme faire-valoir afin de servir leur carrière.

Ce n’est pas en insérant des clauses ou des alinéas dans les textes de loi ou les programmes politiques de candidats à des élections nationales, que la justice progressera. Ce n’est pas non plus en faisant le « buzz » tous les trois mois que la cause des femmes avancera. La victimisation et les clichés ne sont pas non plus les bonnes recettes pour faire évoluer la cause des femmes.

Le féminisme est un projet républicain, l’égalité homme-femmes est inscrit dans notre Constitution. En 2012, ne gâchons pas notre chance sur l’autel du« coup médiatique » et des logiques partisanes. Être féministe en 2012, c’est être responsable et pragmatique pour construire une société du « un mieux vivre ensemble. ».

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